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Gaya, le vélo électrique français qui résiste à la crise

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Dans un marché du vélo électrique en pleine recomposition, Gaya se distingue par son parcours singulier. Fondée en 2021, cette jeune marque parisienne s’est imposée comme l’un des nouveaux visages de la mobilité urbaine grâce à son agilité industrielle, son identité affirmée et un design centré sur l’usage. Nous nous sommes entretenus avec Amélie Guicheney, cofondatrice et PDG, pour comprendre pourquoi Gaya continue d’accélérer là où tant d’autres freinent.

Angell, Kiffy, Reine Bike, Larrun, Fuell… La liste des marques françaises ayant mis la clé sous la porte ces derniers mois ressemble à un inventaire à la Prévert. Après l’euphorie post-Covid, qui a vu éclore une myriade d’acteurs, le marché du vélo électrique roule désormais au ralenti. En 2024, les ventes de vélos neufs ont chuté de 12 %, celles des VAE de 16 %, pour un total de 565 000 unités – bien loin du million rêvé par les investisseurs en 2021. Mais, alors que nombre de jeunes entreprises ont dû rentrer au garage, Gaya, jeune marque parisienne, a choisi de tracer sa route à contre-courant dans l’univers du vélo cargo électrique.


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L’agilité plutôt que la course au volume

Créée en 2022, au moment où l’euphorie du vélo électrique commençait à s’essouffler, Gaya a d’emblée misé sur la prudence. Car, après l’explosion de la demande entre 2019 et 2021, la plupart des acteurs du secteur avait surcommandé cadres, moteurs et batteries pour répondre à la vague des primo-accédants. Mais, avec les usines asiatiques tournant au ralenti sous l’effet des confinements, le secteur s’était d’abord retrouvé confronté à une pénurie de composants…

La reprise de la production a coïncidé avec un net ralentissement de la demande. Inflation, essor du reconditionné, appétence pour la seconde main… Le marché s’est retrouvé saturé, laissant de nombreuses jeunes entreprises avec des stocks pléthoriques et une visibilité financière soudainement brouillée. Là où beaucoup de concurrents se sont retrouvés piégés, Gaya a privilégié, dès ses débuts, une production en petits lots, ajustée à la demande réelle. Une stratégie qui a permis d’éviter l’écueil des invendus, de préserver la trésorerie, tout en maintenant une croissance régulière : en trois ans, plus de 7 000 vélos ont été vendus, pour un chiffre d’affaires cumulé de 12 millions d’euros — et une croissance de 60 % en 2024 recensée dans sur son atelier-boutique parisien, au bord du canal Saint-Martin.

« Cela peut paraître évident, mais la gestion des stocks est cruciale pour ne pas plomber la trésorerie et assurer une croissance durable, surtout quand on se lance dans un secteur ultra-concurrentiel. Malgré ce ralentissement sectoriel, nous restons optimistes. Le marché des vélos électriques est encore jeune et il a connu une trajectoire similaire à d’autres secteurs. Un énorme boom qui a déformé la bulle de la demande, puis cette dernière a éclaté avant de revenir à la normale. C’est pour cela que, chez Gaya, nous ne parlons pas forcément de crise du vélo, mais plutôt d’une recomposition de ses forces vives », précise Amélie Guicheney.

Amélie Guicheney, CEO et cofondatrice et CEO de Gaya.
Amélie Guicheney, CEO et cofondatrice et CEO de Gaya. © Corentin Fohlen/ GAYA BIKE

Le vélo cargo, incarnation d’un nouveau lifestyle urbain

Dans la nouvelle jungle de la mobilité citadine, Gaya ne se contente pas d’être une marque de plus. Elle s’impose comme un trait d’union entre style de vie et mobilité. Son terrain de jeu ? La famille urbaine, cette tribu moderne qui rêve de fluidité et d’élégance dans ses déplacements quotidiens. Ici, le vélo cargo n’est plus réservé aux initiés : il s’invite dans la vie de couple, accompagne les enfants à l’école ou devient le complice d’excursions improvisées le week-end.

