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L’Abbaye des Vaux-de-Cernay a ses initiés et ses tables réservées des semaines à l’avance, mais derrière les murs gothiques et le ballet des brunchers, un autre tempo s’impose. Celui de la Ferme, enclave plus intime où l’on délaisse le spectacle pour une expérience feutrée.
Des mois qu’on l’attendait. Fin 2024, la Ferme ouvre enfin ses larges chambres dans l’Abbaye des Vaux-de-Cernay, ou « l’Abbaye », comme l’appellent ceux qui y ont leurs habitudes, ceux qui en parlent avec ce petit air de supériorité mondaine, persuadés d’avoir gagné leur place à la sueur de leur front (et de leur carnet d’adresses) pour le brunch le plus couru de la capitale – même si elle se situe bien dans les Yvelines.
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La Ferme : le secret le mieux gardé de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay

Jamais on ne les entendra blaguer sur le fait de devoir embarquer leur passeport pour passer le périph… Car l’Abbaye, c’est Paris. Alors on met le cap sur Cernay par le premier dimanche ensoleillé de février, en retard juste ce qu’il faut pour ne pas avoir l’air pressé (blame it on the RER). L’arrivée sous les voûtes gothiques du réfectoire, digne d’un décor de Harry Potter, marque l’instant.
On ne se refuse rien. Avocats farcis au homard, plateaux d’huîtres fraîches, pâtés en croûte maison, épaule de veau braisée, montagne de pommes paille – un ballet bien rodé à 145 € par personne. Laissant le buffet sucré à ceux qui n’ont pas saisi que le temps du goûter sonnait dès 16 heures avec crêpes au Nutella, on file en marche digestive autour du lac. On hésite à sauter dans l’un des pédalos.

Et puis non… car vient l’heure de prendre possession de sa chambre – mais pas à l’Abbaye — : direction la Ferme, dernière-née du domaine, ancienne propriété de la baronne Charlotte de Rothschild, ressuscitée par Paris Society à la fin de l’année dernière.
Place au silence
Là, fini le défilé des weekenders Louis Vuitton et des valises Rimowa. Place au silence. Check in expédié en quelques minutes, un escalier, un couloir mansardé et nous voilà dans la chambre 7017, catégorie Deluxe. L’une des 38 chambres, dont cinq formant un cottage privatisable.

Sobre, efficace : 28 mètres carrés, un lit queen size à la couette dodue, un bureau chiné, une armoire à hauteur de mansarde, une table d’appoint nappée abritant bouilloire et machine Nespresso. Juste ce qu’il faut. Mention spéciale au Chromecast pour les accros de The White Lotus. Seul regret : pas de room service. L’épisode 2 attendra. Chaussons aux pieds, on suit le chemin vers la Trattoria Di Bambini, à l’étage du dessous, unique restaurant de ce côté du domaine. Bruschette, arancini, pasta al pesto, pizzas (un four italien a été installé en cuisine)… Simplicité bienvenue à la Ferme de l’Abbaye.
Le Betty’s Bar adjacent prolonge la soirée, discussions feutrées, cocktail bien dosé. Sur le piano trône une partition de Chopin, ancien professeur de Betty de Rothschild, qui donna son nom à ces murs. Rien ne vaut pourtant le retour sous la couette, jusqu’aux premiers rayons du jour. Un jogging matinal nous appelle, ou plutôt la recherche du lapin géant mentionné par la réception – introuvable ce matin-là. Est-il un mirage ?

En revanche, les ânes saluent, les poules émergent. Les chemins, encore boueux, testent l’équilibre. Une douche chaude aux effluves de Penhaligon’s, quelques e-mails expédiés et, déjà, cet article prend forme à la table du petit déjeuner. Si la fin de ce songe approche, une dernière halte s’impose au paradis : le spa Tata Harper de l’Abbaye attend, sa piscine extérieure et ses bains chauds intérieurs, et surtout le soin corps signature prodigué par Sarah, qui sourit au réveil : « Vous avez l’air bien détendue. » Retour à Paris !
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