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The Good Guide
Longtemps reléguée au second plan derrière sa sœur tapageuse Dallas, Fort Worth se réinvente avec une audace discrète, loin des clichés du Texas poussiéreux. Des plaines du bétail aux parcs de sculptures minimalistes, la ville opère une transition subtile, équilibrant ses racines farouchement traditionnelles avec une modernité fulgurante. « Cowtown » attire aujourd’hui une nouvelle génération, cosmopolite et ambitieuse.
Fort Worth est-elle « the next big thing » ? Hier carrefour des cow-boys et des éleveurs, aujourd’hui cité de verre et d’acier où l’on vit au rythme des start-up et des avions de chasse, elle incarne une Amérique à la croisée des chemins. D’une garnison poussiéreuse née en 1849 pour protéger les colons à une métropole en plein essor démographique, l’histoire de Fort Worth est celle d’une ville qui n’a jamais cessé de se réinventer.
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Fort Worth : presque 200 ans d’histoire
Là où tout a commencé : un fort au bout du monde
Retour en 1849. À l’époque, Fort Worth est un avant-poste planté au milieu de nulle part, conçu pour tenir les Amérindiens à distance et tracer la route des colons. Pas grand-chose à signaler, si ce n’est des palissades et des soldats éreintés par la chaleur texane. Pourtant, ce fort va rapidement devenir bien plus qu’un poste avancé : avec l’arrivée du chemin de fer dans les années 1870, Fort Worth est catapultée au rang de centre névralgique de l’industrie du bétail.
Les cow-boys affluent par centaines, accompagnant des troupeaux gigantesques le long de la Chisholm Trail. On fait escale à Fort Worth pour vendre, acheter, et surtout pour s’encanailler dans Hell’s Half Acre, un quartier qui porte bien son nom : saloons enfumés, jeux d’argent et bagarres de rue. Un vrai décor de western où l’on vient dépenser son argent durement gagné après des semaines à arpenter les plaines. Pourtant, derrière cette façade sauvage, Fort Worth pose les bases de ce qu’elle deviendra : une ville où se croisent travail acharné et audace.
Les années passent et les grands troupeaux de bétail laissent place à une nouvelle ère. On abat, on conditionne, on exporte la viande dans tout le pays. Les géants de l’industrie du bœuf, Armour & Co et Swift & Co, installent leurs abattoirs dans la ville au début du XXe siècle, marquant l’entrée de Fort Worth dans le jeu de la modernité. C’est l’âge d’or de Cowtown – un surnom qui colle encore à la peau de la ville. Mais Fort Worth n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient un pilier de l’industrie de la défense avec l’arrivée de Consolidated Aircraft Corporation. Adieu les troupeaux, bonjour les bombardiers B-24. Fort Worth devient une capitale de l’aéronautique, un rôle qu’elle continue de jouer aujourd’hui avec Lockheed Martin, toujours l’un des plus gros employeurs de la région. La ville change de visage, mais ne perd jamais son sens du timing.
Des cow-boys à la société moderne
Pourtant, au fil des décennies, Fort Worth ne se contente plus de faire marcher ses usines. La ville s’ouvre à une nouvelle ambition : la culture. Là où d’autres jouent la carte du pétrole et du béton, Fort Worth choisit l’art et l’esthétique. Le Kimbell Art Museum, chef-d’œuvre signé Louis Kahn, devient l’un des musées les plus respectés du pays dans les années 1960. Dans son sillage, le Modern Art Museum et l’Amon Carter Museum transforment la ville en centre culturel. On n’est plus dans le cliché du Texas brute : ici, on admire de l’art européen, de la photographie contemporaine, et on débat devant des toiles d’Asie.
À quelques rues de là, les Stockyards – anciens abattoirs réhabilités – continuent de porter la flamme du passé. Rodéos, danses country, et bars mythiques : c’est Fort Worth, version vintage, où les touristes viennent flirter avec la légende du Texas sans quitter le XXIe siècle.
