Vous aimez Jean-Paul Belmondo ? Alors vous risquez de craquer pour Cobra, cet aventurier cosmique et sympathique qui rappelle notre Bébel national. Même gueule de baroudeur gouailleur, le cigare à la bouche et la séduction en bandoulière, toujours prêt à flanquer une raclée aux méchants qu’il croise sur son chemin.
A une différence près : les crapules qu’il affronte ne sont pas des truands demi-sel à la française, mais les membres de la redoutable confrérie des Pirates de l’espace… Car Cobra évolue au XXIVe siècle, et son psychogun (rebaptisé « rayon delta » dans la version française) n’est pas de trop pour l’aider à en venir à bout ! Dissimulée dans son (faux) bras gauche, cette arme est un rayon destructeur relié à son cerveau, capable de toucher sa cible sans qu’il ait besoin de la viser. Au XXIVe siècle, il faut savoir vivre avec son temps…
Cobra, du manga au dessin animé
Autre différence : il est 100 % made in Japan, imaginé par Buichi Terasawa, publié à partir de 1978 dans le magazine japonais Weekly Shonen Jump. Le manga n’a été édité en France qu’en 1998. Heureusement, les petits Français n’ont pas eu besoin d’attendre aussi longtemps pour devenir des mordus de Cobra : la série d’animation adaptée du manga, créée dès 1982, a été diffusée trois ans plus tard sur Canal + puis dans Récré A2, l’émission culte animée par Dorothée.
De quoi patienter quelques années avant de découvrir Cobra sous forme de manga, en France, dans une version publiée dans le sens de lecture occidental et qui comporte quelques incohérences, comme le souligne Stéphane Ferrand, ancien directeur éditorial du pôle Mangas chez Glénat, dans l’indispensable Dico Manga (éd. Fleurus). Il faudra attendre 2007 pour avoir droit à une version plus conforme à l’originale, publiée cette fois par Taifu Comics.
De Belmondo à Philip K. Dick
Si Cobra ressemble à Jean-Paul Belmondo et à tous les autres baroudeurs amochés du grand écran, il doit aussi beaucoup à l’écrivain américain Philip K. Dick et à sa nouvelle Souvenirs à vendre, adaptée au cinéma sous le titre Total Recall. Au début de l’histoire, le personnage principal s’ennuie dans son quotidien d’employé de bureau et s’offre une séance de rêve proposée par la société Dream Corp. Celle-ci lui révèle son véritable passé d’aventurier : il se souvient alors qu’il a volontairement manipulé son cerveau afin d’oublier sa vie d’avant et modifié son aspect physique pour échapper à ceux qui le poursuivaient…
Outre le manga et les dessins animés, le personnage de Terasawa a aussi été le héros d’un long métrage d’animation en 1982. « Un film dépressif et bizarre, dans lequel le héros échoue dans sa mission : la femme qu’il devait protéger meurt à la fin », observe Stéphane Ferrand. Le réalisateur français Olivier Assayas a envisagé d’adapter cette série culte dans un film « live » sans pouvoir aller au bout de son projet. Comme si le héros, bien que résolument cinégénique, ne supportait finalement pas le grand écran…