The Good Business
Créée en 2016, Away connaît une ascension remarquable et a déjà vendu un demi-million de bagages. A la tête de cette start-up, deux femmes qui ont su trouver le bon segment sur lequel se positionner. Rencontre.
L’histoire d’Away ressemble à celle de nombreuses start-up à succès. D’abord, un bon story-telling. En 2015, la valise de Jen Rubio se casse au moment de passer la douane à Zurich. A son retour aux Etats-Unis, elle parle de sa mésaventure à l’une de ses collègues, Steph Korey. Les deux femmes constatent alors qu’il n’existe pas, à leur avis, de marque qui propose une valise qui ne soit ni trop cheap et fragile, ni assez accessible et pratique.
Suivent les levées de fonds, une première en octobre 2015 avant le lancement officiel de la marque, de 2,5 millions de dollars, une autre de 8,5 millions un an plus tard, puis 20 et 50 millions en 2017 et 2018. Entre temps, les deux entrepreneuses auront embauché une centaine d’employés, investi des bureaux de 1000 m² à New York dans le quartier de Soho, ouvert quatre boutiques aux Etats-Unis, une dans la Grosse Pomme, le flagship, sur Bond Street, une à Austin, deux en Californie, à Los Angeles et San Francisco. En avril dernier, elles ouvraient leurs livraisons à l’Europe et peuvent désormais vendre leurs produits dans 38 pays. Une cinquième boutique, à Londres, vient d’ouvrir ses portes. Au total, en deux ans, elles auront vendu 500 000 bagages, de la valise cabine à celle en soute en passant par les sacs à dos.
Un succès que les deux jeunes femmes – listées parmi les fameux 30 under 30 de Forbes dès 2016 – doivent à un design simple, des accessoires ingénieux (un sac pour le linge sale, des compartiments désignés et un chargeur usb entre autres) et un prix juste, de 195 à 595 $ qui ont pour but de faire de la valise un outil plutôt qu’une obligation.
Trois questions à Jen Rubio et Steph Korey, fondatrices d’Away :
The Good Life : Qu’est-ce qui démarque Away de la concurrence ?
Jen Rubio : Nous avons découvert que les autres marques du secteur mettent souvent en avant des caractéristiques de leurs produits comme les fermetures éclair ou les roues, mais aucune ne mentionne ce qui intéresse vraiment les gens lorsqu’ils partent en voyage. La différence entre un bon produit et une bonne marque, c’est l’émotion. Même si nos valises sont excellentes, pleines de fonctionnalités intéressantes comme un chargeur usb ou plusieurs compartiments, nous avons également créé une marque qui raconte une histoire autour du voyage, à propos de la destination autant que de l’utilisation du bagage. En ce sens, nos shootings sont souvent tournés hors des Etats-Unis, comme à Lisbonne dernièrement, et nous avons lancé un magazine consacré au tourisme, Here.
The Good Life : La démocratisation du voyage en avion a forcément contribué au succès d’Away…
Steph Korey : Il y a de plus en plus de voyageurs. Cela bénéficie à toute l’industrie du voyage, pas seulement aux compagnies aériennes. Aujourd’hui, on peut voyager plus souvent, plus loin, et ce n’est plus réservé à une minorité. C’était notre philosophie, dès le départ, offrir au plus grand nombre des bagages de qualité et accessibles, pour permettre, justement, de faciliter leurs déplacements. Nous avons, en quelque sorte, accompagné ce boom du tourisme en apportant la réponse à une demande grandissante.
TGL : Comment décidez-vous le développement d’Away ?
S.K. : Tout ce que nous faisons est guidé par les commentaires de notre communauté. Nos clients remontent sans-cesse les problèmes qu’ils connaissent lors de leurs voyages. C’est un prisme plus large qui nous permet, en prenant en compte ces remarques, d’adapter nos produits en fonction de ce qu’ils ont vécu, de l’avion à l’hôtel. Dès le départ, nous sommes parties de la situation plutôt que du produit. Cela donné des bons résultats, alors on continue !
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