The Good Business
La croissance allemande a progressé de 0,7 % au premier trimestre 2016, une première depuis début 2014. Cette hausse est portée par une demande intérieure forte, mais plombée par des exportations au plus bas, qui constituent pourtant traditionnellement le moteur de l'économie Outre-Rhin. De quoi éveiller des doutes sur la pérennité du modèle allemand…
Assistons-nous à une révolution économique Outre-Rhin ? A en croire les premières estimations de croissance publiées par l’Office fédéral des statistiques Destatis, tout va pour le mieux en Allemagne avec une progression de 0,7 % du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2016. De quoi se réjouir quand on sait que les prévisions les plus optimistes tablaient sur +0,5 % et que la hausse de l’ensemble de la Zone euro se limite à +0,6 %. L’Allemagne à nouveau sur le toit de l’Europe ? Oui mais… Les données publiées montrent un changement de moteur économique avec le ralentissement de la puissance exportatrice compensée par la hausse de la demande intérieure et notamment de la consommation.
Une affirmation que nuance Alexandre Baradez, Chief Market Analysit chez IG France. Pour lui, « l’importation profite de la forte demande intérieure mais l’exportation reste importante en Allemagne. Les deux courbes tendent à se rejoindre, ce qui ne signifie pas la fin de la prédominance du commerce extérieur. » En outre, la crise durable de la croissance dans les pays émergents comme la Chine ou l’Inde est en train de s’estomper. « Le plus dur est derrière eux, sauf peut-être pour le Brésil qui subit une crise politique importante, analyse Alexandre Baradez. On observe déjà un rebond des matières premières et cela va favoriser un retour de la croissance forte en Asie et par conséquent profiter à l’Allemagne, très lié à ces pays pour ses exportations. »
Pas de chômage, plus de chocolat…
« La croissance a été freinée par le commerce extérieur, car les importations ont progressé plus vite que les exportations. » L’information issue de la publication de Destatis peut surprendre au premier abord tant l’Allemagne à toujours brillé par sa force exportatrice. En y regardant de plus près, l’annonce ne fait finalement que confirmer le revirement de politique économique pratiquée par la Chancellerie. Consciente des limites d’une économie reposant sur le commerce extérieur, l’Allemagne a choisi de soutenir la demande intérieure. Résultat : le taux de chômage (environ 6 %) n’a jamais été aussi faible depuis la réunification en 1990. Mieux, syndicats et patronat de l’industrie métallurgique se sont accordés sur une augmentation des salaires de 4,8 % sur 21 mois. Le tout combiné à la baisse de la facture énergétique en raison des prix très faibles du pétrole porte la consommation des ménages allemands.
Autres facteur conjoncturel, l’accueil de plus d’un million de demandeurs d’asile a poussé l’État à dépenser plus dans le pays, renforçant ainsi la demande interne. Enfin, le pays profite du retour des investisseurs dans le marché immobilier et de la bonne santé relative du secteur du BTP.
Une hausse durable ?
Le pays a toujours montré une capacité certaine à trouver des relais de croissance dans des secteurs peu habituels. Reste que la dépendance à la demande extérieure toujours forte et les chiffres gonflés par un mois de janvier exceptionnel devraient fortement limiter l’avancée du PIB sur un an. En cause, le ralentissement qui ébranle durablement les pays émergents comme la Chine ou le Brésil. Le FMI anticipe « seulement » 1,5 % de croissance à fin 2016, une estimation inférieure aux 1,7 % prévus par Berlin…