The Good Business
Si les attaques du 11 septembre et les crises financière puis immobilière de 2008 ont ralenti le lancement de projets architecturaux de grande envergure, la construction de gratte‑ciel semble bel et bien repartie. En Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et même en Europe, de nouveaux projets sortent de terre à grand renfort de millions de dollars. Mais qu’est‑ce qui fait encore courir les hommes vers des sommets ?
Numérisation vs verticalité
L’aspect iconique d’un gratte-ciel apparaît donc déterminant, quitte à passer outre les réticences des riverains. Ainsi, à Londres, The Shard a d’abord été accueilli avec distance, avant de devenir un emblème de la ville. Livrée en 2012, cette tour réalisée par Renzo Piano est à ce jour la plus haute tour habitable d’Europe occidentale, culminant à 309 m.
Pour Julian Cross, directeur du cabinet d’architecture KPF : « Dans le paysage londonien, les tours de grande hauteur font sens. Grâce aux réseaux de transports très développés, les différentes tours sont connectées entre elles et offrent aux occupants une mixité d’usage permettant de rassembler diverses fonctions au sein d’un même espace. » A Paris, c’est la tour Triangle qui agite aujourd’hui l’opinion. Le chantier, qui aurait dû débuter en 2014, est aujourd’hui à l’arrêt.
Du côté d’Unibail-Rodamco, le spécialiste de l’immobilier commercial en charge du projet, rien ne filtre. Certaines sources proches du dossier évoquent même une possible marche arrière liée à une prise de conscience : malgré son fort symbolisme, la pertinence de la tour de grande hauteur est aujourd’hui largement remise en question. Numérisation oblige, la ville se pratique aujourd’hui en réseaux. Les usages changent et le modèle du centre décisionnel concentré et dense de la tour de bureaux est aujourd’hui questionné. « En 2009, nous avons quitté la tour Descartes, à la Défense, pour opter pour un modèle de campus, plus en harmonie avec nos usages actuels », explique Philippe Martin, directeur immobilier d’IBM France qui insiste sur les notions d’agile workspace et de collaboration.
Ailleurs dans le monde, les GAFA (Google, Amazon, Facebook ou Apple) ont eux aussi opté pour des organisations en réseaux, avec des centres de décision souvent situés à proximité de campus universitaires, loin de la traditionnelle tour de bureaux, aussi symbolique soit-elle. « Malgré le développement du télétravail, on reste dans une logique de construction en hauteur. Il est pourtant essentiel de se demander quelle sera la tour de demain dès à présent ! » conclut Thierry Paquot.
Le choix des Mipim Awards 2016
A l’occasion du Mipim, salon international des professionnels de l’immobilier, les Mipim Awards récompensent chaque année les meilleurs projets immobiliers. Pour l’édition 2016, qui s’est tenue le 17 mars au palais des Festivals, à Cannes, 12 lauréats se sont vu décerner un prix par un jury composé d’internautes, de visiteurs du salon et d’experts du secteur. Deux projets ont particulièrement retenu notre attention : la Shanghai Tower, s’est vu remettre le People’s Choice Award, un prix décerné par les internautes. Cette tour, livrée en 2015, culmine à 632 m et accueille espaces de bureaux et hôtels. Elle est, à ce jour, l’une des plus hautes tours d’Asie. La tour Duo-Paris a par ailleurs reçu le prix du Best Futura Mega Project, une distinction attribuée par le jury d’experts et les visiteurs du salon qui met la lumière sur un projet à venir. Ce projet imaginé par l’architecte Jean Nouvel pour le promoteur Ivanhoé Cambridge est un ensemble de deux tours asymétriques (180 et 122 m de hauteur) destinées à accueillir bureaux, commerces, restaurants, hôtel et auditorium, localisé dans le 13e arrondissement de Paris.