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The Good Guide
Bientôt trois ans que le couple de trentenaires formé par Teddy Bidaux et Cindy Ducros a ouvert les portes de Garenne, hôtel charmantissime doublé d’un restaurant gastronomique de haut vol, posés en pleine nature, au confluent de la Drôme et du Rhône.
Depuis la gare de Valence, le trajet en voiture jusqu’à Garenne est prometteur : à chaque kilomètre parcouru (une vingtaine en tout), son lot de vignobles et de champs de lavande à perte de vue. Plus touchant encore est le spectacle offert par la lumière des derniers rayons du soleil et la voix de Teddy Bidaux, co-fondateur de l’hôtel-restaurant gastronomique, chef et chauffeur à ses heures perdues : « Garenne a été pensé comme une table d’hôtes, un lieu familial avec une âme », tient-il à préciser d’emblée.
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Garenne ou l’art du luxe discret
Avec Cindy Ducros, son épouse et associée, il partage le souci de faire rimer luxe et décontraction. De cette aspiration commune est né Garenne, au cœur de la Drôme provençale. « S’installer par ici, c’était la suite logique pour nous qui sommes du coin », confie Teddy Bidaux avant de revenir sur la genèse de leur projet : « Historiquement, la bâtisse qui abrite aujourd’hui le restaurant et l’hôtel était la maison d’un comte. Ensuite, elle a été réaménagée en magnanerie (lieu anciennement destiné à l’élevage des vers à soie, ndlr), puis en ferme potagère avant de servir de logement pour les cueilleurs… jusqu’au jour où les arbres fruitiers ont commencé à tomber malades. Petit à petit, la bâtisse a été laissée à l’abandon ». Et de conclure, ému : « Mais même en ruine, elle était belle ».
Plus tard, les vestiges de ce qui fut autrefois un abondant verger ont laissé place à un vaste domaine viticole (quatre hectares de pinot-chardonnay cultivés en biodynamie) ceinturant la maison, elle-même entièrement repensée. Après trois ans de travaux, l’intérieur poussiéreux et les murs délabrés ont laissé place à une époustouflante salle à manger vitrée et une dizaine de chambres décorées avec goût par Cindy dans un style minimaliste, aussi élégant que rustique. Dominent ici les couleurs organiques (de l’écru au brun, en passant par le terra cotta) et les matières naturelles (bois, cannage, lin, rotin ou encore osier), toutes savamment associées pour construire l’atmosphère douillette et le luxe discret qui caractérisent le lieu.
Un quatuor de choc
Le sens de l’hospitalité, Cindy et Teddy l’ont dans le sang. Avec leur jeune fils Roméo et leur adorable cocker Uno, ils accueillent les clients chez Garenne comme ils les recevraient chez eux. Et pour cause : le pied-à-terre qu’ils s’étaient aménagé juste au-dessus des cuisines du restaurant pour faciliter le lancement du projet est devenu leur résidence principale – « mais on ne devrait pas tarder à rejoindre la maison que l’on a fait construire ! », précise Cindy, non sans une pointe d’impatience à l’idée de séparer bientôt plus clairement ses vies professionnelle et personnelle.
Contrairement à son mari, elle n’est pas issue du domaine de l’hôtellerie-restauration mais se dit habitée par « l’art de recevoir et l’envie de faire briller les yeux ». Ni son sourire radieux, ni sa facilité à enchaîner les sujets de conversation avec sa clientèle pendant le service du petit-déjeuner, ni même son grand sens de la décoration d’intérieur (elle n’a pas souhaité faire appel à un architecte pour concevoir son établissement haut de gamme) ne diront le contraire.
Teddy, quant à lui, connaît le milieu de la gastronomie comme sa poche pour l’avoir pénétré bien avant sa majorité. « J’avais quinze ans quand j’ai commencé. Et à peine plus quand j’ai quitté la Drôme pour Paris où j’ai été commis pendant deux ans à l’hôtel Mama Shelter de la rue de Bagnolet. J’y ai notamment lancé la pizzeria attenante avec le chef Yann Tanneau », raconte-t-il avant de renchérir : « Yann, c’est devenu mon ami, mon mentor, mon père spirituel même ! ». C’est avec lui et la toque doublement étoilée Christophe Aribert que Teddy a orchestré le tout premier restaurant de l’Opéra de Paris… avant de retourner en terre natale pour se lancer en tandem (disons plutôt en quatuor !) dans l’aventure Garenne.
Une table gastronomique sur les hauteurs livronnaises
Aux manettes de la partie restauration, le trentenaire excelle tout particulièrement dans l’art de l’assaisonnement. Ses jus et ses sauces, déjà adoubés par le Guide Michelin, « interpellent effectivement les papilles ». Comme dans cette remarquable entrée autour du champignon sous toutes ses formes (en crémeux, cru, déshydraté…), accompagnée d’un cappuccino aux morilles lié à la pâte de curry torréfiée ; ou ce bar de ligne enveloppé d’une addictive émulsion d’os – une fulgurance – et recouvert de moelle de veau et de caviar ; ou encore ce pigeon maturé, laqué au jus des coffres, enrobé de cacao 100 % et accompagné d’échalotes confites (de vrais bonbons !), d’un caviar d’ail noir et d’une poignée de feuilles de chêne au vinaigre de vin… Autant d’assiettes révélant le niveau de l’homme et de son chef adjoint et pâtissier Anthony Rafaitin, 27 ans, à qui l’on doit notamment ce remarquable dessert : tarte au chocolat, huile d’olive, oseille, citron vieilli et sel fumé.
De la trempe des grands chefs, ils signent ensemble d’épatants menus en trois, cinq et six séquences (de 58 à 110 €) et une carte proposée uniquement au déjeuner, lequel se fait, comme le petit-déjeuner et le dîner, depuis la salle à manger cernée d’immenses portes vitrées. De quoi se délecter de l’horizon autant que des assiettes et des verres – l’accord mets et boissons élaboré par le chef sommelier Baptiste Gauthier réserve son lot de surprises, dont un singulier cocktail signature mêlant champagne, gin, vinaigre de gingembre, sirop de verveine et poivre du Timut. Trois grands spectacles pour le prix d’un.
Garenne, hôtel et restaurant
710 Rue Van Gogh, 26250 Livron-sur-Drôme
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