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Dépassée par l’accroissement vertigineux de sa population, la capitale indienne est en train de reprendre son destin en main. Caractérisée par ses armées de fonctionnaires et ses problèmes de pollution, elle joue désormais les locomotives d’une économie indienne convalescente.
Delhi : absorption des campagnes alentour
Tant et si bien que personne ne sait vraiment à combien se chiffre aujourd’hui la population vivant à Delhi. Entre 19 et 27 millions d’habitants, allez savoir ! Il y a d’abord New Delhi, qui correspond stricto sensu aux quartiers bâtis par les Anglais, lorsque ceux-ci abandonnèrent Calcutta comme centre politique du Raj britannique, en 1911. On y parcourt ces interminables avenues rectilignes tracées par le crayon de l’architecte Edwin Lutyens, entre le palais présidentiel de Rashtrapati Bhavan, l’arc de triomphe Porte de l’Inde et la colonnade circulaire de Connaught Place. Il y a ensuite Old Delhi, le cœur historique qui abrite toujours ce qui fut « le premier supermarché au monde, avec des gens qui arrivaient de partout pour acheter les diamants, les épices, le thé et la soie », raconte Satish Jacob, natif du quartier et ancien correspondant de la BBC.
Et puis il y a le reste. Ce tout forme la capitale de l’Inde du XXIe siècle. Une ville qui a peu à peu grignoté les campagnes et les forêts alentour, pour finalement absorber les deux villes nouvelles de Gurugram (ex-Gurgaon), au sud-ouest, et Noida, au sud-est, sur l’autre rive du fleuve Yamuna, sans parler d’autres cités satellites comme Ghaziabad ou Faridabad. « Gurugram a été développée à partir des années 90 par le promoteur immobilier DLF. Comme elle avait un statut de village jusqu’en 2008, elle a grandi sans aucune règle d’urbanisme. C’est maintenant une cité archibétonnée de un million d’habitants, où les prix de l’immobilier s’envolent et où le secteur privé s’occupe de tout: les routes, l’eau, l’électricité, les déchets, la sécurité… » raconte Shamika Ravi, économiste au think-tank Brookings India.
Un quartier qui attire les grands groupes comme les start-up, et toute une population jeune en quête de modernité, qui ne trouve pas à se loger dans le périmètre traditionnel de Delhi. C’est là que sera bientôt inauguré le siège de la nouvelle Alliance solaire internationale, dont le principe a été acté par la France et l’Inde lors de la COP21, à Paris. Noida, elle, est l’exact contraire de Gurugram. « Elle a été conçue et réalisée par les pouvoirs publics, avec des espaces verts et des transports en commun. L’immobilier y demeure abordable, ce qui séduit beaucoup de PME », observe Shamika Ravi.
Administrativement, Delhi est donc un gigantesque capharnaüm. Définie en 1956 comme un « territoire de l’Union », ce qui lui confère un statut équivalent à celui d’un Etat, l’agglomération a acquis progressivement un poids économique tel que son aire d’influence, qui s’étend sur une superficie vingt fois supérieure à la ville proprement dite, a donné lieu à la création d’une National Capital Region (NCR) en 1985, afin de jouir d’une réalité politique. L’intitulé en dit long sur la complexité qui en résulte en matière de gouvernance, d’autant que ce périmètre grignote les Etats limitrophes de l’Haryana (où se trouve Gu- rugram) et de l’Uttar Pradesh (avec Noida).
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