×
Design Libanais : les marques qui sortent du lot
Design Libanais : les marques qui sortent du lot
jchassagne

Horlogerie

Design Libanais : les marques qui sortent du lot

Horlogerie

Dans un marché domestique restreint et encore largement dominé soit par l’artisanat, soit par l’importation surtaxée de labels européens, les marques de design libanaises sont rarissimes, mais les quelques noms qui émergent sortent réellement du lot.

  • PSLab. Le sur-mesure artisanal a toujours constitué la principale caractéristique du made in Lebanon, le tissu industriel restant peu développé dans le pays, notamment dans le domaine du design. Or, c’est en croisant culture de la personnalisation et culture du projet, et en appliquant cette approche à des matériaux innovants et des technologies de pointe, que PSLab s’est imposée. Depuis sa création, en 2004, cette société, unique en son genre, a su développer des luminaires pensés spécifiquement en fonction de l’espace qu’ils occupent, pour les meilleurs architectes d’intérieur locaux et internationaux. Une qualité de fabrication à faire pâlir les Allemands, mais très peu de standardisation. Des éléments high-tech, mais des finitions main. Il suffit de penser au lustre monumental du restaurant The Jane, à Anvers, pour s’en convaincre. Venu dans la capitale libanaise l’hiver dernier pour évoquer de futures collaborations avec cette compagnie qui se définit volontiers comme « la haute couture du luminaire », Charles Zana ne cachait pas son admiration. Et si PSLab dispose aujourd’hui de bureaux à Stuttgart, Bologne, Singapour, Dubaï ou Oslo, son siège social n’en reste pas moins à Beyrouth, et tout ce qui relève de la création et de la production est strictement réalisé dans l’atelier de Mar Mikhael, le nouveau quartier branché de la capitale.
Le lustre de l’hôtel The Jane à Anvers.
Le lustre de l’hôtel The Jane à Anvers. MIKE MALAJALIAN/SAYAR ET GARIBEH
  • BlattChaya. Elément commun aux diverses cités bordant le bassin Méditerranéen, les carreaux de ciment à motifs géométriques restent indissociables des maisons traditionnelles libanaises qui, malheureusement, disparaissent à vue d’œil sous les chenilles des bulldozers et l’avidité des promoteurs. Or, ce type de revêtement de sols connaît aujourd’hui un puissant revival. Avis aux amateurs, Edgard Chaya, financier à la retraite, a, pour le plus grand bonheur des amateurs, décidé d’en relancer la production, il y a quelques années déjà, à Beyrouth. C’est en découvrant, par hasard, au fond d’une valise, les moules en laiton qu’utilisait son grand-père avant la fermeture de l’usine familiale dans les années 40, que les souvenirs sont remontés et que sa passion s’est réactivée. Aujourd’hui, avec sa fille Caline et son fils Karim – qui, pour la petite histoire, a fait partie de la même promotion que Lindsey Adelman à la Rhode Island School of Design, cette dernière ayant d’ailleurs créé un motif spécial pour BlattChaya –, il propose un vaste catalogue de motifs. Classiques ou réinventés, ils se retrouvent, aujourd’hui, au sol de nombreux appartements et boutiques, au Liban comme dans le reste du monde, et on se prend à rêver d’une application qui permettrait de les géolocaliser à l’échelle planétaire !
Des carreaux de ciment à motifs géométriques de BlattChaya.
Des carreaux de ciment à motifs géométriques de BlattChaya. DR
  • Kann Design. Si le Liban compte environ 4 millions d’habitants (aucun recensement n’a été réalisé depuis le mandat français), sa diaspora est évaluée à une quinzaine, voire une vingtaine de millions de personnes à travers le monde. Difficile, dans ce contexte, de limiter rigoureusement le design libanais aux seules structures enregistrées dans le pays du Cèdre. Prenons Kann Design, par exemple : sur les trois associés de cette jeune marque, créée à Paris en 2010, deux vivent dans le 13e arrondissement parisien – le Libanais Houssam Kanaan et sa compagne Meghedi Simonian – et le troisième, le photographe Rudy Bou Chebel, à Beyrouth.
    Les fondateurs de Kann Design.
    Les fondateurs de Kann Design. DR

    La petite équipe surfe avec fraîcheur et dynamisme sur la vague néovintage années 50. Elle peut se permettre de jouer aussi bien la carte du sur-mesure (de 15 à 20 % du chiffre d’affaires), que celle des collaborations coups de cœur, en raison de la maîtrise totale de la production réalisée dans l’atelier familial, à Beit Chabab, petit village de la montagne libanaise. « Mon père était sur le point de prendre sa retraite et il ne restait plus que trois personnes avec lui à l’atelier. Mais quand on a décidé de lancer Kann, il a aussitôt rappelé tous les anciens, partis sur des chantiers au Qatar ou à Dubaï, et ils sont revenus. C’est peut-être mon côté fils d’artisan, mais ce dont je suis sans doute le plus fier, c’est qu’aujourd’hui notre atelier chapeaute tout un collectif de tapissiers, de spécialistes du cannage, de peintres… », précise Houssam.

    Kann Design.
    Kann Design. Marco Pinarelli

    Depuis Paris, la marque s’apprête d’ailleurs à lancer une collection en verre recyclé avec le Green Glass Recycling Initiative-Lebanon (GGRIL), une belle initiative, lancée par Ziad Abi Chaker, pour soutenir l’activité du dernier atelier de souffleurs de verre encore en activité dans le pays. Petit détail qui dynamite immédiatement le cliché passéiste qui voudrait opposer artisanat et numérique : Houssam a eu connaissance de l’initiative de GGRIL via un post sur Facebook qu’un ami lui avait relayé.


Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture