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48 heures à Vienne, l’archi-cité - City Guide - The Good Life
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The Good Business

48 heures à Vienne, l’archi-cité

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Ces deux dernières années, Vienne a été élue « Ville la plus agréable à vivre du monde » par The Economist. Si une douceur de vivre baigne de fait la capitale autrichienne en toute saison, c’est d’abord grâce à son urbanisme aéré et son architecture d’avant-garde depuis plus d’un siècle.

The Good Life vous embarque pour un grand week-end à Vienne !

Jour 1 : Parmi les chefs-d’œuvre du centre de Vienne

Notre balade architecturale débute au Museumquarter, l’un des symboles du renouveau viennois et une incontestable réussite d’un point de vue architectural et urbanistique. Jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, les empereurs conservaient leurs chevaux dans un immense bâtiment encadrant une esplanade aux abords immédiats du centre.

L’ensemble est ensuite laissé à l’abandon, jusqu’à ce qu’à la fin des années 1990, la ville décide d’en faire le nouveau pôle muséal de Vienne avec 250 000 m² de surfaces d’exposition. Sur l’esplanade centrale, la fratrie d’architectes Ortner a conçu deux bâtiments qui encadrent les haras historiques de l’empereur Franz Joseph.

Leopold Museum.
Leopold Museum. © WienTourismus / Peter Rigaud

A ma gauche, tout de blanc vêtu pour symboliser l’art « reconnu », le Leopold est un musée dédié aux années 1880-1910, l’âge d’or de la ville, quand Gustav Klimt, Otto Wagner et Egon Schiele formaient l’avant-garde mondiale des arts et arts appliqués.

A ma droite, le Mumok est un bâtiment sombre et volcanique, qui symbolise l’éruption des nouvelles expressions artistiques. Très populaire parmi les Viennois, l’ensemble est complété par un centre d’architecture et un lieu dédié aux enfants. Quant aux espaces extérieurs, ils sont parsemés du mobilier urbain Enzi et Enzo (PPAG), pris d’assaut dès que le soleil montre son nez…

mumok – Museum of Modern Art.
mumok – Museum of Modern Art. WienTourismus/Paul Bauer

Sur les traces d’Otto Wagner

Remontons ensuite aux sources du modernisme architectural viennois en se lançant sur les traces d’Otto Wagner (1841-1918). A la fois architecte et promoteur, il a beaucoup construit ici, des demeures privées mais aussi des bâtiments publics, des gares, des institutions…

Dans la Köstlergasse, devant le n°3 conçu au début de sa carrière (1884), on saisit ce qui fait son originalité en le comparant aux immeubles voisins : sens de la géométrie, fonctionnalisme, refus de l’ornement gratuit. Au bout cette rue, côté Naschmarkt – l’ancien marché aux puces transformé par le tourisme de masse –, il rompt avec les ornements sculptés en vogue à l’époque en créant une façade complètement plate, orné de sublimes majoliques (des plaques de céramique vernissées).

Maison des majoliques par Otto Wagner, Köstlergasse 3.
Maison des majoliques par Otto Wagner, Köstlergasse 3. WienTourismus/Christian Stemper

A deux pas, se trouve aussi le fameux bâtiment de la Sécession Viennoise, la galerie d’art créée par Joseph Maria Olbrich, un élève de Wagner, en 1897 pour exposer les œuvres de ses amis, systématiquement refusées par les institutions de la ville. Récemment restauré, ce bâtiment manifeste propose toujours des expositions mais elle renferme surtout dans son sous-sol la Beethovenfries, l’une des œuvres plus émouvantes de Gustav Klimt.

Il suffit de poursuivre quelques centaines de mètres sur le Glacis – les Viennois ont gardé ce nom français pour l’esplanade qui sépare le centre-ville de la ville moderne – pour se retrouver nez-à-nez avec les deux gares jumelles d’Otto Wagner sur la Karlsplatz. En 1898, l’architecte y a fait sensation avec sa structure en métal laissée apparente, une hérésie à Vienne où tous les immeubles sont en brique avant d’être recouverts d’épaisses moulures de plâtre. Les bâtiments jumeaux font néanmoins un effort pour s’insérer dans l’esplanade en adoptant les mêmes courbes que le dôme de l’église Saint-Charles voisine (1714).   

Karlsplatz, Otto Wagner Pavilion,
Karlsplatz, Otto Wagner Pavilion, WienTourismus/Christian Stemper

Continuez le long du Ring, la large artère arborée qui délimite le centre-ville, pour parvenir à la Sparkasse, chef d’œuvre d’Otto Wagner où il a pu s’exprimer à plus grande échelle. 

