The Good Business
Après deux décennies de carrière dans l'industrie pharmaceutique, ce chevalier de l'ordre national du Mérite, médecin‑chef des armées de réserve et cavalier émérite, est aujourd'hui à la tête de NetScientific, une société d'investissement dans les technologies médicales disruptives basée à Londres. The Good Life l'a rencontré au sommet du Gherkin.
Né à Dijon, François Martelet, est un cinquantenaire fringant qui avoue avoir toujours voulu devenir médecin. « Un peu contre la volonté de ma famille, mais j’avais le syndrome de l’enfant qui fait des piqûres à son nounours », explique-t-il. Toutefois, il comprend très vite que la médecine praticienne ne lui correspond pas. Retour sur les bancs de la fac pour des études de commerce et de droit médical, avant d’opter pour une carrière dans l’industrie pharmaceutique. « J’ai toujours pensé qu’il était indispensable de commencer à l’international. » Départ, donc, pour la Suisse, puis la Suède, l’Angleterre, la Belgique… En tout, il travaille dans sept pays, à des postes commerciaux puis exécutifs, trouvant aussi le temps de se former à l’Institut européen d’administration des affaires (Insead) et à Harvard. « Je suis très curieux et j’ai besoin d’apprendre. C’est le concept japonais de kaizen, du perfectionnement continu. Il faut aller jusqu’au bout des choses, mais aussi reconnaître ses faiblesses pour avancer. »
En 2001, direction les États-Unis…
« Là, ç’a été le déclic. Je me suis tout de suite senti extrêmement bien dans la culture anglo-saxonne. Le monde professionnel y est simple, direct, sans arrogance. Beaucoup moins émotionnel qu’en France. » Au sein du groupe Novartis, où il obtient le poste de senior vice-président de région, il effectue les lancements mondiaux de produits oncologiques. Les succès commerciaux s’enchaînent rapidement. « C’était incroyable. Il faut dire que j’avais d’excellents produits et d’excellentes équipes », confie-t-il humblement. Retour ensuite en Europe, où il décide de quitter le confort des grands groupes pour assurer la direction de plusieurs biotechs dont il accompagne le développement.
… puis le retour en Europe
En 2015, il prend les rênes de NetScientific, une société cotée sur le marché alternatif de Londres (AIM) et créée par le tsar de la santé britannique, le vénérable Richard Sykes, ancien patron de GlaxoSmithKline. François Martelet dit avoir été tout de suite attiré par l’entreprise. « Elle est à l’opposé de la biotech, où il faut généralement développer avec une ou deux applications. NetScientific a un portefeuille de sociétés avec des technologies disruptives dans l’univers du diagnostic, de la thérapeutique et de la santé numérique pour le traitement des maladies chroniques, comme le cancer ou les maladies cardiovasculaires, qui promet de changer le paradigme de la santé. »
La vision de dirigeant de François Martelet ?
« Devenir l’un des plus grands acteurs du secteur », puis d’ajouter qu’il veut « créer un environnement dans lequel les collaborateurs peuvent performer au maximum ». Vœu fort louable pour un homme qui, en dehors du travail, est réserviste opérationnel du service de santé des armées : « Des gens désintéressés qui donnent beaucoup d’eux-mêmes et accomplissent de grandes choses. Et puis, c’était une façon de redonner à mon pays ce que je lui devais. » Il est d’ailleurs aussi vice-président international et vice-président France de la Confédération interalliée des officiers médicaux de réserve (CIOMR). Miraculeusement, il trouve aussi le temps d’assouvir sa passion pour l’équitation. Même si sa vie est aujourd’hui à Londres, il monte son cheval en Seine-et-Marne un week-end sur deux, pratique le yoga et la méditation…
Une bête qu’il aimerait conquérir
Si François Martelet aime dompter les chevaux, il y a une autre bête qu’il aimerait conquérir : le crabe. Le cancer – « une maladie qui touche tout le monde » – a emporté son père en trois mois seulement alors que François Martelet n’avait que 7 ans. Un combat qu’il mène désormais depuis son bureau haut perché de la tour du 30 St Mary’s Axe : le fameux Gherkin (le Cornichon) qui trône fièrement en plein cœur de la City. Ce que le patron de NetScientific apprécie chez les Anglo-Saxons, c’est « leur capacité à résister, leur patriotisme, leur côté fier et déterminé, indépendant ». Puis il ajoute, avec un sourire admiratif : « Ils s’en sortent toujours. »
A LIRE AUSSI : Bertin Nahum, l’inventeur français du robot neurochirurgical