Horlogerie
Les expos d’art contemporain du moment interrogent sur notre rapport à l’art et sur les dérives actuelles de nos sociétés.
Dans notre tour du monde des expos d’art contemporain, plusieurs artistes créent des œuvres à partir d’objets et de déchets dans le but de dénoncer les excès et la brutalité de l’époque.
La fureur de l’art, Paris. Entre geste destructeur et démarche punk, Anita Molinero est l’une des rares femmes sculpteurs de sa génération. Elle bénéficie, à 68 ans, d’une première rétrospective dans un musée parisien. Ses sculptures mutantes, conçues à partir d’objets du quotidien et de matériaux de récupération – poubelles, polystyrène, jouets, fauteuils roulants, phares de voitures, plots de chantier…–, expriment toute la brutalité de l’époque. Elle évoque une « confrontation à la matière, directe et violente » et parle d’une œuvre inscrite dans un univers « post-Tchernobyl ». Un corpus radical, enrichi récemment d’un film expérimental inédit tourné en 3D, qui sera montré pour la première fois. Anita Molinero, musée d’Art moderne de Paris, du 25 mars au 24 juillet. mam.paris.fr
Rêves américains, Munich. Artiste d’origine iranienne établie à New York, Shirin Neshat s’est fait connaître dans les années 90 par des séries photographiques où des textes calligraphiés recouvraient les yeux de femmes voilées. Dans les années 2000, son travail est devenu plus cinématographique. L’installation présentée à Munich comprend 111 portraits de résidents du Nouveau-Mexique que l’artiste a réalisés pendant le tournage de son film de fiction où une jeune immigrée iranienne interroge des familles sur leurs rêves, puis imprime les photos qu’elle prend d’eux. Sur les images de Wasp aisés, d’Afro-américains en rupture de ban, de trumpistes racistes, elle calligraphie en farsi leurs rêves, interrogeant ainsi l’Amérique dans toutes ses contradictions. Shirin Neshat. Living in One Land, Dreaming in Another, Pinakothek der Moderne, jusqu’au 24 avril. pinakothek.de
Sortir du carcan, Bordeaux. « Ce sont les règles et les conventions qui nous retiennent prisonniers », aime à dire Eva Koťátková, qui fait partie des artistes de la scène tchèque les plus en vue. Citant tout autant Samuel Beckett, Charlie Chaplin ou l’humour noir du surréalisme, elle montre – à travers des installations en forme de scène théâtrale, à travers des collages, des photographies et parfois des vidéos – comment l’école, la famille, l’État, voire l’architecture et l’habitat, disciplinent les gens, et quels sont les mécanismes de pouvoir et de contrôle qui agissent sur l’individu et sur son corps. La contrainte physique, souvent matérialisée par des cages, des corsets ou des prothèses, métaphorise ainsi la contrainte mentale. L’exposition que lui consacre le CAPC de Bordeaux pose dès lors une question passionnante : l’art offre-t-il une possibilité d’échapper au contrôle ? Ou bien confronte-t-il à un autre système de règles et de règlements ? Eva Koťátková, CAPC, jusqu’au 15 mai. Capc-bordeaux.fr
Expos d’art contemporain de New York à Metz
Regards cosmopolites, New York. C’est la cinquième fois en vingt ans que le MoMA PS1 réunit un bouquet d’artistes établis à New York, avec l’idée de prendre la température de la ville. Greater New York brasse large, lorgnant du côté des stratégies du documentaire et de l’archive, comme du surréalisme et de la fabulation. La manifestation ouvre grand les frontières géographiques en incluant des artistes originaires d’Égypte, d’Iran, de Tunisie, du Nigeria, du Mexique, d’Argentine, d’Inde. L’un d’entre eux, le Japonais Yuji Agematsu, se distingue par la modestie poétique de ses œuvres. Il façonne des centaines de minuscules sculptures à partir des détritus qu’il trouve dans les rues de New York : chewing-gum usagés, bouts de tissu, fragments de métal, etc. Greater New York, MoMA PS1, jusqu’au 18 avril. moma.org/ps1
No future ?, Metz. Conçue pour la 12e biennale de Taipei qui s’est tenue l’hiver dernier et adaptée par le Centre Pompidou-Metz, cette expo constitue une passionnante proposition autour du devenir de la planète. Le parcours réunit les œuvres d’une vingtaine d’artistes et collectifs du monde entier. Entre l’installation de la Néerlandaise Femke Herregraven qui explore l’imaginaire d’un bunker survivaliste et les tapisseries géantes du Mexicain Antonio Vega Macotela qui figurent une immense colonne de fumée formée par les millions de codes cryptés d’une liste dénonçant les fraudeurs fiscaux, bienvenue dans le grand bain du désastre actuel. Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète, Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 4 avril. centrepompidou-metz.fr
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