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Presse BD, boom en kiosque
« Topo », « AAARG ! » et « La Revue Dessinée »
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Horlogerie

Le boom de la presse de bande dessinée

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Kaboom ! Groom ! Topo ! Aaarg ! Pas d’inquiétude : le rédacteur de cet article n’a pas perdu la raison. Il ne fait qu’énumérer des magazines consacrés à la bande dessinée qui ont vu le jour récemment. Il suffit de pousser la porte d’un marchand de journaux ou d’une librairie pour le constater : entre ceux qui publient de la BD, ceux qui portent un regard critique sur le neuvième art et ceux qui l’utilisent comme un outil pédagogique, la presse de bande dessinée se porte bien.

Pédagogique
Un magazine peut en effet faire œuvre de pédagogie et aider ses lecteurs à appréhender le processus de création d’une œuvre. Mais la bande dessinée elle-même, qui constitue un langage à part entière, possède des vertus pédagogiques. En d’autres termes, elle ne fait pas qu’imaginer le monde, elle peut aussi le raconter et l’expliquer. Tel est le credo des fondateurs de La Revue dessinée. Vendue en librairie, elle est présentée sur son site Internet comme un « trimestriel, numérique et de papier, de reportages, documentaires et chroniques en bande dessinée ».

Lancée en 2013 par les auteurs de BD Franck Bourgeron et Sylvain Ricard, auxquels étaient associés les scénaristes Olivier Jouvray et Kris, elle s’est inspirée de la revue XXI, qui publie un reportage en bande dessinée à côté de sujets mêlant texte et photos. « La bande dessinée constitue une grammaire très riche, avec de nombreuses potentialités, et cela nous paraissait intéressant de traiter l’information de cette manière, résume Sylvain Ricard, rédacteur en chef adjoint. Il existait déjà des documentaires et des reportages sous forme d’albums de bande dessinée, mais nous avions plutôt envie d’aborder l’actualité en regroupant différents sujets d’information pour donner au lecteur une idée du monde dans lequel nous vivons. Nous pratiquons le “slow media” : nous ne parlons pas de l’actu brûlante, ce qui est souvent inutile, mais nous mettons en avant des sujets de fond. Certains d’entre eux, comme les emprunts toxiques, vont rester d’actualité pendant quelques années encore… »

Du gaz de schiste à l’affaire Snowden, de la loi Macron à l’agrobusiness ou au référendum en Écosse, les grandes questions politiques et sociales sont ainsi mises en images par des duos d’auteurs associant journalistes et dessinateurs, séduisant un public qui n’est pas forcément familier de la BD. « Les amateurs de bande dessinée sont minoritaires dans notre lectorat, plutôt composé de gens curieux d’information qui s’intéressent aux sujets de société. Ce qui n’est pas incompatible avec le fait d’aimer la bande dessinée », observe Sylvain Ricard.

« La Revue Dessinée », créée en 2013, trimestriel, 20 000 exemplaires, 228 pages.
« La Revue Dessinée », créée en 2013, trimestriel, 20 000 exemplaires, 228 pages. DR

Pour ados
Forte de son succès, avec 12 000 ­exemplaires vendus de chaque numéro et pas moins de 6 000 abonnés, La Revue dessinée a lancé en septembre dernier, sur le même principe, une version pour ados baptisée Topo et sous-titrée L’Actu dessinée pour les moins de 20 ans. « C’est au moment de l’adolescence que les jeunes perdent le goût de l’info, car ils sont pris par d’autres centres d’intérêt. Et l’information qui leur est destinée n’est pas pertinente, elle favorise un zapping permanent. Nous proposons des formats plus courts dans Topo, avec plus d’humour, de ­décalage et d’impertinence. Nous jouons sur la transgression, alors que La Revue dessinée est plus classique », résume Sylvain ­Ricard.

Topo avait un prédécesseur : Groom, le petit frère de Spirou. Né en janvier 2016, au lendemain de l’attentat contre Charlie hebdo, il s’adresse à un lectorat d’enfants à partir de 8 ans, alors que Topo vise la tranche d’âge supérieure, celle des 14-à-20-ans. Groom associe des ­auteurs issus de l’hebdomadaire à de jeunes dessinateurs débutants, et ne traite que d’un seul thème par numéro. « La rédaction de Spirou avait envie de rendre hommage aux victimes. Nous nous sommes aperçus que nos auteurs, souvent cantonnés à l’humour et, en tout cas, à la fiction, sont légitimes pour traduire la réalité sur un ton accessible. Nous nous sommes dit qu’il fallait étendre cette vulgarisation à d’autres domaines que le terrorisme. Nous voulons faire comprendre aux enfants qu’on ne consomme pas l’information, mais qu’on en est acteur : il faut aller chercher celle qu’on juge pertinente », explique ­Damien Pérez, le rédacteur en chef de Groom, qui deviendra trimestriel à partir de son troisième numéro, attendu pour janvier 2017.

Ce renouvellement de l’offre de la presse consacrée à la bande dessinée traduit l’évolution que connaît le neuvième art depuis les années 90 et 2000, au cours desquelles une nouvelle génération d’auteurs s’est approprié des thèmes comme l’autobiographie, le reportage, le documentaire et tout ce qui relève de la non-fiction. Ils ont incité de nouveaux lecteurs, jusqu’alors réticents à la narration dessinée, à s’intéresser de près à la BD. « La période est faste pour la bande dessinée, conclut ­Stéphane Beaujean. Elle capte un nouveau profil de lectorat qui a commencé à apparaître dans les années 90, avec la popularisation de nouveaux genres, comme le roman graphique ou celui traitant du réel. Ce lectorat s’est vraiment développé dans la décennie suivante et trouve depuis quelques années des revues qui lui sont enfin adressées. » Pas de doute, la BD et la presse qui en parle ont encore de beaux jours devant elles !

« Topo », créé en 2016, bimestriel, 15 000 exemplaires, 144 pages.
« Topo », créé en 2016, bimestriel, 15 000 exemplaires, 144 pages. DR
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