- Getaway>
- The Good Guide>
Cinq jours en mer, entre Grèce et Turquie, à bord du tout premier navire d’Explora Journeys, nouvelle griffe haut de gamme du groupe MSC. Escales choisies, raffinement discret et expériences taillées sur mesure : récit d’une croisière qui redonne ses lettres de noblesse au voyage en paquebot.
Atterrir et décoller de villes dont on ne verra rien est une sensation étrange. Istanbul à l’atterrissage, Rhodes au décollage. On reviendra. Du 28 juin au 2 juillet 2025, nous avons embarqué à bord d’Explora I, le premier navire de la flotte Explora Journeys, marque première du groupe MSC, pour vivre une portion de la boucle Athènes-Athènes, une croisière qui faisait également halte à Tenedos et à Bodrum. Carnet de bord.
Lire aussi : Croisière en dahabieh, au fil du Nil : éloge de la lenteur
Notre voyage sur Explora I, navire d’Explora Journeys
Jour 1 : découverte d’Explora I
Est-ce antinomique de prendre l’avion pour prendre un bateau ? Laissons cette question en suspens. Il est bien tôt quand mon taxi m’envoie un SMS : il m’attend en bas. Nous roulons dans un Paris désert en direction du terminal 3 d’Orly, d’où partira mon vol pour Istanbul. J’ai bien fait d’embarquer un snack : Transavia, à l’image des autres low-cost qui s’en refusent le titre, ne propose en vol que des encas trop gras, trop sucrés ou trop salés, à des tarifs défiant le Café de Flore. Car nous atterrirons à 14 heures, heure locale, et ne rejoindrons notre cabine qu’à 16 heures bien tapées.
Mais rembobinons. La Turquie est un pays où l’immigration se fait simplement. Si la file d’attente s’apparente à celle de l’aéroport JFK, à New York, les douaniers ici ne posent aucune question. Pas de bagage à attendre au tapis (une valise cabine suffit à un séjour de 5 jours, voyons !), on file vers le desk Explora Journeys qui se situe juste à la sortie de la douane. Là, nom, prénoms sont donnés ; notre véhicule est déjà commandé, un mini-bus ambiance Lawrence d’Arabie qui met dans l’ambiance… Celui-ci nous dépose dans le parking du port. Pas votre souterrain habituel ! Un véritable labyrinthe organisé comme un aéroport, en terminaux, où vos bagages seront pris en charge par le service de la compagnie et votre identité vérifiée. Ce premier check réussi, nous nous dirigeons en groupe vers la remise des clés. Elle se fait de façon un peu laborieuse après un contrôle des bagages à main dans un espace aux allures de salle de conférence (écrans promotionnels et tables hautes drapées au programme). Après deux tentatives sur son iPad, mon hôtesse se félicite d’avoir réussi à faire valider mon profil. Faut-il attendre encore la clé de ma chambre qui tarde à se pointer… Un commentaire sur le thé glacé servi dans ce hall et une tentative de parler quelques mots de français plus tard, on me remet ma clé. Un dernier passage à la douane et c’est l’heure de quitter la terre ferme.

L’embarquement se fait simplement en bipant sa clé. On nous demande ensuite deux formalités : se rendre au point sécurité attribué à mon numéro de chambre (c’est ici qu’il faudra se ruer en cas de souci sur le bateau) et regarder les consignes de sécurité sur ma télé. 16h38 : j’ouvre enfin ma valise. Anil, mon « suite host », ne tarde pas à frapper à ma porte pour se présenter et m’expliquer qu’il sera joignable tout au long de ma croisière si j’ai besoin de quoi que ce soit. Explora Journeys ne proposant que des séjours all-inclusive (seul un restaurant à bord, le gastronomique, et les plus raffinés des whiskys sont en sus), je n’aurai pas à l’appeler du séjour. Avant de partir, il m’indique qu’un verre est organisé sur le deck 5, au Crema Café, pour souhaiter la bienvenue aux passagers rejoignant la traversée Athènes-Athènes. J’y passe un œil : le champagne coule déjà à flot et les sandwiches d’apéritif manquent déjà à l’appel sur le comptoir. Qu’importe : nous dînerons dans deux heures au Med Yacht Club, un restaurant méditerranéen, cela s’entend, avec à la carte aussi bien des pintxos, un osso buco et des crevettes saganaki. Si les portions ne sont pas forcément généreuses, l’attention portée aux ingrédients est équivoque – ils sont sourcés dans les meilleurs pays d’Europe et embarqués au départ de la croisière, seules quelques denrées comme les poissons s’ajoutent parfois aux escales. Le chef Franck Garanger, Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole par le Ministère français de l’Agriculture, en charge des six restaurants de l’Explora I (Explora II les duplique), met un point d’honneur à proposer une expérience gastronomique à la hauteur des meilleurs standards. Première expérience réussie.
23 heures, heure locale, 22 à Paris, le sommeil se fait déjà sentir alors que la table de roulette reste vide dans le mini casino du navire. La partie, ça sera pour une autre fois ! La cabine est déjà plongée dans la pénombre : Explora Journeys pense ses expériences à l’image des meilleurs hôtels, service de couverture inclus.

