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Les gardiens de la presse : plongée dans l’univers des éditeurs indépendants

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Les Gardiens de la Presse, épisode 1. Alors que The Good Life s’offre un lifting, fidèle à son esprit avant-gardiste tout en captant l’air du temps, nous consacrons une série de cinq articles aux métiers de la presse. Comment vit un journal ? Qui en orchestre le contenu ? Comment ses pages prennent-elles forme ? À l’heure du tout-numérique et face aux défis posés par l’intelligence artificielle, il est plus que jamais essentiel de célébrer une information écrite par et pour des humains.

Bien souvent inconnu du grand public, l’éditeur de presse est pourtant un acteur indispensable de l’espace médiatique. Son rôle ? Veiller à la qualité et à la pertinence de ses publications, tout en suivant une ligne conductrice en matière de contenu éditorial et de budget. Et si les grands groupes de presse ont aujourd’hui pignon sur rue, de nombreux éditeurs indépendants exercent leur art en mêlant passion et détermination. Rencontre avec ces véritables artisans de la presse française.


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Le chef d’orchestre de la presse

Telle pourrait être la définition d’un métier qui reste bien souvent dans l’ombre : celui d’éditeur. En charge de la gestion d’une rédaction, il collabore avec des journalistes et des rédacteurs pour planifier et coordonner les publications, tout en développant les calendriers éditoriaux. Ces derniers sont le plus souvent en adéquation avec une régie publicitaire, principale source de financement de la presse. Ainsi, l’éditeur travaille en étroite collaboration avec les départements marketing, commercial et technique pour assurer la diffusion et le soutien du contenu, tout en menant une veille médiatique afin de rester attentif aux tendances et aux mutations du secteur.

Un environnement en perpétuel mouvement, puisque le ministère de la Culture recensait, en 2021, près de 3 900 titres de presse, dont 80 quotidiens, 500 hebdomadaires, 870 mensuels et 2 300 trimestriels. Un écosystème dans lequel les éditeurs de presse indépendants jouent un rôle aux multiples facettes, devant souvent trouver eux-mêmes leurs sources de financement. Laurent Laporte, créateur du magazine prescripteur de tendances Where is the Cool, en témoigne : « Comme tout directeur artistique qui monte un magazine un peu niche, l’objectif financier est de ne pas perdre d’argent, certes, mais le véritable enjeu est de créer une vitrine de nos travaux, une sorte de book public qui me permet de rencontrer et de collaborer avec différents types de clients. Le magazine est entièrement financé par la vente des numéros, il n’y a aucune publicité à l’intérieur. »

Le quadragénaire, qui s’apprête à retourner vivre dans le Sud-Ouest, a d’abord commencé à décrypter les tendances sur le digital avant de se lancer dans le format papier : « Ce qui me pousse à continuer à publier le magazine, c’est son côté punk, à contre-courant total de la tendance au tout digital. Je reste persuadé que le tactile continuera d’exister, d’autant plus dans un monde où l’on tend à tout numériser. Le contact du papier est une sensation unique, et j’ai de nombreux retours de lecteurs sur leur appréciation du format, du papier, des couleurs, etc. L’impression apporte aussi une dimension esthétique que l’on ne contrôle pas complètement et qui me plaît particulièrement. »

Where is the cool vient de lancer un hors-série spécial food.
Where is the cool vient de lancer un hors-série spécial food.

L’auto-édition, une vocation

Une curiosité qui a aussi aiguisé les sens de Marion Denoual, éditrice de la revue Maison. Directrice artistique, elle franchit le pas de l’auto-édition il y a quatre ans, persuadée d’apporter une nouvelle proposition au paysage médiatique : « J’ai choisi de traiter le sujet de la maison sous toutes ses formes parce qu’il est à la fois intime et universel. On observe beaucoup de contenus liés à la mode ou à la décoration, voire à la consommation, mais je trouve qu’il y a un vide en ce qui concerne les récits personnels, les expériences de vie et des sujets plus profonds et authentiques. Cela me semblait réellement manquer, et j’ai voulu y remédier. »

Elle se lance à corps perdu dans ce projet et découvre sur le tas ce métier si particulier : « Je suis devenue éditrice sans vraiment m’en rendre compte. À la base, il s’agissait d’avoir un projet d’édition, puis de réunir tous les éléments pour le concrétiser. Il a aussi fallu créer une ligne éditoriale en définissant les limites et la forme du magazine. Devais-je rester dans un format classique avec des chapitres et des sections distinctes, ou essayer de créer quelque chose de nouveau et hors des sentiers battus ? »

L’aspect technique est vite venu s’imposer à celle qui vient de publier son quatrième numéro : « Il a fallu choisir le type de papier, le format, les canaux de distribution. J’ai demandé des devis, évalué le prix de vente, pris en compte les marges des libraires et distributeurs. Il était essentiel de faire quelques calculs pour s’assurer que le projet ne soit pas déficitaire, même si j’ai vite compris que je ne gagnerais pas forcément d’argent avec cette idée. Au-delà de l’aspect financier, rassembler des talents et des lecteurs autour de ce thème est une satisfaction en soi. »

La Revue Maison.
La Revue Maison.

Editeurs indépendants : modèle économique en mutation

Passé par l’univers de la publicité et de la communication, Jean Desportes a décidé, en 2021, de s’adonner à l’une de ses passions : l’architecture. Il est aujourd’hui l’éditeur du semestriel Sloft, cofondé avec Grégoire Hababou et centré sur l’aménagement des petits espaces : « Cette idée est née pendant le confinement. Nous nous sommes demandé comment rebondir et prouver que notre démarche était durable. Ainsi, nous avons pensé à créer un objet permettant d’étendre notre portée au-delà des frontières françaises. »

Avec une distribution dans 22 pays, le magazine repose sur une charte éditoriale précise : « Produire du contenu coûte très cher. La publicité s’est déplacée vers les plateformes. L’enjeu majeur est de trouver des moyens de financement en diversifiant nos services et en développant la marque Sloft. » Autrement dit, un artisanat de qualité.

La revue Sloft.
La revue Sloft.

Site internet de Where is the cool
Site internet de la Revue Maison
Site internet de Sloft

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