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Montres et horlogerie

Blancpain ou la passion du monde aquatique

Voilà plus de soixante ans que la manufacture horlogère se passionne pour le monde aquatique. Pas étonnant qu’elle ait choisi de s’engager dans cette cause.

La dernière campagne de pub Blancpain semble franchement insolite comparée à celles de tous ses concurrents. En général, les manufactures se contentent, pour leur ­communication, de messages simples et ­directs avec, pour objectif, une efficacité maximale. Certaines présentent leurs montres pleine face ou de façon plus poétique avec, en fond, un décor plus ou moins ­sophistiqué, telles des natures mortes. Parfois, un éclaté impudique ­dévoile, pièce par pièce, la constitution du mouvement pour en mettre en lumière le mécanisme. Les enseignes insistent sur un éventuel détail technique à ne surtout pas manquer pour marquer la ­singularité de leurs créations. Dans les deux cas, on fait le choix du ­pragmatique et de l’efficacité. De fait, la ­dernière ­campagne ­d’affichage Blancpain laisse mi-étonné, mi-perplexe, tant elle sort des ­canons ­habituels.

Extraordinaire et onirique, le nouvel affichage Blancpain promeut écologie et technologie.
Extraordinaire et onirique, le nouvel affichage Blancpain promeut écologie et technologie. DR

Qu’y voit-on ? Une ­baleine à bosse ou rorqual, pouvant atteindre 13-14 mètres de longueur, tendre amicalement la nageoire en direction d’un petit plongeur. Le mastodonte marin se tient à la verticale, dans une pose étonnante qui rappelle la ­stature d’un homme debout. Quant au minuscule homme-grenouille, il ressemble à un petit jouet pour le bain des enfants. C’est le ­Japonais Masa Ushioda qui a pris ce puissant cliché. Il explique : « Mon travail consiste à capturer le moment où un mammifère marin exprime des émotions, pour les rendre visibles via une photographie d’art. Si mes photos incitent quiconque à se sentir plus proche du monde aquatique, alors je me sens récompensé. » Cette nageoire tendue doit s’interpréter comme la métaphore du soutien de la manufacture horlogère au monde maritime dès les années 50. Depuis, l’entreprise a multiplié les rendez-vous avec la mer.

3 questions à Laurent Ballesta

Plongeur, photographe et biologiste naturaliste français.

The Good Life : Comment le partenariat avec Blancpain a-t-il débuté ?

Laurent Ballesta : J’ai rencontré Marc Hayek, président de la marque, et Alain Delamuraz, vice-président à la tête du marketing, en 2012, au salon horloger Baselworld. Leur temps était compté. J’ai eu droit initialement à un rendez-vous de cinq minutes. Notre entretien a finalement duré une heure et demie ! Marc Hayek est passionné de plongée et de photographie sous-marine. Nous nous sommes trouvés, et compris.

TGL : Quels sont vos prochains projets avec eux ?

L. B. : Nous travaillons sur la quatrième expédition Gombessa, en Polynésie. Elle vise à étudier les chasses nocturnes des requins gris. Nous voulons montrer que les déplacements apparemment frénétiques et anarchiques de ces squales cachent, en fait, une vraie stratégie de groupe. Le thème est passionnant.

TGL : Quel est votre rapport aux montres ?

L. B. : J’aime les montres de plongée depuis tout petit. Je porte une Blancpain Fifty Fathoms en titane à double horaire, à la ville comme à la mer. En plongée, elle est mon back-up, mon secours en cas de panne d’un de mes indicateurs électroniques. Elle me donne le temps et la profondeur, deux données vitales en cas de décompression d’urgence. Grâce à elle, j’émerge sain et sauf.

En 2014, cette enseigne du groupe Swatch décide de rassembler tous ses partenariats sous le label Blancpain Ocean Commitment. Au menu, une douzaine de projets scientifiques et d’explorations océanographiques visant à la préservation des océans. Un exemple ? La manufacture a longtemps été partenaire du projet, aujourd’hui achevé, Pristine Seas du docteur Enric Sala. Ce chercheur de la National Geographic Society a préparé plusieurs expéditions vers les dernières zones maritimes du monde encore préservées de toute activité humaine, et riches en espèces animales et végétales. Il présente ensuite ses ­observations aux différents États alentours afin qu’ils ­décrètent une éventuelle protection de leurs eaux territoriales. Ce travail a, par exemple, permis la création du Nazca-­Desventuradas, un gigantesque parc marin autour de l’île de Pâques, au large du Chili. Les eaux de cette zone de 720 000 km2 sont désormais protégées, et la pêche est interdite. En tout, le programme aura aidé à la sauvegarde de plus de 3 millions de kilomètres carrés d’océan.

Le docteur Enric Sala, à la recherche des zones océaniques inexplorées.
Le docteur Enric Sala, à la recherche des zones océaniques inexplorées. DR

Mais l’opération la plus spectaculaire reste la mission Gombessa menée par le ­plongeur, photographe et naturaliste français Laurent Ballesta. Ce dernier a débusqué le cœla­canthe, ou « gombessa », le plus vieux poisson du monde : un monstre marin qu’on croyait disparu. De fait, cette drôle de sardine qui peut mesurer deux mètres et peser 70 kg vivait tapie dans le fond des océans. Derrière son physique peu engageant, façon maxipiranha, ce gros ­poisson cache un caractère plutôt placide.

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