Jour 2 : en mer
Le deuxième jour de notre croisière Explora Journeys est un « sea day ». Loin d’un port, en navigation, à bord, tout est différent. Le spa, par exemple, n’est plus ouvert quand bon vous semble : les rendez-vous sont rares, même pour aller suer au sauna ! C’est également le bon moment pour jauger la fréquentation du bateau. 400 cabines, donc 800 passagers peuvent séjourner à bord. La direction de la communication nous annonce un taux de remplissage de 90 %. Où sont donc nos 720 comparses ?
Une bonne partie est au Emporium Marketplace, le plus grand restaurant d’Explora I, organisé comme un grand marché proposant de nombreuses spécialités. Si, le soir, on y retrouve pêle-mêle des sushis, des huîtres, des pastas fraîches et des salades à composer, le matin, le petit-déjeuner est tout aussi varié. Le pain et les viennoiseries sont faits maison à la boulangerie que nul passager ne saurait visiter — même pas nous ! Les jus sont centrifugés en direct. Les œufs cuits à la demande. Seule règle : se faire pousser un ou deux bras supplémentaires pour jongler avec ses tasses et assiettes jusqu’à sa table. Nous nous éloignons de la foule car nous avons repéré une terrasse où déguster la prise du jour au soleil avec comme panorama une mer d’huile qui défile. Le bonheur.

Un sea day est aussi un jour particulièrement riche en activités. Si nos amis de chez Cartier et Panerai animent des masterclass, nous penchons plus pour un cours de pilates aux alentours de 15 heures pour s’éviter le coup de soleil — et soigner le summer body. Quelques cours du genre ouvrent la journée quotidiennement (notamment un yoga et un cours plus cardio). Notre rendez-vous au spa vient soigner nos muscles éprouvés : la pas très loquace Caroline s’avère être une reine du deep tissue. On sort de là comme neufs. Pas le temps de s’essayer au sauna qu’un petit creux nous pousse à visiter, sur le pont 10, l’Explora Lounge où se tient chaque jour un tea time de compétition. Scones, canapés et autres pâtisseries colorées s’agencent dans un adorable chariot. L’option à déguster en chambre est toujours possible.
Ne mentionnons pas les quelques heures passées au soleil pour préparer notre peau à l’été, autour de la piscine de l’Astern Lounge, sans doute le spot le plus couru du bateau pour sa piscine à débordement et ses larges (et rares) sunbeds. Parce que nous sommes civilisés, nous n’y avons pas laissé notre serviette après notre départ pour marquer notre territoire pour plus tard dans la journée… Journée que nous finirons d’ailleurs par un Espresso Martini – qui semble être la boisson officielle des croisiéristes à en voir les plateaux qui défilent – sur le pont 12, le plus haut, avec le soleil qui se couche en panorama, ainsi qu’un dîner copieux au Marble & Co. Grill, un restaurant au charbon proposant d’impressionnantes viandes maturées.

Jour 3 : Tenedos
Chaque cabine d’Explora I est équipée d’un nécessaire de sport Technogym. Puisque les canaux en direction de Tenedos (Bozcaada en turc), une micro-île peu habituée à voir des touristes, ne partiront qu’à partir de 11 heures, c’est la bonne occasion de tester l’équipement sportif de notre cabine !

