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Il est loin le temps où Les 24 Heures du Mans n’attirait plus trop. Désormais, les constructeurs participent en masse à la plus célèbre course mondiale. Quant à la fréquentation, elle est au beau fixe, avec plus de 320 000 spectateurs recensés cette année. Quel succès !
Les 24 Heures du Mans ont eu cent ans l’an passé. La première édition est remportée en 1923 par une Chenard & Walcker. Un siècle plus tard, l’épreuve de 2023 a réuni un plateau de constructeurs bien étoffé, avec notamment les retours de Peugeot et Ferrari. Cette dernière l’emporte avec panache, devant un public conquis. Cette course a relégué aux oubliettes, les années 80 où Porsche et 2010 où Audi, luttaient contre elle-même, faute d’adversaires.
L’édition 2024 a franchi un cran supplémentaire vers le succès. Côté constructeur, c’est l’embouteillage dans la catégorie reine des Hypercars. Pas moins de neuf marques ont répondu présent. Ferrari et Toyota ont resigné tout comme Peugeot. Alpine, Porsche, BMW, Cadillac, Lamborghini étaient aussi engagées. On comptait même Isotta Fraschini, une marque glorieuse qui connut son heure de gloire avant la première guerre mondiale. Embouteillage également en GT, avec là-aussi, neuf constructeurs présents. Cela faisait des lustres que l’on n’avait vu un plateau aussi fourni.
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Zizou pour donner le coup d’envoi
La foule des grands jours est là, samedi 15 juin, pour assister au départ. Zinedine Zidane tout sourire, donne le coup d’envoi à 16 heures. Les 62 bolides engagés s’élancent alors, pour 24 heures de course. L’édition 2024 s’est avérée palpitante, un monument de suspense. La météo capricieuse, comme souvent au Mans à cette époque, n’a cessé de jouer les trouble-fête, alternant averses plus ou moins drues et courtes périodes de sec, voire de soleil.
In fine, Ferrari réédite l’exploit de l’an passé, en accrochant les premières et troisièmes places. Très disputée, la course n’a pas ressemblé à un parcours de santé. La n°50 victorieuse n’a eu aucun répit. Elle a été pourchassée sans cesse, par la meute de ses concurrentes. A l’arrivée, 8 voitures se trouvaient encore dans le même tour qu’elle. Du jamais vu ! Le leadership a changé 41 fois de main en 24 heures !
Les voitures transalpines ont notamment bataillé ferme avec la Toyota n°7, qui finit seconde, au terme d’une course sérieuse et régulière. La régularité, c’est la clé de la réussite au Mans. Une course de 24 Heures ne s’envisage pas comme un sprint. Bien souvent les voitures qui foncent bille en tête, durant les premiers tours, ne tiennent pas la distance. Au Mans, il s’agit de ménager sa monture et surtout d’éviter la faute : sortie de piste ou accident. Il faut tenir, il faut finir.
Sortie de route pour la BMW Art Car…
La XXème art car de BMW, due à Julie Merhetu, a peu brillé sur les routes sarthoises. « J’ai assisté aux 500 miles d’Indianapolis. J’ai été fascinée par les lignes que dessinait le passage des voitures à haute vitesse, se souvient la plasticienne américano-éthiopienne qui a eu l’honneur de décorer l’auto. De retour dans mon atelier, j’ai subitement vu la voiture traverser la toile ».
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La série des art cars débute en 1975, sous l’impulsion de Maitre Poulain, célèbre commissaire-priseur, fan de compétition auto. Il demande à ses amis artistes de décorer ses voitures de courses. BMW trouve l’idée originale et fournit les véhicules. La série perdure jusqu’à nous. La présentation d’un nouvel opus est toujours un évènement. Malheureusement, la dernière art car n’a pas relié l’arrivée.
Avant le départ, l’artiste américano-éthiopienne insistait sur l’importance des petits incidents de course, accrochages, dépôts d’huile… qui devaient aussi façonner sa voiture/œuvre-d’art. Elle a été servie, le bolide a dû abandonner suite à une sortie de piste, peu après la 18ème heure de course…
Un public conquis
Le public, lui, n’a jamais abandonné Le Mans, même les années où le plateau était aussi clairsemé que le poil d’un vieux tapis. Les Anglais notamment venaient en masse. Ils arrivaient au volant de bolides vintage : TVR, Morgan, Lotus ou encore quantité d’avant-guerre, Bentley Speed Six, Vauxhall ou MG roadster T.
Cette année, le public a de nouveau répondu présent. Les places se sont arrachées en quelques jours. Avec plus de 320 000 spectateurs, on n’est pas loin du record absolu. La ferveur est revenue.
Les organisateurs aménagent à leur intention, le Village des 24 Heures. Cette sorte de « fan zone », installée à l’intérieur du circuit, s’est beaucoup développée ces dernières années. Il accueille des points restauration, boutiques, attractions, écrans géants… Un peu plus loin, dans le virage Porsche, est installée la traditionnelle fête foraine, avec grande roue et manèges.
Ces animations sont très appréciées des visiteurs. Elles permettent de meubler le temps… « Une course de 24 heures c’est quand même long, rappelle Dominique Le Moal, directeur d’Oreca Events. Au Mans, il y a ce qui se passe sur la piste mais aussi tout ce qui se passe autour. Le public ne s’ennuie jamais », ajoute ce grand connaisseur du Mans.
Pourquoi ce retour de hype ?
« Aujourd’hui, le rallye est moins porteur, explique Dominique Le Moal. La Formule 1 est un peu ennuyeuse et demande en plus, des investissements colossaux. Le Mans reste une marque puissante qui permet avec des budgets raisonnables de participer, voire avec un peu de chance, de gagner ».
Reste aussi que Le Mans est une épreuve d’une rudesse exceptionnelle tant pour les hommes que pour les machines. Les pilotes sont pied au plancher 85 % du temps et flirtent régulièrement avec les 400 km/h. La course ménage des rebondissements souvent dantesques.
Aujourd’hui, il est bien agréable de voir la passion populaire de retour sur le circuit de la Sarthe. L’avenir semble radieux pour les 24 Heures du Mans.