Horlogerie
Les maisons horlogères sont à l’affût de nouveaux univers à conquérir. Le surf, discipline tendance, sportive et écolo par essence, a tout pour plaire aux marques de montres. Et elles sont nombreuses à prendre la vague.
L’horlogerie a toujours entretenu un rapport étroit avec la mer. Ainsi, dès 1815, Louis XVIII fait de Breguet l’horloger de la Marine royale française. Ulysse Nardin fabrique, en 1846, l’un des tout premiers chronomètres de marine. Rolex, pour sa part, est réputée pour son boîtier Oyster présenté en 1926 et étanche à l’eau. Enfin, la plupart des manufactures proposent des montres de plongée. En revanche, les liens entre montres et surf demeurent ténus.
Comment expliquer ce paradoxe ? Le surf est une discipline certes noble et valeureuse, mais qui, jusque-là, manquait un peu de structures. Dans l’inconscient collectif, ce sport a longtemps été synonyme d’une jeunesse marginale. L’image du surfeur un peu « roots » aurait pu tétaniser les marques de montres.
D’abord produit d’une culture de résistance, le surf s’est popularisé en même temps qu’il s’est vu érigé en emblème de la cool attitude. Aujourd’hui, on compte près d’un million de pratiquants en France, soit une hausse de 100 % en une décennie… Un vrai tsunami ! Il s’agit, en outre, d’un sport écologique et durable, qui utilise la seule force des vagues. Pour les manufactures souhaitant s’attirer les faveurs d’une jeune génération soucieuse de préserver l’environnement, c’est la discipline idéale.
TAG Heuer, la pionnière des montres de surf
En 2015, TAG Heuer est la première à s’engager dans le « tube », sous l’impulsion de Jean-Claude Biver. Ce dernier a toujours cherché à sortir des sentiers battus. « Être unique, différent, pionnier a été ma philosophie personnelle tout au long de mes 40 années d’activité », rappelle le charismatique ex-dirigeant. La marque devient chronométreur de la World Surf League.
Objectif ? Se connecter à la jeunesse. Aujourd’hui, TAG Heuer est partenaire de Kai Lenny, un Hawaïen, sept fois champion du monde de standup paddle. Il pratique aussi le kitesurf et la planche à voile. Il est ambassadeur de la montre Aquaracer, la plongeuse maison.
Breitling, la cool attitude
Breitling rejoint la vague en 2018, alors que Georges Kern a repris la manufacture en main, l’année précédente. Le dirigeant souhaite positionner la marque sur un luxe plus cool. Il met en place des équipes de personnalités expertes dans leur domaine et qui portent les valeurs de la marque. Un Surfer Squad est constitué. Il accueille, notamment, Kelly Slater, dieu du secteur, aux 11 titres de champion du monde. Ce mythe de la glisse est engagé dans la sauvegarde des océans à travers sa marque de vêtements écoresponsable, Outerknown. Pour Breitling, il crée une collection de bracelets durables aux couleurs vives en Econyl, un fil de Nylon fabriqué à partir des déchets récupérés dans les océans. Par ce rapprochement, Breitling rappelle ses liens avec la mer et met l’accent sur sa plongeuse Superocean, née en 1957. La marque veut aussi montrer qu’elle se soucie d’écologie.
Quant à Tudor, la filiale dynamique de Rolex, elle cherche à rajeunir son image. Depuis novembre 2021, elle est partenaire de la World Surf League. Cette compétition regroupe notamment les deux événements phares de la Big Wave Season. Des sessions qui se déroulent, l’une à Hawaï, l’autre à Nazaré, au Portugal, sur les plus hautes vagues du monde. Sur le premier spot, le sportif se rend au sommet des vagues par ses propres moyens. En revanche, à Nazaré, les déferlantes qui dépassent 20 mètres de haut imposent de tracter le surfeur avec un jet-ski. Bien entendu, ces vagues hors norme garantissent des images ultraspectaculaires.
Quelles montres pour le surf ?
Surfeur passionné, et cofondateur de March LA.B, Alain Marhic s’est allié à la marque de combinaison de surf française Wetty. Celle-ci a développé un modèle premium aux couleurs de sa maison horlogère. Enfin, en 2010 déjà, Chanel se rapprochait du surfeur américain Laird Hamilton pour le lancement de sa J12 Marine. On est visionnaire rue Cambon.
Parmi les montres horlogères, les plongeuses sont les mieux adaptées à la pratique du surf. Elles sont étanches, elles résistent à la pression et aux éventuels chocs avec la planche. Côté fonctions en revanche, c’est le calme plat. Peu de manufactures proposent des complications spécifiquement pensées pour la pratique du surf. La fonction maréographe, qui renseigne sur l’état de la marée, n’a plus cours en horlogerie…
Casio sur la vague
Pour trouver des infos utiles pour les surfeurs, il faut se tourner vers les petites montres à quartz. La G‑Shock de Casio en résine, résistante et waterproof, apparaît notamment bien placée. La marque a développé deux modèles en partenariat avec le champion japonais de surf Kanoa Igarashi.
Ces montres numériques s’insèrent dans la ligne G‑Lide destinée aux sports de glisse. Elles proposent graphique et calendrier des marées électronique. Elles visent plus l’efficacité que le glamour… En matière de surf, les horlogers font encore figure de débutants. Mais ce sport, synonyme de style, d’aventure et d’écologie, semble adapté à leurs aspirations.
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