The Good Business
Sur place ou à emporter, la coquillette fait débat. Quand les réseaux sociaux s’enflamment à propos de l’avenir de ce plat régressif (et accessible) par excellence.
Encore un nouveau concept. Tandis que le ‘bar à coquillettes’ parisien enflamme les réseaux sociaux à cause des prix pratiqués sur place jugés prohibitifs, The Good Life se questionne sur l’existence (et le choix !) du bon vieux plat de coquillettes au restaurant.
Aux origines de la polémique
La start-up food tech Not So Dark, fondée par Clément Benoit et Alexandre Haggai en 2020, a levé 20 millions d’euros deux ans plus tard et changé de nom dans la foulée. Devenu Clone, afin de s’affranchir de leur ancien modèle économique, celui des dark kitchens (cuisines ne produisant que des plats à emporter, ndlr), l’entreprise ambitionne désormais de « devenir un créateur de marques de restauration destinées à la livraison à domicile ».
Clone s’est donc imposé, porté notamment par la pandémie, comme l’un des leaders des light-franchises, modèle permettant aux restaurateurs de générer des ventes additionnelles à partir des cuisines de leurs restaurants et en complément de leur activité principale grâce à la vente à emporter.
Pourtant, fin janvier, une polémique éclate avec l’ouverture d’un pop-up store appartenant au groupe, première antenne physique de sa marque Coquillettes. On y sert donc… des coquillettes ! Et c’est tout le problème.
Payer « aussi cher pour ce qu’on peut cuisiner chez soi » ?
La twittosphère s’emballe. « Je ne comprendrai jamais ce concept d’aller au restaurant pour manger des trucs qu’on peut cuisiner facilement chez soi », balance @onanisteverbal. « C’est la pire arnaque de France », renchérit @batsumane.
Madeleine de Proust du bistrot populaire, la coquillette n’est pourtant pas une spécialité réservée aux rayons des supermarchés. Cuisinée au jambon blanc, souvent agrémentée de truffe, de la Brasserie Rosie au restaurant Champeaux d’Alain Ducasse, les tables parisiennes s’y sont mises depuis belle lurette, et à des prix dépassant largement les 10 euros.
Pourquoi Coquillettes déclenche-t-il la foudre chez ses clients ?
L’échoppe ne propose que des plats en boîtes, à emporter. Notre première hypothèse réside donc dans le fait que, perçue comme un snack, payer plus de 10 € pour une box de pâtes sans grande originalité (12,90 pour les coquillettes aux trois fromages ; 15,90 pour une carbonara) puisse coincer. Un prix psychologique à moins de 9 € serait-il mieux accepté ?
Mais soyons francs. Le rapport qualité-prix est avant tout bancal. Car si chez Rosie il faudra débourser 19 € la coquillette-jambon-Comté-truffe) ou Champeaux (22 € pour une recette similaire), la somme exigée pour le plat comprend le service, la plonge et l’assurance de retrouver des produits de qualité dans son assiette, chez Coquillettes, il efface les coûts liés au personnel de table et opère de nombreuses économies d’échelle car les plats sont cuisinés en gros, et non minute.
Dernier poil sur la soupe : si les pâtes sont faites artisanalement dans les cuisines des deux adresses précédemment citées, on suspecte une qualité industrielle pour Coquillettes.
Quand on sait que, malgré l’inflation, le paquet de 500 grammes de coquillettes résiste à moins d’un euro dans la plupart des commerces de proximité, la question se pose : les coquillettes sont-elles vraiment un plat à élire au restaurant (quel qu’il soit) ?
Coquillettes
133, Rue Saint Denis 75001 Paris jusqu’au 5 février 2023
A commander sur Ubereats ou Deliveroo
Brasserie Rosie
53 Rue du Faubourg Saint-Antoine, 75011 Paris
Restaurant Champeaux
12 Pass. de la Canopée, 75001 Paris