The Good Guide
En couple à la ville comme à la scène, selon l'adage, Pierre Chomet a participé en solo à Top Chef mais c'est avec son épouse Cristina Tejeda qu'il a donné vie à Ambos, un restaurant attrayant posté aux abords du Sénat, à Paris. À quatre mains, le duo y partage une cuisine d'union généreuse.
Qui parle un peu l’espagnol saisira le ton de cette nouvelle adresse parisienne dès un premier coup d’œil. C’est que sur sa façade, s’inscrit son nom « Ambos », comprendre « tous les deux » en V.O. Dans ce restaurant de la Rive gauche à Paris, ce n’est pas un mais deux chefs qui mènent la danse.
De Top Chef à Ambos
Nom Chomet, prénoms Cristina et Pierre. Les aficionados de l’émission Top Chef ne tarderont pas à reconnaître le charismatique chef breton candidat de la saison 12 et de son épouse, à plusieurs reprises mise en images dans l’émission.
On les pensait rentrés en Asie, là où ils officièrent pendant quelques années à Bangkok, Monsieur aux côtés du chef Olivier Limousin à l’Atelier Robuchon puis de Vincent Thierry chez Chef’s Table ; Madame chez Henk Savelberg, chef étoilé néerlandais. Il n’en est rien : le chef cathodique (il a présenté une saison d’Objectif Top Chef aux côtés de Philippe Etchebest la saison suivant son concours, ndlr) avait quitté l’Asie pour participer à l’émission dont il fut éliminé en quart de finale. Le couple s’est depuis installé à Paris.
Chomet globe-trotteurs
A la façon de nombreux ex-candidats désireux de montrer « en vrai » l’étendue de leur savoir-faire, Pierre cherche une affaire à Paris. La monter avec son épouse est une évidence, elle qui cuisina un temps pour la Reine d’Angleterre (!) à Buckingam Palace comme lors de ses déplacements. « Nous sommes complémentaires », explique le chef en posant sur la table les deux amuse-bouches proposés à la carte : un arepa, petit pain de maïs vénézuélien garni (ici de poularde confite) et une galette-saucisse à la thaï.
Cristina Tejeda est vénézuélienne mais a grandi en Espagne. Sa cuisine est donc infusée de saveurs caliente et de recettes héritées de ses aïeules. Quant à Pierre Chomet, c’est sa Bretagne natale qui l’habite, de son amour pour le beurre et les sauces riches à ces mets sans chichi à engloutir avec les doigts.
Ambos, un restaurant multiculturel
Ambos se place donc à la confluence de leurs deux mondes, mais aussi de tous les pays qui ont façonné leur expression culinaire. L’Angleterre où ils se sont rencontrés à l’Atelier Robuchon, la Thaïlande où ils se sont retrouvés, l’Espagne où Cristina a grandi, l’Amérique du Sud de ses racines. La France, le pays qui a permis à Pierre Chomet de support à la réalisation de son rêve le plus cher, est devenue la base stratégique de tous ces plats inventés à quatre mains.
Cuisine d’union et pas de fusion, les influences que chérit le couple sont complémentaires dans l’assiette. Le cabillaud agrémenté foie gras snacké au binchōtan, marinade citron sésame, purée de daïkon, grué de cacao servi avec son chawanmushi est sans doute l’intitulé qui embrasse au mieux la philosophie d’Ambos : un pied sur chaque continent, la tête sur les épaules.
Car ici, il n’est pas question d’assiettes à partager chiches et difficilement lisibles. Les portions sont généreuses, chaque plat annoncé avec précision pour que le client le savoure en pleine conscience. Les accros à Top Chef reconnaîtront d’ailleurs le fameux pad thaï « inversé » présenté par Pierre Chomet dans le concours, ce tartare de crustacé servi avec sa tuile croustillante de riz et son condiment tamarin. Un must.
Cristina et Pierre Chomet signent à Paris un restaurant dans l’air du temps
Dans la ligne des restaurants d’aujourd’hui, c’est dans une salle coquette mais pas ostentatoire que seront servis les déjeuners — souvent peuplés des femmes et des hommes politiques du Sénat voisin —, comme les dîners, deux services pour une même carte. Peut-être parce qu’il a pris goût au show, Pierre a imaginé la cuisine du restaurant ouverte sur sa salle, devant laquelle sont installées trois chaises hautes. Un point de vue privilégié sur l’émulation de la brigade des Chomet.
Une franche bonne humeur se dégage du service, par ailleurs assuré en partie par le couple de chefs. Est-ce facile de travailler avec la personne qui partage sa vie, ne résiste-t-on pas à demander en fin de service ? « On s’est pris la tête juste avant le coup de feu », s’amuse Cristina dont le sourire indique que rien de grave n’est à signaler.
F.L.G.
Ambos
38 Rue de Vaugirard, 75006 Paris
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