Horlogerie
Partout en Europe, les musées exposent des précurseurs de génie. De Lens à Amsterdam, voici nos expos d'art classique et moderne de l'automne 2021.
Du Louvre Lens au musée de l’Orangerie, à Paris, découvrez 5 expos d’art classique et moderne qui effacent le blues de l’automne 2021…
Picasso au Louvre, Lens. Picasso découvre le musée du Louvre en 1900 et, en 1933, l’un de ses tableaux y est exposé pour la première fois. Sa vie durant, l’artiste n’a cessé d’entrer en dialogue avec les oeuvres du Louvre et de s’inspirer d’un répertoire de formes quasi universel, des antiquités égyptiennes aux peintures classiques, en passant par les merveilles grecques ou ibériques. C’est ce dialogue prolifique qu’explore l’exposition en proposant une déambulation dans les différents départements du musée, avec des œuvres de Picasso en regard de pièces majeures de la collection. Ici, un vase antique en forme de chouette retrouvé à Corinthe et, là, une sculpture de terre blanche avec décor de chouette réalisée par l’artiste à Vallauris. Plus loin, ses réinterprétations de L’Enlèvement des Sabines, de Nicolas Poussin, ou du Retour du baptême, de Louis Le Nain, montrent comment le génie du XXe siècle cite, interprète ou contredit les maîtres du passé. Les Louvre de Pablo Picasso, Louvre Lens, du 13 octobre au 31 janvier. louvrelens.fr
Klee fait du hors piste, Villeneuve-d’Ascq. Où l’art prend-il sa source ? Pour des générations d’artistes, l’Antiquité et la Renaissance italienne ont constitué les grands ferments d’inspiration. Paul Klee est l’un des premiers, dans les années 1910, à faire voler en éclats les canons académiques. Il s’intéresse aussi bien à l’art préhistorique et à la création extra occidentale qu’aux productions des marges, celles des fous et des enfants. Acteur de tous les grands mouvements artistiques du XXe siècle, compagnon de route du Blaue Reiter et du Bauhaus, il redéfinit sa pratique comme un moyen de « recueillir ce qui monte des profondeurs et le transmettre plus loin ». Le LaM réunit 120 œuvres du plus grand coloriste de la modernité. Paul Klee, entre-mondes, LaM, du 19 novembre au 27 février. musee-lam.fr
Avant-garde et colonialisme, Amsterdam. Le Stedelijk Museum met en lumière un aspect inexploré de l’œuvre de deux artistes expressionnistes, Ernst Ludwig Kirchner et Emil Nolde : le lien étroit entre les toiles et les sculptures qu’ils ont produites entre 1908 et 1918, la réalité coloniale et l’agenda funeste de leur vie – Kirchner s’est suicidé en 1938, Nolde a fini fervent partisan du nazisme. À la recherche d’une forme de primitivisme, Nolde a ramené des œuvres empreintes d’exotisme d’un voyage en Papouasie-Nouvelle-Guinée. De son côté, Kirchner était fasciné par les modèles noirs qu’il faisait poser. L’exposition montre qu’on peut être en rupture de ban avec les valeurs de la bourgeoisie, appartenir à Die Brücke, collectif d’avant-garde du XXe siècle, et néanmoins véhiculer les pires préjugés. Kirchner and Nolde: Expressionism. Colonialism, Stedelijk Museum, jusqu’au 5 décembre. stedelijk.nl
Automne 2021, 2 expos d’art à Paris
Botticelli en majesté. Réunir une quarantaine de toiles de Sandro Botticelli n’est pas une mince affaire. Pour y parvenir, le musée Jacquemart-André a réquisitionné les plus grandes institutions d’Europe, la National Gallery de Londres comme la Galleria dell’Accademia de Florence ou le Rijksmuseum Amsterdam. On ne boudera pas notre plaisir, car l’accrochage présente de formidables chefs-d’œuvre, tels que la sublime Venus pudica, de la Gemäldegalerie, à Berlin, couvrant sa nudité de ses mains aux doigts déliés et de ses longs cheveux blonds, ou la Madone Campana, du musée du Petit Palais, à Avignon, donnant le sein, les cheveux assemblés sous un voile aérien aux plis sinueux et sensuels. L’exposition présente Botticelli dans son rôle de créateur génial et singulier, mais l’inscrit aussi dans son époque. Elle complète en effet la présentation de ses œuvres par quelques peintures de ses contemporains, Fra Filippo Lippi et le Verrocchio, qui furent ses maîtres d’atelier. Botticelli. Artiste et designer, musée Jacquemart-André, jusqu’au 24 janvier. musee-jacquemart-andre.com
Match Soutine / De Kooning. On a coutume de valoriser l’ascendant de la peinture américaine sur la peinture européenne au sortir de la guerre, mais l’inverse n’est pas moins vrai. En proposant une exposition qui fait dialoguer les œuvres de Chaïm Soutine (1893-1943) avec celles de Willem De Kooning (1904-1997), le musée de l’Orangerie met à jour la grande influence qu’a eue l’artiste de l’école de Paris sur le héros de l’expressionniste abstrait américain. De Kooning a découvert les tableaux de son aîné dès les années 30, puis il s’est de nouveau confronté au génie de Soutine lors de la rétrospective que le MoMA lui a consacrée, en 1950. L’Américain a puisé dans l’œuvre tourmentée et exaltée de Soutine tout son bagage : la pratique gestuelle, l’empâtement vigoureux, la force expressive, qui lui ont ouvert la perspective d’une « troisième voie », entre l’art figuratif et l’art abstrait, entre la figure et l’informe. Chaïm Soutine / Willem DebKooning, la peinture incarnée, musée de l’Orangerie, jusqu’au 10 janvier. musee-orangerie.fr
Lire aussi
Photo : 5 expos pour l’automne 2021, de Paris à Deauville
Art contemporain : 4 expos pour l’automne 2021, de Paris à Bilbao