Originaire de Thessalonique, Marina Fokidis habite à Athènes depuis plusieurs années. La fondatrice de la Kunshalle Athena Art Institution et du magazine d’art contemporain South as a state of magazine, – entre temps devenu la publication officielle de documenta –, nous raconte comment cette manifestation quinquennale d’art contemporain allemande s’est transportée jusque dans la capitale grecque.
The Good Life : La documenta 14 s’intitule «Learning from Athens». Quel sens donner à ce titre?
Marina Fokidis : Il manifeste l’effort de la documenta 14 de se dérouler sur deux sites en même temps pour la première fois de son histoire. En invitant les visiteurs à se rendre à la fois à Kassel et à Athènes, et à passer du temps dans chaque ville, Adam Szymczyk, le directeur artistique, mise sur le fait que chacun apprendra d’une réalité qui n’est pas la sienne et devra dépasser les clichés qui circulent entre le Nord et le Sud. Cette double manifestation fournit une bonne occasion de reparler de démocratie et de repenser la crise financière et humanitaire qui touche toute l’Europe.
TGL : Quel est l’impact de documenta sur la ville d’Athènes ?
M. F. : Aujourd’hui Athènes est à la fois considérée comme le berceau de la culture occidentale et la brebis galeuse de l’Europe ; elle vit, comme chacun sait, une période économique difficile. Ce contexte n’a pas empêché aux artistes grecs de s’exprimer et démontrer une forte sensibilité. Nous avons des œuvres incroyables réalisées aussi grâce à des collaborations internationales (cela est dû a une manque de financements nationaux). documenta a beaucoup aidé à l’émergence de nouvelles synergies, réseaux et façons de travailler ensemble. Notre équipe, les artistes, les visiteurs que nous attendons : nous faisons tous partie de la même expérience. La coopération entre les gens est un excellent remède pour vaincre les difficultés.
TGL : Vos ressentis sur ce projet auquel vous travaillez depuis le printemps 2014?
M. F. : Quant on accueille des invités pour une telle mission, on perçoit sa propre ville et sa réalité différemment. J’ai assisté à une propagation de nouvelles synergies entre les habitants d’Athènes, des étrangers qui n’avaient jamais vécu en Grèce ainsi que les institutions, les fondations et les associations. Nous avons tous travaillé en étroite collaboration. De plus, nous avons bénéficié d’une forte exposition médiatique internationale. Avec documenta, Athènes se transforme ainsi en endroit idéal pour la naissance de réseaux innovants.