The Good Business
Ces derniers temps, il ne se passe pas un jour sans qu’un acteur économique majeur annonce ses plans pour conquérir le métavers.
En moins d’un an, ce néologisme issu de la science‑fiction des années 90 – contraction de « meta » et « universe », pour la version anglaise, et de « méta » et « univers », pour la française – a ringardisé la notion de « monde virtuel » dont il est pourtant synonyme. Ses adeptes trompettent que le métavers va devenir la brique centrale de l’Internet nouvelle génération : le web 3.
The Good Life vous propose une visite guidée de cette galaxie en gestation, que l’humanité investira peut‑être un jour pour travailler, se divertir et faire ses emplettes.
Metarévolution pt. 1. La hype du métavers doit beaucoup à Mark Zuckerberg. En juillet 2021, dans une interview à « The Verge », il disait se donner cinq ans pour faire de Facebook « une entreprise métaverse ». Puis, en octobre 2021, sur fond de polémiques, il rebaptisait Facebook en Meta. Et « Zuckie » entend bien assouvir son ambition : Meta prévoit 10 000 embauches en Europe et plusieurs milliards d’investissements. Et la firme s’est aussi assurée un fonds de 150 M $ pour encourager les développeurs à créer des expériences dans Horizon Worlds, son métavers dédié.
Metarévolution pt. 2. Prélude à sa stratégie actuelle, Facebook investissait 2 Mds $ en 2014 pour racheter Oculus, fabricant de casques de réalité virtuelle. Depuis, l’entreprise a lancé sa plate‑forme et commercialisé des versions du casque toujours plus innovantes. L’Oculus Quest 2, sorti en octobre 2020, est autonome et n’a plus besoin d’être connecté à un PC. L’enjeu est clair : faire d’Oculus la porte d’entrée du métavers à la sauce Meta. Vendu 349 €, ce casque VR est le meilleur moyen actuel d’en avoir un avant‑goût.
Tenace ancêtre. La prolifération des marques, l’organisation de concerts et divertissements en tout genre, et même la fièvre de l’immobilier, on a déjà vécu tout ça sur Second Life, lancé en 2003. Mais preuve qu’il existe une demande, presque vingt ans après, le métarvers de l’éditeur Linden Lab est toujours bien vivant ! Il revendique un million de connexions par mois et 200 000 utilisateurs actifs quotidiens.
Le terrain virtuel le plus cher du monde. Republic Realm, un fonds d’investissement en immobilier virtuel, a payé 4,3 M $ en 2021 pour s’offrir un gigaterrain dans The Sandbox afin d’y développer plusieurs projets. Le premier, Fantasy Islands – un archipel de cent îles avec villas permettant aux propriétaires d’inviter leurs amis et d’exposer leurs NFT –, a rencontré un succès monumental : 90 îles se sont vendues à 15 000 dollars l’unité le jour même de la commercialisation, et certaines se revendent déjà près de dix fois leur valeur initiale.
C’est fort. Le studio Epic Games a, semble‑t‑il, tout compris de la bataille à venir. Il a fait de Fortnite, son titre phare, l’un des métavers les plus actifs du moment. Non contents de pouvoir se saper en Balenciaga, Moncler ou Nike (moyennant finance), les 80 millions d’utilisateurs actifs ont pu assister, depuis deux ans, à d’incroyables concerts de Travis Scott et d’Ariana Grande, et découvrir des avant‑premières de blockbusters. En 2020, la plate‑forme a généré plus de 5 Mds $.
$$$$$. Selon Bloomberg, le groupe spécialisé dans les marchés financiers, les métavers pourraient générer près de 800 Mds $ de revenus dès 2024. Voilà qui est un peu difficile à croire, car cela représenterait ni plus ni moins que l’équivalent du quart du marché mondial de l’automobile ! Rendez‑vous dans deux ans pour vérifier.
Le seigneur des effets spéciaux. Les graphismes des métavers sont souvent médiocres. Cela explique en partie pourquoi Unity Software, qui conçoit des moteurs de rendu de jeux vidéo, a lâché 1,38 Md € en novembre 2021 pour acquérir Weta Digital, le studio d’effets spéciaux de Peter Jackson, le réalisateur de la saga du Seigneur des anneaux. L’objectif de Unity Software ? Permettre à ses utilisateurs de façonner des mondes virtuels réalistes.
Best of McMeta. Il est plus compliqué pour une entreprise alimentaire qu’un équipementier sportif de faire son beurre dans le métavers. Toutefois, McDonald’s a récemment déposé une dizaine de brevets. Pour s’assurer que personne ne puisse usurper la marque dans les mondes virtuels, mais aussi en vue de l’exploitation d’un restaurant virtuel proposant de la livraison à domicile.
68,7 Mds la brique. Craignant de rater le coche, Microsoft a dépensé 68,7 Mds $ en janvier 2022 pour s’offrir l’éditeur de jeux Activision Blizzard. En plus d’acquérir un catalogue prestigieux, le géant s’est offert une brique essentielle afin de bâtir son propre métavers.
C’est français ! La France aussi à son métavers, et pas des moindres : The Sandbox est une plate‑forme qui permet, notamment, à ses utilisateurs de créer des mondes et d’acheter (et revendre) des parcelles virtuelles payables en cryptomonnaies, de plus certifiées grâce à des NFT. Forte de plus de dix ans d’existence – The Sandbox était initialement un jeu à la Minecraft –, la plate‑forme attire de plus en plus de marques séduites par sa communauté.
500 % de hausse de l’immobilier. Quatre métavers sont particulièrement versés sur l’immobilier virtuel : The Sandbox, Decentraland, Cryptovoxels et Somnium Space. Bien leur en prend : rien qu’en 2021, plus de 500 M $ de transactions immobilières se sont échangés dans les métavers, avec une progression de 500 % des prix.
Meta-enchères. Sotheby’s a ouvert une réplique exacte de sa galerie londonienne dans Decentraland, et l’a inaugurée en juin 2021 avec une vente aux enchères numérique. Pour l’occasion, le CryptoPunk 7523 a été vendu 11,7 M $, devenant alors le deuxième NFT le plus cher.
33,147. C’est le numéro d’emplacement que Carrefour s’est offert dans The Sandbox. Pour ce terrain de 36 ha virtuels, pour le moment vide, Carrefour a dépensé 120 ETH, soit environ 285 500 €. Une telle superficie permettrait d’installer 144 hypermarchés de 2 500 m2, mais, pour l’instant, il ne serait nullement question d’y faire ses courses ; seulement d’y organiser de l’événementiel et des lancements de produits. Les clients ne risquent pas de se marcher dessus.
Snoopverse. Le rappeur Snoop Dogg est un sacré ambassadeur du web 3 ! Influenceur crypto et NFT, Snoop Dogg est aussi le papa de Snoopverse, un territoire qu’il a imaginé à l’intérieur de The Sandbox. Mais pour devenir son voisin, les places sont chères. Un utilisateur a récemment payé 450 000 $ pour acquérir la parcelle située juste à côté de la sienne.
Lire aussi
Focus : 14 choses à savoir sur le bitcoin, roi des cryptomonnaies
Focus : 14 choses à savoir sur les NFT qui révolutionnent le marché de l’art