The Good Business
Hier corsetés par des organisations spatiales rigides, les bureaux renouent aujourd’hui avec la liberté. Les méthodes collaboratives et la numérisation massive font sauter les verrous des univers formatés pour laisser place à des lieux inattendus et inspirants. Le bien-être des salariés serait désormais au cœur des préoccupations. Objectif? Travailler autrement, mais mieux.
Longtemps, les espaces du bureau se suivaient… et se ressemblaient. Figés, synonymes d’ennui, nos environnements de travail ne laissaient que peu de place à la spontanéité, encore moins à la fantaisie. Chacun disposant d’un poste de travail où trônait la photo des enfants, du conjoint ou du chien, comme point d’orgue d’une personnalisation réconfortante dans ces univers moroses. Face aux nouvelles méthodes toujours plus collaboratives et à la numérisation massive, l’entreprise d’hier est désormais périmée.
Changement de paradigme, les usages donnent le ton et bousculent les habitudes. Exit l’immense open-space morne et bruyant. Exit aussi le minuscule bureau fermé, symbole d’un autre temps. Place à la nuance. D’autres formes d’organisations spatiales émergent, plus agiles et plus inspirantes pour les salariés. Des espaces collectifs pour mieux coller à la réalité du monde du travail où de grandes décisions se prennent souvent autour de la machine à café. L’informel s’est ainsi formalisé dans des lieux pensés et prévus à cet effet afin de travailler autrement. Le but étant de gagner en convivialité et de faire en sorte que les salariés se sentent comme chez eux. Le design et la décoration se sont fait une place de choix dans le monde du travail, quand seules l’efficacité et la rationalisation primaient encore récemment.
Le mobilier de bureau n’est plus le seul maître à bord. Canapés confortables, cuisines familiales, tables hautes, tapis ou papiers peints cherchent ainsi à créer des atmosphères cosy. « Nous avons volontairement opté pour une décoration et une organisation de l’espace “comme à la maison” pour casser l’aspect “bureaux” et gommer la dichotomie vie professionnelle/vie personnelle », explique Thibault Lanthier, cofondateur de MonDocteur, dans une étude publiée en 2017 et intitulée « Travaille-t-on (vraiment mieux) dans la French Tech? » (www.parisworkplace.fr). Bien évidemment, grosses entreprises et fleurons de la net-économie sont davantage concernés que les PME. De même, tous les domaines ne sont pas égaux face à ces mutations. Les start-up numériques ont un temps d’avance sur l’industrie lourde. C’est néanmoins plus qu’une mode, un véritable phénomène de fond qui s’installe. La tendance est venue de la Silicon Valley, quand les start-up devenues mastodontes ont donné le ton. Depuis, la contagion s’est montrée plus que virulente. Même les entreprises françaises, encore timides il y a peu, ont sauté le pas, French Tech en tête. L’ère du tout-numérique a démultiplié les possibilités, puisqu’on peut désormais travailler partout. Le rapport à l’espace s’en trouve profondément modifié.
Aujourd’hui, place à la flexibilité, maître mot du bureau contemporain.
Un espace vivant en constante transformation destiné à stimuler la créativité des collaborateurs. Ce n’est plus à l’utilisateur de s’adapter, mais à son lieu de travail de lui offrir un large éventail de possibilités. Objectif? Encourager les interactions, favoriser les rencontres dans un environne- ment moins prescriptif que l’utilisateur peut s’approprier librement, jusqu’à aller au flex office, tendance lourde du secteur. Venu des Pays-Bas, précurseurs en la matière, le concept consiste à laisser les collaborateurs choisir leur bureau, dirigeants compris. Bien sûr, le flex office pose le problème de la territorialisation du bureau, même si le fond d’écran a largement remplacé la photo de famille encadrée.
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