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Ce dimanche, les élections de renouvellement au Sénat japonais ont conforté la légitimité du parti du Premier Ministre, Shinzo Abe. Ce dernier pourrait profiter de ces sièges supplémentaires pour modifier la Constitution japonaise et remilitariser le Pays du Soleil Levant. Ce qui ne manque pas d’inquiéter la Chine voisine.
Sur les 121 sièges au Sénat japonais à renouveler (sur un total de 242), le Parti Libéral Démocrate (PLD) du chef du gouvernement et son allié du Komeito en ont remporté 69, soit dix de plus que lors de la précédente mandature. Cette victoire, Shinzo Abe l’attendait, car elle re-légitime la politique économique du Premier ministre, baptisée « Abenomics ». S’il n’est toujours pas parvenu à redresser l’économie nipponne avec sa ligne très libérale, Shinzo Abe demeure confiant : « Je pense que cette élection est un appel à accélérer les abenomics » a-t-il lancé à la chaîne privée TBS.
Here's a quick chart of these figures. pic.twitter.com/IJGrDm4rYf
— Tobias Harris (@observingjapan) July 11, 2016
Un impact fort sur l’avenir du Japon
Selon les analystes, l’ambition principale de Shinzo Abe est d’amender la Constitution et notamment de revenir sur l’article 9, celui de la « Renonciation à la guerre », stipulant notamment « il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu. »
Mais pour que cet amendement soit adopté, la Constitution impose non seulement d’obtenir l’approbation des deux tiers des deux chambres, mais aussi un référendum. « La coalition PLD-Komeito a gagné parce que les électeurs apprécient la stabilité que le gouvernement Abe a apporté au gouvernement », décrypte Tobias Harris, vice-président de Teneo, cabinet spécialisé dans l’intelligence politique. « Ce n’est pas qu’ils apprécient particulièrement Abe et ses alliés, mais ils le trouvent meilleur que ses prédécesseurs. Avant lui, le Japon a changé six fois de Premier Ministre en six ans… »
Néanmoins, selon Tobias Harris, la modification de la constitution a peu de chances d’aboutir : « Cette super-majorité risque paradoxalement de déstabiliser le gouvernement Abe parce la révision est une question controversée, qui pourrait enfoncer un coin dans la coalition au pouvoir, susciter un débat féroce avec les partis d’opposition et déclencher des protestations généralisées. Pour toutes ces raisons, Shinzo Abe va probablement procéder avec précaution. »
En revanche, l’état d’urgence devrait lui être plus sérieusement envisagé. La Chine n’a pas tardé à émettre quelques inquiétudes quant à la perspective d’un référendum de nature à aviver les tensions dans une région qui n’en manque pas.
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