The Good Business
La Monnaie de Paris se fait complice du chef étoilé Guy Savoy pour concocter une pièce aussi gourmande que précieuse.
Dernièrement, le musée de la Monnaie de Paris s’est réincarné en « 11 Conti » après six ans de travaux. Un vent nouveau, bienvenu, souffle sur l’institution millénaire, mais la magie et le savoir-faire de ses ateliers, eux, sont restés intacts. A son habitude, et comme chaque année, l’ancienne manufacture royale de frappe de monnaie a associé son savoir-faire d’excellence à l’une des 70 maisons de luxe françaises. Le but ? Concevoir une collection unique dont la particularité est de croiser des talents exceptionnels.
On a ainsi vu passer des complicités célèbres avec Baccarat ou Van Cleef & Arpels. Voici celle, surprenante et amusante, avec la maison du chef multiétoilé Guy Savoy, invité à imprimer son patrimoine culinaire dans un kilo d’or pur ! Rien de moins… Il s’agit d’une alliance créative de grande proximité.
En effet, au cœur du bâtiment historique de la Monnaie de Paris aujourd’hui repensé, le restaurant de Guy Savoy occupe un étage ! La discipline du maître cuisinier associée à celle du maître graveur de la Monnaie de Paris, Joaquin Jimenez, ne pouvait évidemment que muer en histoire gustative et culturelle, voire en plaisir doré sur tranche.
Un œuf qui vaut de l’or pour Guy Savoy
Guy Savoy est l’un des rares chefs à s’intéresser de près aux particularités de l’œuf – vous avez bien lu. Et il l’accommode toujours, en tant qu’ingrédient ou plat, de manière inédite. Pour ce projet en association avec le 11 Conti, il l’installe en majesté – cuisiné sur le plat s’il vous plaît – au centre du décor de cette pièce extraordinaire d’un kilo d’or pur. Ors rose, jaune et blanc traduisent en beauté la sublime simplicité de l’aliment le plus connu du monde et dont la richesse gastronomique se révèle dès lors que Guy Savoy se penche dessus.
Celui-ci a pensé « œuf à la truffe noire », fidèlement transposé par le maître graveur de la Monnaie de Paris, qui en a néanmoins proposé le contenant : une forme de caquelon en or rose galbé qui évoque irrésistiblement la cassolette en cuivre dans laquelle vient se jeter l’œuf.
Esquisses exquises, subtils jeux de lumière, sertissages et assemblages ont permis le ciselage de détails affinés jusqu’à imiter la réalité culinaire à la perfection. Il faut avoir tenu au creux de la main cette pièce en forme de caquelon pour y observer, minuscule, la fameuse truffe représentée par une feuille d’argent parfaitement veinée.
On retourne ensuite l’objet pour découvrir un poème graphique, élégant et touchant : l’empreinte de la main droite de Guy Savoy, symbole de l’artisanat en tant qu’art du geste, seule garantie d’un résultat proche du merveilleux en haute cuisine. Ou en gravure, puisque au creux de sa paume figure en filigrane un second tatouage, délicat et quasi invisible : celui de la main du graveur de la Monnaie de Paris qui se dissimule sous un assortiment ciselé d’artichaut, de saint-pierre, de citron et d’huître. Rien que des plats de la carte de Guy Savoy…
Ce trésor niche dans un écrin en fibre de carbone – ce qui est loin d’être un hasard, car cette matière est très présente dans les arts de la table du restaurant. Une cloche en porcelaine noire percée d’une cheminée protège la précieuse pièce du regard, frappée seulement à 11 exemplaires (1 kilo d’or à 130 000 €, mais il existe d’autres versions, dont celle à valeur monétaire de 10 € en argent pur à 78 € pièce).
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