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Denys Nevozhai - Unsplash

Tentations // Musique

Because Beaubourg : le line-up monumental de la dernière fête du Centre Pompidou

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Avec Because Beaubourg, organisé en partenariat avec le label Because Music les 24 et 25 octobre prochains, le Centre Pompidou se transforme en club géant et scène vivante pour célébrer la musique, les arts et la fête avant d’entrer en rénovation. The Good Life a rencontré Mathieu Potte-Bonneville, directeur du département culture et création du Centre Pompidou, pour revenir sur cette ultime célébration et sur la manière dont la musique, depuis toujours, résonne entre les murs du bâtiment iconique de Piano et Rogers.

Avant de tirer le rideau pour cinq ans de rénovation, le Centre Pompidou a choisi de faire ce qu’il sait faire de mieux : mélanger les genres, brouiller les frontières et faire vibrer Paris. Les 24 et 25 octobre 2025, Beaubourg s’offre une fête XXL orchestrée par Because Music, le label qui fête ses vingt ans — et qui transforme pour l’occasion le musée en dancefloor géant.


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Because Beaubourg : une dernière fois

Christine and the Queens, Myd, Catherine Ringer, 2manydjs, Sébastien Tellier, Justice (en surprise), Shygirl, Pedro Winter, Breakbot & Irfane, Camille… Deux jours et deux nuits de showcases, de sets électro et de performances artistiques dans tous les recoins du bâtiment signé Piano et Rogers. Même la Main Jaune — mythique club à rollers parisien — s’invite avec une roller disco survoltée.

Parce que le Centre Pompidou ne fait rien à moitié, la fête s’accompagne d’expériences immersives, de talks, de performances et d’une programmation spéciale France Culture. De quoi donner à ce lieu culte un adieu à son image : démesuré, libre, indiscipliné.

L’événement marque la fin d’une époque : après l’exposition Wolfgang Tillmans, Beaubourg fermera ses portes le 22 septembre pour cinq ans de travaux, avant une renaissance annoncée pour 2030. En attendant, le Centre déploiera une programmation « hors les murs » à travers la France et au Grand Palais.

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Rencontre avec Mathieu Potte-Bonneville, directeur du département culture et création

Mathieu Potte-Bonneville pilote la programmation vivante du Centre Pompidou. Il assure la co-direction artistique de l’événement
avec Paul Mourey.

The Good Life : Le Centre Pompidou est connu pour ses liens forts avec la création contemporaine. Pourquoi avoir choisi la musique pour marquer symboliquement les derniers instants avant fermeture ?

Mathieu Potte-Bonneville : Puisque nous avons donné le nom de « constellation » à la programmation que nous allons déployer, à Paris et partout en France et dans le monde durant les cinq ans à venir, on pourrait dire que le choix de la musique répond à une conjonction astrale : au moment même où nous nous préparons à dire au revoir à ce bijou d’architecture qu’est notre bâtiment historique, le label Because fête ses vingt ans. Fêter cela ensemble et en musique, c’est choisir la forme artistique la plus intensément festive et collective pour faire résonner les plateaux de ce lieu, qu’on a parfois comparé à un immense instrument de musique. Cela dit, je dois préciser tout de suite qu’autour des propositions musicales, c’est la programmation vivante dans toute sa variété qui sera à l’honneur : du cinéma à la chorégraphie – avec une œuvre pour cent performers ! – à la parole puisqu’une sélection de masterclasses réunira de nombreux invités. Sans oublier les expériences immersives à découvrir in situ, ou la roller disco party dans la galerie une, qui surplombe Paris et qui a vu passer tant de chefs-d’œuvre…

The Good Life : Comment s’est faite la sélection des artistes pour ces deux soirées et que représentent-ils dans le paysage musical actuel ?

Mathieu Potte-Bonneville : Le choix s’est fait en entrecroisant l’immense catalogue du label Because, qui est non seulement l’étendard de la french touch mais rassemble des artistes internationaux de tous horizons, avec la liste non moins étendue des complices de la programmation du Centre Pompidou : à l’image de Keziah Jones, accompagné par le label et qui a donné au Centre une performance bouleversante en 2021, racontant son parcours de Lagos à Paris et retour… Notre souhait était aussi de varier les registres : depuis des artistes aussi rares que majeurs comme Pascal Comelade, jusqu’aux groupes de la scène émergente et aux artistes de rap, en passant par de grandes voix comme Catherine Ringer ou Christine and the Queens, ou encore des expérimentations croisant musique et arts visuels, comme le concert proposé par les Limiñanas avec le photographe SMITH, dont les œuvres figurent dans nos collections. Et puis, il y a évidemment les DJ qui vont nous faire traverser deux longues nuits de clubbing : Pedro Winter a pris part au projet depuis le premier jour et les artistes du catalogue Ed Banger seront au rendez-vous.

