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Investir malin dans le vin ? C'est le propos de notre expert qui dévoile dix références de grands vins qui demeurent à portée de bourse... tout en risquant de bientôt s'envoler.
Si la spéculation s’empare petit à petit du monde du vin, il est encore possible de s’offrir des grands vins d’émotion à rebours de toute standardisation, sans contracter de prêt à la conso. Voici nos dix coups de cœur, encore abordables mais (malheureusement) plus pour longtemps.
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10 grands vins dont la cote va bientôt flamber…
1. Gour de Chaulé : Numéro 8 (43€)
Domaine de dix hectares dispersés sur 23 parcelles au sein de l’appellation Gigondas, Gour de Chaulé est l’étoile montante du sud rhodanien. Paul Fumoso, qui a repris le domaine familial en 2018, y élabore des vins dentelle, où la finesse et l’élégance priment sur l’extraction et le boisé. La cuvée Numéro 8, issue de pieds de grenache centenaires, n’est pas sans rappeler la palette aromatique des vins d’Emmanuel Reynaud (propriétaire du mythique Château Rayas), à propos desquels Paul ne tarit pas d’éloges.
2. Terra Vita Vinum : Les Grandes Rogeries 2020 (65€)
A l’aveugle, on y décèle l’attaque lumineuse d’un pétard éclatant en bouche, l’énergie et la finale ciselée des plus grands vins de Loire, à commencer par ceux du légendaire Richard Leroy dont le prix des bouteilles tutoie désormais les sommets. Encore abordable, cette cuvée issue de vieux chenins plantés sur pierres volcaniques épousera remarquablement une volaille aux morilles, une cassolette de praires au coteaux-du-layon ou un turbot à la braise. A moins de l’oublier en cave une dizaine d’années afin de lui laisser le temps de révéler tout son potentiel.
3. Julien Castell : Rosé For my dad 2020 (32€)
Dans un paysage viticole bandolais plus habitué aux rouges charpentés qu’aux jus fluides, Julien Castell fait figure de frondeur. Au cœur de son « vignoble comestible » où vignes, plants de tomates (une centaine de variétés tout de même !) et herbes aromatiques cohabitent, il privilégie le travail manuel au mécanique, les infusions de plantes aux produits phytosanitaires et défend dur comme fer les bienfaits d’un écosystème végétal sur la santé de la vigne. Le résultat ? Un vin racé, issu de mourvèdre, cinsault et grenache aux délicates notes oxydatives et à la longueur en bouche époustouflante. Une révélation pour ceux ayant encore la dent dure envers le rosé.
4. Nicolas Carmarans : Maximus 2021 (18€)
Depuis ses quelques hectares de vignes plantées à 450m d’altitude, Nicolas Carmarans – ancien bistrotier parisien devenu référence du vin aveyronnais – produit ce bijou de gourmandise 100% Fer Servadou (cépage autochtone). Un jus rubis à 11,5°, bouquet de fruits rouges gentiment bestial tirant sur une finale mentholée d’une grande fraîcheur, que l’on accompagnera d’un jambon de porc noir gascon ou d’une bourride de lotte.
5. Imanol Garay : Ixilune 2020 (35€)
Un vin envoûtant produit par un vigneron passionnant : Imanol Garay, ancien ingénieur en chimie industrielle, un temps commercial dans la tonnellerie, finalement converti au vin naturel. Rare mais encore accessible, la cuvée Ixilune (cépages petit courbu et petit manseng) se révèle ample, sensuelle et vibrante de notes oxydatives qui se développeront avec les années. Un fabuleux flacon qui traversera le repas en évoluant de l’entrée au dessert, avec l’intensité et la vivacité des plus beaux jus sudistes.
6. Jean-François Nicq : La Soif du Mal 2021 (23€)
Après avoir fait rayonner la cave coopérative d’Estezargues, Jean-François Nicq reprend un domaine dans les Pyrénées-Orientales début des années 2000 pour produire des jus au plus proches du raisin. En découle cette cuvée souple aux effluves florales, issue d’un duo caressant de grenache et syrah, que l’on préfèrera en magnum, surtout si l’autre ne boit pas.
7. Hervé Grenier : Aubépine (30€)
Un domaine confidentiel (six hectares) lové au cœur de l’AOC Montlouis-sur-Loire et repris en 2014 par Hervé Grenier, ancien météorologue descendu de ses nuages pour travailler la terre le plus naturellement possible. Un vin d’esthète à la robe étincelante, issu de vignes de chenin a minima cinquantenaires, où se mêlent des arômes de fruits confits légèrement patinés par l’élevage. Une petite production pour un grand vin de garde.
8. Maxime Magnon : Rozeta 2021 (26,90€)
Formé par les pontes du vin naturel (notamment Thierry Allemand et Philippe Valette), Maxime Magnon exploite depuis une vingtaine d’années son domaine planqué dans la Vallée du Paradis, où il n’est pas rare d’y voir brouter quelques brebis et vaches jersiaises l’hiver. Un maximum de travail manuel dans les vignes et un minimum d’intrants pour ce vin juteux, digeste et éclatant de pureté, fruit d’un assemblage de carignan, grenache et cinsault dont la finesse rappelle l’esthétique des grands bourguignons.
9. DoReMi : Mtsvane 2021 (22€)
Un vin de macération du cépage géorgien Mtsvane qui rabibochera apôtres et détracteurs du vin orange. Robe ambrée, nez expressif sur les fruits jaunes confits, explosion aromatique en bouche et finale salivante pour cette cuvée élevée en qvevri (amphore géorgienne), efficace sur à peu près tous les animaux comestibles. Un vin magnifique aujourd’hui, et sûrement magistral en 2028.
10. Jean-Michel Stéphan : Le Grand Blanc 2022 (24€)
On connaît la Maison Stéphan pour le soyeux de ses rouges (notamment ses Côte-Rotie)… Moins pour son unique blanc. Des vignes de roussanne, marsanne et viognier plantées en 2018, produisant une cuvée généreuse et texturée comme un Condrieu, aux notes de fleurs blanches, qui enveloppera parfaitement une anguille grillée ou un Saint-Marcellin fermier. Un grand vin.
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