Lifestyle
Les cinq griffes incontournables. Une sélection très subjective qui fait la nique aux mastodontes du secteur.
• Colony, Tribeca à l’honneur. Lancé il y a cinq ans par la designer et activiste Jean Lin, cet espace baigné de lumière met à l’honneur, au cœur de Tribeca, des créateurs émergents qui n’ont pas encore les moyens d’exposer à Manhattan. Cette coopérative (les artistes s’acquittent un droit d’entrée mais sont ensuite membres de l’organisation et bénéficient d’une mise en commun des savoirs et des réseaux) repose sur une douzaine d’artisans, dont : Morgan Spaulding, qui crée ses tables en polycarbonate dans la vallée de l’Hudson, Ben Erickson et ses fauteuils en cuir « made in Brooklyn » ou Meg Callahan et ses élégants patchworks.
• Studios Patrick Weder, bouillonnement créatif.
3 questions au designer d’origine suisse Patrick Weder, installé à Brooklyn depuis vingt-cinq ans.
The Good Life : Comment Greenpoint, ce quartier de Brooklyn où vous avez aménagé votre studio, influence-t-il votre travail ?
Patrick Weder : Geenpoint a un passé industriel, beaucoup de designers et d’artisans y vivent, et vous pouvez toujours vous imprégner de cette atmosphère. Mais c’est en train de changer à une vitesse folle. Les loyers explosent et beaucoup d’artistes sont obligés de partir. Même Bushwick [quartier plus éloigné, longtemps prisé des artistes, NDLR] est devenu trop cher.
New York, capitale mondiale du design ?
TGL : New York rivalise-t-elle, malgré tout, avec Milan comme capitale mondiale du design ?
P. W. : Difficile à dire : en réalité, ce sont deux mondes différents, qui ne communiquent pas vraiment. Il existe différentes capitales, disons. Mais New York reste prépondérante, car la ville concentre les artistes, les collectionneurs et les acheteurs. Cette énergie est unique.
TGL : Quel est l’esprit de « Next Level », l’exposition annuelle et collective de design que vous avez cofondée ?
P. W. : Nous voulions nous démarquer des grandes foires comme NYCxDesign et créer un événement centré sur la dimension artistique, plus que marchande. Cette année, nous avons pu présenter le travail de quarante artistes ! A l’heure de l’autopromotion permanente sur les réseaux sociaux, cela ne fait pas de mal de se concentrer un peu plus sur la création.
Shopping design
• MoMA Design Store, boutique-musée. Le Musée d’art moderne de New York (MoMA) était fermé jusqu’au 21 octobre pour d’ambitieux travaux d’agrandissement (coût estimé : 400 millions de dollars). Mais ses deux magasins consacrés au design (situées à Midtown et Soho) sont restés ouverts. L’occasion d’aller explorer des espaces qui, loin des traditionnelles boutiques de musée, ressemblent à de véritables showrooms, présentant des créations sélectionnées par les commissaires du musée eux-mêmes.
Vous pourrez ainsi trouver les fameux fauteuils Eames (5 375 $), des lampes Bauhaus (995 $) ou de la vaisselle de la maison Raawii Strøm (autour de 100 $). Le concept séduit, et le musée new-yorkais a même décidé d’ouvrir deux boutiques similaires au Japon. Chiffre d’affaires annuel du réseau : 44 millions de dollars.
Industry City, vitrine de la création et du design.
3 questions à Andrew Kimball, qui dirige Industry City, un impressionnant complexe de seize entrepôts à Brooklyn, reconvertis en incubateur d’innovation et de création.
The Good Life : Racontez-nous la genèse du projet…
Andrew Kimball : Quand nous avons lancé les rénovations en 2013, les bâtiments tombaient en ruine. Nous voulions accompagner le boom économique de Brooklyn et avons dépensé 400 millions de dollars en travaux, pour faire de ce lieu un foyer d’innovation. Aujourd’hui, 7 500 personnes y travaillent, pour près de 550 entreprises – la moitié ont un lien avec le design, la mode et le monde de l’art.
TGL : Quelle place est accordée au public ?
A.W : Nous avons ouvert des pop-up stores au rez‑de‑chaussée, où les visiteurs peuvent assister en direct à la fabrication d’objets et de vêtements, qu’ils peuvent ensuite acheter. Mais Industry City compte aussi de nombreux restaurants et nous organisons des concerts et des projections. Chaque week-end, 3 000 personnes viennent nous rendre visite.
TGL : Quelle est la prochaine étape ?
A.W : Il nous reste des bâtiments à rénover. Comme nous le faisons déjà en accueillant le Design Festival, nous allons continuer nos efforts pour mettre toujours plus en avant les artistes et artisans du coin, et faire d’Industry City leur vitrine internationale. Héberger une école de design serait une bonne piste !
Sunset Park, 930 3rd Avenue, Brooklyn. industrycity.com
Joaillier design
Digby & Iona, Brooklyn spirit. Pour trouver le studio du joaillier Aaron Ruff, il faut monter dans les étages de l’Invisible Dog, un centre culturel installé depuis dix ans dans une ancienne usine. Là, parmi les ateliers de nombreux artistes américains et français (dont Anne Mourier et Prune Nourry), le designer originaire du Maine imagine ses bijoux pour hommes et femmes. Un espace hors du temps, décoré d’objets chinés çà et là, où cet ex-ébéniste tatoué de la tête aux pieds convoque univers marin et références littéraires pour fabriquer, à l’ancienne, bagues, boucles d’oreilles et colliers, à la fois délicats et puissants. L’incarnation parfaite de « l’esprit Brooklyn », décontracté mais à la pointe de la mode !