The Good Life : Quelle place la musique a-t-elle eue historiquement dans la programmation du Centre Pompidou, et en quoi ces deux soirées s’inscrivent-elles dans cette tradition ?

Mathieu Potte-Bonneville : Le Centre Pompidou est un lieu dédié à toutes les formes d’art et de création, parmi lesquelles toutes les musiques : de la musique contemporaine dont l’Ircam est le laboratoire, jusqu’à l’électro qui est l’un des domaines d’expertise de notre service des spectacles vivants. Cela dit, le Centre n’est pas seulement un lieu de programmation pour la musique, c’est aussi un formidable lieu d’inspiration pour les musiciens et musiciennes, et le frayage permanent entre musique et œuvres plastiques y a produit des résultats spectaculaires. L’an dernier encore, Björk investissait les escaliers roulants iconiques du Centre avec une installation sonore créée in situ. Et c’est dans une fête organisée (de manière plus ou moins clandestine d’ailleurs !) au dernier étage que les Daft Punk ont découvert leur vocation et troqué leurs guitares contre des claviers – que, pour Because Beaubourg, Thomas Bangalter propose une œuvre audio et vidéo inédite a quelque chose d’un retour aux sources…

The Good Life : Comment ces événements dialoguent-ils avec l’architecture même de Beaubourg, pensée comme un espace de liberté et d’ouverture ?

Mathieu Potte-Bonneville : C’est bien simple : la fête sera partout. Depuis sa création, le Centre Pompidou a donné aux artistes l’envie d’investir des espaces inhabituels : sortir des galeries ou des salles de spectacle pour occuper les couloirs, les escalators, le forum, précisément parce que l’architecture imaginée par Piano et Rogers privilégie l’ouverture avec d’immenses plateaux libres et modulables. Pour cette célébration, nous avons poussé au bout cette logique : les propositions artistiques et musicales investiront simultanément l’ensemble des sept plateaux, sous-sol compris, et c’est la première fois qu’un seul et même événement « active » ainsi l’ensemble du bâtiment. C’est aussi qu’en réalité depuis le départ, en pensant à ce moment où les œuvres du Musée National d’Art Moderne auraient déménagé, nous avons souhaité rendre hommage à ce qui est peut-être le joyau le plus connu des œuvres que possède le Centre Pompidou, notre Joconde en quelque sorte : le bâtiment lui-même !

The Good Life : Quels échos espérez-vous que ces deux soirées trouveront auprès des jeunes générations, souvent très présentes dans les concerts mais parfois moins familières des institutions muséales ?

Mathieu Potte-Bonneville : L’une de nos ambitions permanentes, c’est de permettre à la jeunesse de se retrouver au Centre Pompidou, en tous les sens du terme : s’y reconnaître, et s’y donner rendez-vous. En réalité, c’est le cas bien au-delà de ces deux soirées : il suffisait, cet été, de passer une tête dans l’exposition que nous avons consacrée au photographe Wolfgang Tillmans pour y voir une foule aussi jeune que passionnée, et c’était tout autant le cas au printemps dans l’exposition Paris Noir… Le Centre Pompidou est un lieu intergénérationnel, et ces soirées seront j’espère une occasion pour de nombreux publics de se rencontrer autour d’artistes admirés. J’en profite pour souligner que Because Beaubourg, ce ne sont pas seulement deux soirées mais deux journées, en accès libre : et là, entre mille propositions les plus jeunes auront aussi toute leur place car un village des enfants leur sera dédié !

The Good Life : Après la fermeture, la vie culturelle liée au Centre Pompidou va se déployer hors les murs. Ces concerts peuvent-ils être lus comme un prélude à cette ouverture vers de nouveaux espaces et publics ?

Mathieu Potte-Bonneville : Nous avons déjà commencé à déployer notre programmation à Paris, en France et dans le monde. De ce côté-là, les échos sont nombreux : lorsqu’en septembre la chorégraphe Gisèle Vienne, invitée dans le cadre de notre collaboration avec la Biennale de la Danse de Lyon, a imaginé une série de DJ-sets exceptionnels pour prolonger son spectacle « Crowd » ; ou lorsqu’au mois de juin le metteur en scène Mohamed El Khatib, que nous avons convié à investir la nef du Grand Palais, y a fait danser des foules de spectateurs au son des musiques raï qui ont marqué l’histoire de l’immigration, la fête et la création, la musique et l’émotion se mêlaient déjà intimement, comme elles le feront les 24 et 25 octobre. Bref : la musique a déjà commencé, il est temps d’entrer dans la danse !


Because Beaubourg. Vendredi 24 et samedi 25 octobre de 11h à 18h en accès libre et gratuit. Soirées sur réservations.


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