A la fin du XIXe siècle, les banques autrichiennes rivalisent de modernité pour démontrer à l’épargnant que leurs économies sont entre de bonnes mains. C’est pourquoi elles font appel à l’avant-garde des architectes pour concevoir leurs sièges.

Quand la Sparkasse (Caisse d’épargne) sollicite Otto Wagner, il n’existe pas de référent pour cette typologie : les banques d’alors sont généralement installées dans d’anciens palais, pas dans des bâtiments conçus spécifiquement pour cette activité. Wagner peut donc mettre en œuvre le fonctionnalisme et la modernité qui lui sont chers en toute liberté. En 1906, il édifie une structure en béton renforcé habillée d’une façade dont les parements en marbre et granit sont retenus par des vis d’acier laissées apparentes ! Et à l’intérieur, plutôt vide, tous les aménagements sont pensés pour être fonctionnels. Bref, tout le contraire des usages du XIXe… Depuis peu, le bâtiment a été vendu à un promoteur et si l’extérieur, classé, va être conservé, nul ne sait encore ce qu’il adviendra de l’intérieur…

Sparkasse.
Sparkasse. WienTourismus/Christian Stemper

Post-modernisme viennois

De Coop Himmelb(l)au, le collectif qui incarna le fer de lance de l’architecture autrichienne dans les années 1980, il ne reste pas grand-chose au centre-ville. Entre le Prucker Café et la Sparkasse d’Otto Wagner, un toit symbole de leur langage déconstructiviste (1986) émerge au croisement de Biberstrasse et Falkestrasse. 

 Poussez ensuite jusqu’au Stephansdom (cathédrale Saint-Etienne en français), où convergent inévitablement tous les touristes. Face à l’édifice religieux, un bâtiment construit à la fin des années 1980 a fait scandale. Pensez donc, la maison Haas de Hans Hollein revendiquait son post-modernisme dans un bâtiment habillé de verre vert.

Tout en courbes pour épouser la ligne des anciennes fortifications romaines, il s’opposait aux bâtiments au carré construits à la hâte après la Seconde Guerre mondiale, quand 30 % de la ville avait été détruite par les bombardements.  Force est de constater que le bâtiment a très bien vieilli grâce à sa palette de couleurs limitée et harmonieuse et ses matériaux de bonne qualité. En revanche, les intérieurs, peu adaptés, ont tous été détruits.  

Haas-Haus.
Haas-Haus. © WienTourismus / Peter Rigaud

 La balade s’achève quelques mètres plus loin, au bord du canal du Danube. Sur l’autre rive se dressent face à face deux tours respectivement signées Hans Hollein et Jean Nouvel. Dans ses bâtiments, le premier fait toujours référence à l’environnement architectural alors que Nouvel aime imprimer son style précis. Néanmoins, l’amitié qu’entretenaient les deux hommes se reflète dans l’attirance entre les deux tours qui penchent l’une vers l’autre…

Jour 2 : Aux confins de Vienne

Seestadt. Les smart-cities ont beau être sur toutes les lèvres, on tarde à les voir émerger… Sauf à Vienne où le quartier de Seestadt a surgi sur la rive gauche du Danube. « Comme New York sans le jet-lag », vantent les affiches au centre-ville. Dans ce néo-quartier, les rues portent le nom de femmes célèbres (d’Eileen Gray à Simone de Beauvoir) et un bus autonome (comprendre sans chauffeur) promène habitants et visiteurs. Bâtiments espacés, lac artificiel, balcons dans tous les appartements, habitat partagé, nature omniprésente, voiture rejetée en périphérie : Seestadt fait rêver d’une ville plus désirable. Même s’il est encore en construction, on peut déjà y admirer le plus haut bâtiment à ossature bois du monde, la tour HoHo.
Prendre le train U2 jusqu’à Seestadt.

Werkbundsiedlung. En 1932, la ville de Vienne lance un programme de logements sociaux expérimentaux. Le but ? Démontrer que même dans un appartement de 50 m2, on peut appliquer les préceptes naissants du modernisme architectural. Sous la direction de Joseph Frank, des figures locales comme Adolf Loos ou Joseph Hoffman ainsi que de futures stars internationales comme Gerrit Rietveld ou Richard Neutra (oui, celui qui inventa le style Palm Springs après s’être exilé en Californie). Aujourd’hui, ce petit quartier d’une vingtaine de bâtiments est toujours habité et aucune des maisons ne se visite. Néanmoins, déambuler dans cette banlieue tranquille au milieu de chefs-d’œuvre architecturaux reste un plaisir.
• Depuis le centre, prendre les trains U2 puis U4 jusqu’à Ober St.Veit.

