Culture
Alors que la rétrospective sur le travail du maître anglais de l’hyperréalisme s’apprête à compléter son world-tour à New York, après être passée par le Centre Pompidou de Paris, le dernier projet de David Hockney s'affiche au musée Guggenheim de Bilbao. Une exposition touchante que The Good Life ne pouvait pas rater.
A 80 ans, David Hockney n’est pas près de prendre sa retraite. « On ne pouvait plus l’arrêter ! » lâche Edith Devaney, amie de l’artiste anglais et curatrice de l’exposition, quand elle explique le cheminement qui a donné naissance à 82 portraits et une nature morte. « 20 portraits, puis 30, puis 50… Il a bien fallu couper court à l’engouement de David quand nous nous sommes rendus compte que les murs de la galerie ne pouvaient plus contenir aucun tableau supplémentaire ». En effet, cette exposition fut initialement conçue pour la Royal Gallery of London où elle s’exposa, avant d’aller se pavaner à Venise, Melbourne, et d’enfin prendre l’avion à direction du Pays Basque.
C’est au rez-de-chaussée du sublime musée Guggenheim de Frank Gehry – 20 ans cette année – que les 82 portraits et la nature morte sont affichés dans une seule et unique salle aux murs lie de vin : « la plus belle façon de montrer ces tableaux à mon avis » soufflera Edith Devaney au cours la visite. Fun fact, les chanceux qui se retrouvent accrochés à ces cimaises sont tous des proches ou des amis de David Hockney : « Les célébrités sont faites pour la photographie. Mes célébrités à moi sont mes amis ». On retrouve alors, pêle-mêle, son assistant, son frère et sa belle-sœur, son masseur… mais aussi des VIP tels que Jacob Rothschild, Larry Gagosian ou Celia Birtwell, qui avait déjà été immortalisée à l’occasion du fameux tableau « Mr & Mrs Clark and Percy » en 1970. Sans oublier Frank Gehry ! La bouche est bouclée.
Les 83 œuvres se succèdent par ordre chronologique. Un choix logique, qui se veut être le témoin du processus quasi-expérimental que le peintre appliqua à sa série. Même chaise, même fond, même taille de toile, même cadrage et… même temps de pose (3 jours !). Une rigueur presque militaire dont l’intérêt s’imposa aux yeux d’Hockney à mesure de son travail méticuleux. Il se permet uniquement d’inverser les deux couleurs de fond ou l’inclinaison du siège pour éviter une redondance. Deux peintures dérogent à cette règle : le portrait de Jean-Pierre Gonçalves de Lima, son assistant, peint recroquevillé sur lui-même, assis sur une chaise pour la seule fois assortie d’un tapis et la celèbre nature morte, substitut de dernière minute au désistement de l’un des modèles.
Cette exposition est à vivre. Il faut s’arrêter sur chacun des portraits, en apprendre l’histoire, fixer droit dans les yeux le protagoniste et imaginer quelles étaient ses pensées du moment… Un conseil : n’oubliez pas l’audio-guide ! Sans connaître la petite histoire derrière chaque tableau, cette série homogène et sans surprise quant au style d’Hockney perd quelque peu de l’intérêt… mais reste une excellent excuse pour visiter Bilbao.
« 82 portraits et une nature morte » par David Hockney
Au musée Guggenheim de Bilbao, jusqu’au 25 février 2018
www.guggenheim-bilbao.eus
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