Après l’effort, le réconfort… La veille, dégustant notre bouchée de pomme de terre écrasée au caviar au Marble & Co. Grill, notre hôte nous a murmuré à l’oreille un secret. Le matin, plutôt que de se frotter à un bateau pas encore bien réveillé à la file des œufs de l’Emporium Market, mieux vaut se rendre Au Fil Rouge, sur le pont 4. Là, on y trouve, dans un cadre raffiné, une carte de petit-déjeuner large et plurielle et surtout — c’est le but de la visite — un œuf poché au caviar sur son lit d’épinards et brioche. Un délice ! Bon matin !
Parce que, sur le pont 5, Crema Café propose de vrais bons cafés et boissons chaudes, je demande un cold brew à emporter pour notre excursion en terres turques. Une bonne idée pour profiter de la courte traversée jusqu’au mini port de l’île. De là, nous optons pour une visite libre (Explora Journeys organise des visites guidées pour chacune de ses étapes) : direction la plage. Sur les coups de 16 heures, et ce après s’être délectés de quelques spécialités locales avec vue sur le navire, nous rebroussons chemin pour aller enfin découvrir le stand de glaces, crêpes et gaufres du deck 11, près de la piscine intérieure. La suite de la journée se dessinera tranquillement : quelques instants de repos en suite, une partie de billard près du bar à whisky, puis un dîner au restaurant asiatique Sakura. Belle découverte pour les sceptiques : oui, il est possible de mêler nems, sushis et pad thaï sans trop se tromper !
Nos lumières s’éteindront peu après alors que d’autres feront chauffer leurs voix pendant le karaoké.

Jour 4 : Bodrum
Puisque nous avons été sages hier soir, le réveil est bien matinal. Dormir les baies vitrées ouvertes est une bonne idée quand on aime se réveiller avec le soleil. Coup de bol : notre cabine est bien orientée ce matin ! Le lever du soleil est aussi majestueux que les couchers que nous avons pu apprécier sur le deck 5, chaque soir. Pas d’excuse ainsi pour filer à la salle de sport une fois le spectacle digéré. Second coup de chance : le head coach s’apprête à donner un cours de renforcement des abdos et il lui reste une place. 30 minutes plus tard, en sueur, je file à la douche. Le hasard a voulu que je commande mon petit-déjeuner en room service à l’heure exacte où je suis prête à l’avaler – j’aurais pu prévoir ce cours de sport, notre suite host déposant chaque soir le planning du lendemain sur le lit, mais la perspective d’une matinée à l’improviste était bien trop tentante. C’est un peu ça, la magie de la croisière Explora Journeys : le programme étant si riche et bien construit, il y a toujours quelque chose à faire quand on en a besoin. Sinon, les piscines, restaurants, bars, spa et salle de sport sont accessibles sans réserve. Oublié le roman des vacances ? Votre chambre en est riche, proposés en langue anglaise comme française, de type philosophique ou page-turner.
Voilà que, plongés dans celui que nous n’avons pas oublié, les coups de 11 heures sonnent et, avec eux, notre rendez-vous avec Bodrum. Logiquement plus grand que celui de Tenedos, le capitaine a manœuvré pour amarrer Explora I au quai ; nous débarquons ainsi sans passer par la case petit bateau. Mieux encore : Explora Journeys met à disposition, dans les ports qui sont éloignés des centres-villes, des navettes pour s’y rendre sans frais. Encore une fois, nous optons pour la visite libre de cette ville où les touristes se confondent avec les influenceurs qui feront une halte pour acheter un sac de luxe de contrefaçon avant de filer au Scorpios, l’air de rien, de l’autre côté de l’île.

Cette liberté de mouvement permet à chacun d’apprécier à son rythme les haltes proposées. À Bodrum, par exemple, rares furent ceux qui nous suivirent, à quelques minutes du marché, pour une découverte du Mausolée d’Halicarnasse (l’une des Sept Merveilles du monde, s’il vous plaît !) au profit des plages immaculées. Croyez-nous : les deux activités ne sont pas antinomiques.
Les premiers passagers débutent leur dîner aux alentours de 18 heures. En bons Français, nous attendrons l’heure du journal télévisé pour honorer notre réservation à Fil Rouge, le restaurant tricolore du navire. Au menu : escargots persillade, foie gras, sole meunière et soufflé au chocolat. De quoi se réacclimater en douceur…

Jour 5 : le débarquement à Rhodes
Le nôtre, pour cause de croisière écourtée, ne fut pas conventionnel, la clientèle étant coutumière de l’expérience de A à Z. Néanmoins il est tout à fait possible d’embarquer ou de débarquer prématurément d’une croisière Explora Journeys. De cette façon, les formalités sont écourtées puisque la foule est évitée. Ainsi, un guest manager nous attend sur le pont du débarquement avec nos passeports à la fin de notre séjour et nous dirige vers un véhicule spécialement affrété pour nous afin d’accomplir les formalités aux douanes grecques. L’histoire est réglée en quelques minutes. C’est déjà l’heure de mettre le cap sur l’aéroport de Rhodes dont nous n’aurons rien vu d’autres de ses jolies églises orthodoxes. On reviendra !

Site internet des croisières Explora Journeys
Lire aussi : Turquie et Monténégro : nos 3 hôtels préférés au bord de l’eau