Et voilà Fort Worth au XXIe siècle, prête à se défaire de l’image de petite sœur de Dallas. En 2022, elle fait parler d’elle en attirant plus de nouveaux résidents que n’importe quelle autre grande ville américaine, prenant ainsi sa revanche sur sa voisine lointaine. Aujourd’hui, elle dépasse les 950 000 habitants, signe d’une croissance exponentielle. Pourquoi cet engouement ? Un cadre de vie abordable (tout est relatif, on est au Texas), une économie florissante, et un art de vivre mêlant grande ville et ambiance de petite communauté. Fort Worth a le meilleur des deux mondes.
Le centre-ville, autrefois délaissé, s’est refait une beauté. Nouveaux gratte-ciel, espaces verts, quartiers branchés : c’est la ville où il fait bon vivre, surtout quand on veut fuir la folie des mégapoles texanes tout en restant connecté. Le Cultural District continue de jouer un rôle central, avec une scène artistique en pleine effervescence. À quelques kilomètres, le secteur aéronautique est toujours un moteur économique de premier plan, consolidé par le poids lourd Lockheed Martin, qui assure l’emploi de milliers de résidents.
Le futur de Fort Worth : entre traditions et modernité
La clé du succès de Fort Worth réside dans sa capacité à jongler entre tradition et modernité. Son expansion démographique ne montre aucun signe de ralentissement, et pourtant, elle conserve une certaine sérénité. Le développement des infrastructures devient un enjeu majeur : la ville multiplie les projets pour fluidifier les transports et connecter ses nouveaux quartiers. Le Trinity Metro se modernise, ajoute des lignes de bus (une récente relie les Stockyards au centre-ville) et Fort Worth travaille à verdir ses espaces urbains pour répondre aux exigences de durabilité.
Et si la ville texane reste fidèle à son héritage western, elle regarde résolument vers l’avenir. Loin d’être figée dans son passé glorieux de ville-cow-boy, elle attire aujourd’hui une nouvelle génération de résidents, des jeunes professionnels à la recherche d’opportunités, des artistes en quête d’inspiration, et même des touristes curieux de découvrir une autre facette du Texas. Dans cette ascension fulgurante, Fort Worth garde un pied dans l’histoire et l’autre bien ancré dans le futur. Elle continue d’écrire son propre récit, entre la poussière des routes et l’acier des gratte-ciel, prouvant que la ville frontière d’hier est devenue une véritable métropole de demain.
Nos meilleures adresses à Fort Worth
Bowie House
Bowie House n’est pas qu’un refuge de luxe qui aurait décidé de faire des cowboys son fond de commerce. Jo Ellard, grande collectionneuse, a parsemé l’hôtel de 500 œuvres d’art dénichées lors de ses voyages. Une ode à la culture qui fait écho aux musées voisins, comme le Modern Art Museum et le Kimbell, hauts lieux du patrimoine artistique de Fort Worth, et qui se matérialise en une galerie sobrement nommée Gallery at Bowie House. L’hôtel est le parfait pied à terre dans la ville texane, chic et bienveillant comme sait le faire Auberge Collection, le groupe hôtelier auquel il appartient.
Don Artemio
Presque de façon ironique, ce soir-là dinera à la table voisine de la notre un protagoniste de la série « Yellowstone ». Si elle se déroule dans le Montana, les cowboys sont au cœur de son intrigue. C’est pour dire le taux de notoriété qu’a atteint Don Artemio, sans doute le meilleur restaurant de Fort Worth. La cuisine du chef Rodrigo Cárdenas rend hommage aux traditions de sa famille, dans le nord du Mexique, où se situe l’antenne originelle du restaurant, encore tenue par son père, le chef Juan Ramón Cárdenas Cantú. A Fort Worth, on célèbre le cactus, l’agneau ou les piments locaux dans un décor fait de matériaux rappelant le désert mexicain et les savoir-faire locaux.
3268 W 7th St, Fort Worth. Site internet.
Office de tourisme de Fort Worth
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