Horlogerie
La jeune génération de designers néerlandais ne snobe pas les nouvelles technologies. Chez eux, les imprimantes 3D et autres robots high-tech occupent la même place que les machines industrielles au temps des Eames ou de Prouvé.
Quintus Kropholler, design expérimental
Lorsque la marque américaine J.Crew est allée photographier son carnet de style cet automne à Amsterdam, c’est à Quintus Kropholler qu’elle a demandé de faire le guide touristique.
Et, accessoirement, le mannequin. Il est vrai que le nom de ce jeune designer expérimental néerlandais est sur toutes les lèvres depuis qu’il a exposé l’an dernier, à la Design Miami, son projet d’objets en bitume Black Gold (une table, un lutrin, un paravent, un miroir…) conçu comme une capsule temporelle artistique pour l’après‑pétrole. Ce matériau banal, quotidien et bon marché à tel point qu’on ne lui prête généralement plus aucune attention, pourrait bien devenir un vrai luxe une fois que les ressources de la planète seront taries.
Daan Roosegaarde, alchimiste high-tech
Designer, innovateur et entrepreneur, Daan Roosegaarde est un alchimiste high-tech qui a vu sa notoriété grimper en flèche en 2016. Longtemps connu des seuls passionnés du design interactif ou des accros aux conférences TEDx fascinés par son projet Smart Highway – visant à stocker la lumière du jour dans le revêtement du bitume pour rendre, une fois la nuit tombée, le sol des autoroutes luminescent –, il a reçu la London Design Innovation Medal le 20 septembre 2016.
Soit juste avant de s’envoler pour Pékin : il était invité à la Beijing Design Week pour installer sa tour Smog Free, un projet dévoilé en 2015 à Rotterdam et financé sur Kickstarter. Il ne pouvait sans doute pas rêver meilleur cadre que la capitale chinoise, réputée pour ses pics de pollution plus qu’inquiétants, pour implanter le plus grand purificateur d’air extérieur existant à ce jour. Pour enfoncer le clou à des fins tout autant éducatives que médiatiques et commerciales, il se propose même de récupérer le brouillard et de la transformer en joyaux montés en bagues. Alchimiste « et » entrepreneur… On vous l’avait bien dit !
Dirk Vander Kooij, esthétique low-tech
C’est presque une règle d’or dans la galaxie Dutch Design : le projet de diplôme, généralement labellisé Design Academy Eindhoven, sert à la fois de coup d’envoi médiatique et de signature stylistique pour les jeunes designers. Dirk Vander Kooij en est un parfait exemple.
Son Endless Chair, réalisée en juxtaposant des « colombins » de plastique récupérés dans des réfrigérateurs au rebut, fondus et recrachés par une vieille imprimante 3D, a servi de matrice à toutes ses réalisations extérieures et fait partie de la collection du MoMA.
Il pousse même l’upcycling un cran plus loin en offrant une seconde vie aux matériaux (sa table Melting Pot, façon débris de pâte à modeler agglomérés, a été imaginée pour utiliser l’excédent des chaises), mais aussi à ses propres créations. Exposée au Vitra Design Museum, sa Chubby Chair semble sortie d’un tube de dentifrice. Une esthétique low‑tech qui, comme en graphisme, s’affirme comme une « madeleine » pour la génération née dans les années 80 et a ainsi donné naissance à la RvR Chair.
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