Un positionnement clair, mais aussi authentique. La marque met en scène de vraies familles, encourage ses équipes à adopter ses modèles et valorise le savoir-faire français avec des vélos conçus à Paris et assemblés en Vendée. Une sincérité qui se retrouve dans la philosophie des produits. Chaque modèle est le fruit d’une itération constante avec la communauté d’utilisateurs. Par exemple, les retours clients ont permis d’ajouter une poignée sur les batteries amovibles pour en faciliter le transport.

Dévoilée en avril dernier, la nouvelle gamme « L’Incroyable » incarne à la perfection cette approche : démocratiser la mobilité douce sans jamais sacrifier le style, l’innovation et le confort. Compacts et modulables, ces vélos cargos se distinguent par leur double suspension, leur connectivité avancée (application mobile, alarme, géolocalisation), leur cadre unisexe et leur maniabilité exemplaire.

L’esprit tribu, l’ADN du vélo Gaya

Chez Gaya, l’expérience débute bien avant l’achat et perdure bien après. Elle s’incarne dans la possibilité de réserver un essai personnalisé, que ce soit à l’atelier parisien ou chez l’un des nombreux revendeurs et ambassadeurs partenaires partout en France. Lors de ce rendez-vous, des spécialistes prodiguent des conseils sur mesure afin d’adapter le vélo à la configuration de chaque famille.

Pour fidéliser ses utilisateurs, Gaya mise également sur la technologie. Son application dédiée permet de localiser son vélo en temps réel, de le verrouiller à distance, d’activer une alarme ou encore de recevoir des notifications de maintenance.

Structuré et réactif, le service après-vente est, lui aussi, des plus modernes. Il est notamment possible de reconditionner un ancien modèle afin de lui redonner une seconde vie tout en finançant le prochain. Tous ces aspects concourent à créer un véritable esprit de tribu autour de la marque.

« L’Incroyable » est un vélo adapté à la ville et aux nouveaux modes de vie.
« L’Incroyable » est un vélo adapté à la ville et aux nouveaux modes de vie.

Un secteur dépendant de coups de pédale publics

Si Gaya continue de tirer son épingle du jeu, la filière française du vélo reste fragile. Pour la simple et bonne raison que l’accès au vélo électrique, et en particulier au vélo cargo, a longtemps reposé sur un solide soutien public. Jusqu’en février 2025, près de 60 % des acheteurs de vélos cargos bénéficiaient d’aides nationales ou locales, rendant ces modèles innovants accessibles à un large public. Bonus écologique, prime à la conversion, subventions régionales, Forfait Mobilités Durables dans certaines entreprises… autant de dispositifs qui ont permis au marché de décoller.

Ce soutien s’est pourtant interrompu brutalement avec l’abandon du Plan Vélo dans le budget 2025. En un décret, l’État a mis fin à toutes les aides nationales à l’achat, mais aussi aux financements dédiés aux infrastructures cyclables, conclut pour nous Amélie Guicheney. « Le Plan Vélo ne se limitait pas à soutenir les consommateurs, il visait aussi à transformer nos villes en finançant pistes, parkings, équipements et signalisation adaptée. L’exemple de Strasbourg illustre à quel point l’investissement public peut changer la donne. Dans la ville alsacienne, où la politique cyclable est une priorité, 12 % des trajets se font à vélo, contre seulement 4 % en moyenne nationale. Plus les infrastructures sont modernes et sécurisées, plus les citadins utilisent leur vélo. Surtout, il ne faut pas oublier que la mobilité douce est un enjeu pluriel : écologique, bien sûr, mais aussi économique et de santé publique. Elle façonne des villes plus respirables, favorise l’activité physique et dynamise tout un écosystème industriel et commercial. »


Site internet de Gaya


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