Werkbundsiedlung.
Werkbundsiedlung. WienTourismus/Paul Bauer

Wotrubakirche. Pour découvrir cette incroyable église brutaliste, il faut s’égarer aux confins du 23e arrondissement de Vienne, là où la Nature rencontre la ville. Une fois devant, on reste stupéfait devant cet amas de 152 blocs de béton comme posés de façon asymétrique. Construite au mitan des années 1970, elle est l’œuvre du sculpteur Fritz Wotruba pour le dessin et de l’architecte Fritz Gerhard Mayr pour la réalisation. Tous deux voulaient « montrer que la pauvreté n’a pas besoin d’être laide ».
• Ottillingerplatz 1, 1230 Wien.

Kirche Zur Heiligsten Dreifaltigkeit par Fritz Wotruba.
Kirche Zur Heiligsten Dreifaltigkeit par Fritz Wotruba. WienTourismus/Paul Bauer

Hôtels

Kirchengasse 41, 1070 Wien. www.altstadt.at

Altstadt. Dans les rues situées derrière le Museumquarter, bat la vie créative viennoise. Cafés, magasins de mobilier vintage, cinémas… L’Altstadt s’est imprégnée de cette identité bohème pour animer ses chambres et suites parsemées de suspensions contemporaines et d’œuvres d’art déjantées. L’accueil, le confort et le thé servi à 17 heures chaque après-midi, sont eux typiquement viennois…Kirchengasse 41, 1070 Wien. www.altstadt.at

Andaz Vienna. Le quartier du Belvedere est celui où Eugène prince de Savoie se fit construire un palais et son jardin qui rivalisaient avec ceux des Habsbourg. Aujourd’hui, ce district proche de la gare centrale fourmille de grues et de tours audacieuses. L’Andaz a choisi de s’installer dans celle édifiée par Renzo Piano. Depuis les chambres, la vue embrasse la ville avec le Danube au loin. Arsenalstraße 10, 1100 Wien. www.hyatt.com/andaz-vienna-am-belvedere

Cafés

Stubenring 24, 1010 Wien. www.prueckel.at

Café Prückel. Un des seuls intérieurs authentiquement fifties de la ville. Le café viennois modernisé par l’architecte Oswald Hertel avec sa sélection de quotidiens de toute l’Europe. Stubenring 24, 1010 Wien. www.prueckel.at

Kleines Café. A deux pas du Stefansdom, le cœur historique de la ville, ce café ravissant est tenu par un ancien acteur populaire. Il a confié à l’architecte Hermann Czech (l’homme derrière la rénovation du Sigmund Freud Museum qui vient de rouvrir) le soin de pousser les murs de son intérieur exigu. Idéal pour faire une pause dans une ambiance authentiquement artistique. Franciskaner Platz.

Das Möbel. Ce café du quartier créatif de Spittelberg est idéal pour une pause mais c’est aussi la succursale d’un magasin de meubles qui y expose ses fauteuils, tables et bibliothèques, que l’on peut donc essayer avant de les acheter. Burggasse 10, 1070 Wien. www.dasmoebel.at

Restaurants

Bauernmarkt 10, www.wrenkh-wien.at

Wrenkh. Situé à deux pas du Stefansdom et de la fameuse horloge en forme d’ancre où se pressent les touristes, le Wrenkh fut autrefois le premier restaurant végétarien de la ville. S’il sert aujourd’hui des steaks, il n’a pas renoncé à son tropisme végétal. La preuve, son best-seller reste l’oyster mushroom (pleurote en huître) cuisiné comme une Wiener Schnitzel, la fameuse escalope panée viennoise, et servi avec une salade de pommes de terre violettes au tahiné. Bauernmarkt 10, www.wrenkh-wien.at

Motto am Fluss. Sur les rives du canal en plein renouveau, le Motto am Fluss est un embarcadère pour Bratislava – la capitale slovaque n’est qu’à une heure de bateau – agrémenté d’un restaurant surplombant les faubourgs. La nourriture succulente est plutôt bon marché, il est donc indispensable de réserver… Franz-Josefs-Kai 2 EG, www.mottoamfluss.at


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