×
forêts urbaines fôret urbaine paris place de la catalogne
fanny

The Good City // Qualité de vie

Végétaliser Paris : où en est la promesse des forêts urbaines d’Anne Hidalgo ?

Qualité de vie

The Good City

Anne Hidalgo en avait fait une promesse de campagne, planter 170 000 arbres à Paris sur la mandature et réserver un maximum d’espaces à la végétalisation. Deux nouvelles « forets urbaines » ont dernièrement vu le jour, et pour la municipalité, ce verdissement ne fait que commencer.

C’est une belle journée de septembre et l’atmosphère a comme un parfum de revanche pour Anne Hidalgo, qui savoure encore le succès de la séquence olympique et le rayonnement incontesté de la capitale, en partie dû, elle en est sûre, à sa politique d’aménagements publics. « C’est la grande révolution de Paris, nous annonce-t-elle, pas peu fière. On voit la révolution du vélo, mais on verra encore plus, dans les mois et les années à venir, la révolution de la place de la nature en ville et de la végétation. » Nous sommes à l’inauguration de l’une des nouvelles « forêts urbaines » de Paris, le Bois de Charonne, dans le 20e arrondissement, parc de 3,5 hectares aménagés à la place d’un tronçon de l’ancienne petite ceinture, où 6 500 nouveaux arbres ont été plantés. « Faire des espaces verts, c’est nous permettre de vivre demain et après-demain », professe l’édile avec gravité.


Lire aussi : De Paris à Dubai, comment les villes s’arment-elles contre les fortes chaleurs ?


Forêts urbaines à Paris : le rêve deviendra-t-il réalité ?

Un objectif de 170 000 arbres plantés

La capitale en est plutôt carencée, c’est vrai. Quiconque prend un peu de hauteur pour observer le panorama parisien le constate : hormis les Bois de Boulogne et de Vincennes en périphérie, la Ville Lumière est excessivement minérale. Mais à Paris, rien n’est irréversible, et la cité se destine à devenir un vaste et paisible jardin de fraîcheur, nous promet l’équipe municipale. « Paris n’est pas du tout adaptée aux chaleurs qui arrivent, déplore Émile Meunier, élu écologiste de la majorité parisienne, président de la commission urbanisme et logement. Une manière de rendre les températures plus supportables est de maximiser la végétalisation. »

L’arbre est désormais un invariant de la politique parisienne d’aménagement. Promesse de campagne d’Anne Hidalgo, 170 000 arbres doivent être mis en terre durant la mandature. 113 000 auraient déjà été plantés. Les fameuses « forêts urbaines » — on devrait plutôt parler de sous-bois pour coller à la réalité — visent à créer des îlots suffisamment denses pour favoriser la biodiversité en cœur de ville. Parmi les réussites, on note la transformation de la place de Catalogne dans le 14e arrondissement, ancien giratoire situé derrière la gare Montparnasse, désormais planté de 470 arbres sur 4 000 m². On y trouve des essences principalement franciliennes, comme le chêne et le charme, mais aussi des érables de Montpellier et des chênes pubescents, mieux adaptés aux changements climatiques à venir. L’opération, d’un coût de 10 millions d’euros, a été financée à 42 % par la Région Île-de-France, l’Agence de l’eau Seine-Normandie et le programme gouvernemental France Nation Verte.

La place de la Catalogne après réaménagement.
La place de la Catalogne après réaménagement.

Promesses tenues, promesses déçues

Une autre initiative similaire est prévue place du Colonel Fabien dans le 10e arrondissement, avec des travaux devant débuter à l’automne pour une livraison fin 2025. Toutefois, certaines grandes annonces ont déçu, car elles se sont révélées irréalisables. C’est le cas de la prometteuse forêt urbaine envisagée derrière l’Opéra de Paris, projet largement commenté lors de la dernière campagne municipale. « Elle ne verra pas le jour, confirme Émile Meunier. C’est techniquement impossible, car le sous-sol ne le permet pas. » À l’Hôtel de Ville, le constat est similaire. « Il était prévu de remblayer une partie du parking souterrain pour planter des arbres, mais cela aurait été trop lourd pour les étages situés en dessous », ajoute-t-il. Quelques arbres seront finalement plantés de part et d’autre du parvis, « mais ce ne sera pas une forêt urbaine », concède, lucide, l’élu écologiste.

Aussi sympathique soit-elle, l’initiative ne permettra pas d’atteindre l’ambitieux objectif de 170 000 plantations. En réalité, bon nombre de ces arbres seront plantés dans des lieux peu accessibles aux Parisiens, car il s’agit principalement de reboisements : 24 000 arbres dans les bois de Vincennes et de Boulogne et 50 000 plants sur les bandes du boulevard périphérique. Les abords des portes de Paris, comme celles de Maillot ou de la Chapelle, ont également accueilli des plantations dans le cadre de leur transformation.

À la recherche de la moindre parcelle pour les nouvelles forêts urbaines

Comme le souligne Émile Meunier, « la vraie vertu de planter des arbres en ville, c’est qu’ils soient en ville ». Pour cela, la municipalité a lancé un programme de végétalisation d’au moins 150 rues en cœur de cité. « Nous avons commencé par les rues aux écoles dans chaque arrondissement. Nous y avons retiré les voitures, fait des analyses de sous-sol, et planté des arbres là où il n’y avait pas de réseaux souterrains », explique-t-il. L’Atelier parisien d’urbanisme a ainsi dressé une carte des sous-sols pour identifier les parcelles exemptes de réseaux de gaz, câbles électriques, métro ou égouts. « Cela change vraiment la physionomie d’un quartier. Ces rues deviennent des petites places de village rafraîchissantes », se félicite-t-il.

Selon Meunier, le verdissement de Paris ne fait que commencer. Une dizaine de grands terrains sont encore destinés à être végétalisés, comme à la Porte de la Villette, où un parc de 9 hectares est prévu, ou dans le quartier de Bercy. Une autre réserve concerne les « prescriptions localisées » : « par exemple, un vieux garage vendu par son propriétaire peut être préempté par la Ville pour en faire un square. Nous avons identifié une quarantaine de petites parcelles potentielles. » Mais la grande réserve d’espaces verts qui suscite les convoitises de la Ville concerne les cours intérieures bitumées des copropriétés privées, un vaste chantier à venir. « Nous pourrons intervenir, notamment dans le cadre des rénovations thermiques, explique l’élu. Nous avons déjà commencé avec nos bailleurs sociaux, qui disposaient de grandes surfaces bitumées que nous avons végétalisées. Mais il faut pour cela mener des campagnes de communication, donner des informations techniques et mobiliser les métiers concernés. » Cela sera sans doute l’un des grands enjeux de la campagne de 2026. La ville-jardin est une utopie en voie de concrétisation.

Le bois de Charonne.
Le bois de Charonne.

Lire aussi : Le Havre : de la cendre à l’UNESCO, récit d’une cité sacrifiée


 

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture