Culture
Bientôt 300 ans que Ruinart se fait synonyme de l'excellence en Champagne. Pour fêter ce jubilé exceptionnel, la Maison a donné carte-blanche à l'artiste Nils-Udo sur ses terres.
Entre Ruinart et Nils-Udo, l’entente était évidente. La connivence aussi. Ces deux pionniers ont, chacun a leur façon, révolutionner leurs milieux. L’un en imposant le champagne dès 1729 comme élixir de prestige, l’autre en dessinant les contours du land art, un courant de l’art contemporain utilisant les trésors de la nature pour s’exprimer. Aujourd’hui, la maison de champagne et l’artiste allemand présentent Habitats, une œuvre-projet vouée à favoriser la biodiversité dans le vignoble de Taissy.
Les nids de Nils-Udo
« Mon travail est un prétexte pour ouvrir les yeux sur la nature autour de nous ». Son nom ne vous évoque peut-être rien mais vous vous êtes probablement un jour arrêté devant l’une de ses œuvres sans même vous en apercevoir. Un temps peintre, la renommée de Nils-Udo réside dans le land art qu’il a codifié, notamment avec ses nids, installations XXL façonnés à partir de matériaux trouvés dans la nature. Le land art, courant dont il a fini par s’éloigner, n’en partageant plus la définition contemporaine — certains artistes incluent parfois des matières manufacturées voire polluantes à leurs œuvres —, est une forme d’art qui délaisse les cimaises des musées pour créer in situ au grand air.
Ainsi, des Landes de Lunebourg où il a installé son premier Nid à la Fondation Carmignac où ses logis pour volatiles s’accompagnaient d’œufs de marbre, l’artiste allemand a fait du monde son terrain de jeu, toujours dans une logique purement écologique. « Moi, ce qui m’intéresse, c’est le fait que les choses vivent, se développent et meurent. C’est toute la nature qui m’entoure. Je m’y intègre, je travaille au rythme des saisons. » Produites dans et avec la nature, les installations de Nils-Udo sont ainsi éphémères. C’est pourquoi il s’est approprié la photographie comme moyen d’immortaliser le temporel, d’achever une œuvre pourtant évolutive.
Nils-Udo pour la Maison Ruinart
La Maison Ruinart aura 300 ans en 2029. Depuis 2019, elle introduit l’événement sous le signe de la rencontre de la nature avec l’art et le développement durable sur ses terres champenoises. Chaque année jusqu’en 2029, une œuvre naîtra ainsi au cœur de son terroir historique en enrichissant le patrimoine symbolique. Après Retour aux Sources (2019) du duo Mouawad Laurier et Movement (2021), une performance de Tomàs Saraceno réalisée dans le vignoble sur la Montagne de Reims avec une sculpture gonflable aérosolaire, c’est donc au tour de Nils-Udo d’exposer sa vision.
Naturellement, le pionnier du land art a choisi de reprendre la notion de nid. C’est au cœur du vignoble de Taissy, parcelle historique dont le terrain est un projet pilote de vitiforesterie qui vise à favoriser la biodiversité, qu’il a fait surgir trois « Habitats ». Ils ont été construits à partir des ceps et sarments retirés du vignoble par les équipes de la Maison Ruinart afin de fragmenter de grandes parcelles unitaires et leur redonner une taille bocagère, le tout dans l’objectif de favoriser la biodiversité. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…
Des troncs trouvés dans les environs soutiennent la structure qui souhaite inviter les oiseaux, les écureuils, mais aussi les abeilles, les chenilles et leurs amis à venir s’installer. Voilà donc trois créations jumelles et monumentales nommées « Habitats », pensées afin de permettre à la vie dans le vignoble de se régénérer. Une inspiration future ?
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