The Good Business
Le défi de cette jeune femme de 26 ans ? Développer Startup Garage from Facebook France, une initiative menée en faveur des jeunes entreprises innovantes et développée à Paris, au sein du campus Station F. Une première pour le réseau social.
Enfant, Caroline Matte s’imaginait artiste ou évoluant dans le monde littéraire. Finalement, c’est dans le chaudron technologique qu’elle est tombée. Un peu par hasard. Et c’est dans cet univers prometteur qu’elle s’est progressivement spécialisée dans l’accompagnement de start-up. Pas étonnant, donc, que Facebook soit venu la chercher pour qu’elle intègre, en début d’année, son équipe Platform Partnership. Sa mission : gérer Startup Garage from Facebook. Annoncée en grande pompe en janvier par la numéro deux de l’entreprise, Sheryl Sandberg, l’initiative est une première dans le monde pour le géant américain.
Et c’est au sein de Station F, le plus grand campus de start-up du monde qui a ouvert cet été dans le XIIIe arrondissement de Paris, que Caroline Matte a démarré en septembre. « Ce rôle est très porté sur l’humain. Je suis dans mon élément, car je suis en contact avec des start-up, des structures innovantes et des entrepreneurs. C’est ce que j’ai toujours fait », explique Caroline Matte depuis la belle terrasse des locaux parisiens de Facebook, au cœur de la capitale. Les relations humaines, il faut en effet les aimer ! Il suffisait d’observer la jeune femme quelques semaines plus tôt, à Paris, lors de la retransmission de la conférence annuelle F8 destinée aux développeurs.
A l’issue de cet événement technologique, où Mark Zuckerberg annonçait, depuis la Californie, les nouveautés à venir, une file de curieux s’était formée pour parler avec Caroline Matte. Charge à elle d’expliquer Startup Garage : le concept, les possibilités, la sélection, etc. Bref, à être pédagogue ! Il faut dire qu’intégrer ce programme gratuit peut être un véritable atout pour de futures pépites. Facebook recherche de jeunes sociétés valorisant les fameuses datas afin de créer des services utiles à la vie quotidienne, à la santé, aux transports et à l’éducation. Le domaine est porteur : l’économie de la donnée devrait représenter 1 milliard d’euros en Europe d’ici à 2020. Les douze entreprises sélectionnées pour six mois – parmi lesquelles figurent déjà Chekk (identité numérique), Onecub (transfert de données) ou encore The Fabulous (bien-être) – bénéficieront de conseils personnalisés d’experts, d’ateliers hebdomadaires et pourront assister à des événements.
Une démarche porteuse de sens pour Caroline Matte
Cet accompagnement est en tout cas la marque de fabrique de Caroline Matte, qui a la volonté de se placer dans une démarche professionnelle porteuse de sens. Fille unique, originaire du sud de l’Ile-de-France, cette amatrice de yoga et de boxe française s’oriente après le bac vers une filière commerciale sans idée bien établie. « J’étais le genre de personne à entrer dans une école de commerce sans bien savoir pourquoi », dit-elle en rigolant. Après quatre ans, elle prend une année de césure avant d’intégrer un master en entrepreneuriat à Centrale-Essec, au cours duquel elle participe à un projet humanitaire aux Philippines autour de l’eau potable. Une expérience extrêmement instructive. Elle travaille ensuite au sein du fonds d’investissement technologique à impact social Investir &+ avant de rejoindre l’aventure Numa, le doyen des incubateurs parisiens. Elle y occupe les fonctions de start-up manager et gère, avec d’autres, des programmes d’accélération. « Caroline est très attentive aux qualités humaines des gens avec qui elle collabore. Elle est aussi très honnête dans sa posture. C’est précieux », se souvient une ancienne collègue. Mais après plusieurs saisons « au rythme très intense », la jeune femme rêve de quitter Paris et son stress. Et se porte alors volontaire pour aider à ouvrir le bureau de Barcelone. Une fois le deal conclu, elle y passera de longs mois, travaillera notamment avec le jeune entrepreneur espagnol Pep Gomez, et aurait pu rester dans la capitale catalane si Facebook ne l’avait pas appelée. Aujourd’hui, elle affiche un optimisme débordant, a de l’énergie à revendre et une très grande détermination. Mais elle est très réaliste face aux difficultés inhérentes à sa mission. « Je suis tout le temps dans une zone d’inconfort », juge-t-elle, en évoquant ces entrepreneurs qu’elle rencontre quotidiennement – passionnés et parfois experts – et son propre apprentissage. Se voit-elle un jour lancer sa propre start-up ? « Cela ne m’intéresse pas. C’est trop d’investissement de soi. » Et où se voit-elle dans dix ans ? Elle sourit. « Peut-être en retraite spirituelle en Inde, à gérer un bar ou en compagnie d’animaux ! » Pas mal !