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Située à la confluence du Drac et de l’Isère, la presqu’île de Grenoble entend figurer la réussite du modèle grenoblois au XXIe siècle.
Labellisée ÉcoCité, la presqu’île de Grenoble, historiquement consacrée à la recherche scientifique avec le campus GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies) implanté depuis 2007, se transforme en un véritable laboratoire de la ville durable du futur.
Le tram dépasse les abords de la gare et file vers l’extrémité nord de la ville de Grenoble. Autrefois connu sous le nom de Polygone scientifique, le site de 250 hectares a toujours constitué une polarité isolée et un non-quartier en raison de sa forte spécialisation, en même temps qu’il témoignait des liens historiques entre la ville et la recherche technologique et scientifique.
Dès la seconde moitié du XXe siècle, les grands organismes nationaux et européens de recherche s’y implantent. Dans les années 60, à l’initiative du physicien Louis Néel, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) s’installe sur ces anciens terrains militaires laissés, depuis à l’abandon.
Vont suivre le Centre national de recherche scientifique (CNRS), des organismes internationaux de recherche, de multiples laboratoires, des centres de recherche et de développement, ainsi que des écoles d’ingénieurs. En 2006, l’arrivée de Minatec, créé en 2000 par le CEA, est une étape décisive dans la structuration du futur campus.
Ce complexe scientifique spécialisé dans les micro et nanotechnologies favorise le transfert entre la recherche fondamentale et l’industrie et pose les principes de base à l’origine de la création, sur la Presqu’île, du campus Grenoble Innovation for Advanced New Technologies (GIANT).
En 2008, huit partenaires historiques décident de s’allier afin de créer un campus de l’innovation technologique. On compte des acteurs issus du milieu académique, avec Grenoble École de management (GEM), l’institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP), l’université Grenoble Alpes (UGA) ; du milieu de la recherche, avec le CEA, le CNRS, et des grands équipements européens, comme le European Molecular Biology Laboratory (EMBL), le European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) et l’institut Laue-Langevin (ILL).
De la matière grise qui bouillonne
« Le modèle que nous cherchons à promouvoir est celui du campus d’innovation, explique Jean-Charles Guibert, directeur du CEA-Minatec. Sur un site relativement restreint, d’un kilomètre ou deux de côté, on trouve une composante éducation, une composante recherche académique et appliquée et, enfin, une composante industrie à travers des laboratoires industriels et des start-up. »
La visite du campus GIANT s’apparente à un exercice de haute voltige où il faut souvent faire appel à son imagination à défaut de pouvoir pénétrer dans les différents bâtiments dont les accès restent hautement gardés. Restrictions sanitaires obligent, tout comme la protection de la matière grise qui bouillonne dans ces enceintes.
Car c’est là que chercheurs, doctorants, étudiants et compagnie se penchent sur les innovations de demain, dont l’enjeu est de pouvoir apporter des solutions aux grandes problématiques contemporaines dans les domaines majeurs des énergies renouvelables, de l’environnement, de la santé, de l’information ou encore de la communication. Ce sont donc derrière les grillages et à bonne distance extérieure des bâtiments qu’on passe en revue les prestigieux occupants du site.
Presqu’île de Grenoble, un projet urbain ambitieux
Cet écosystème de l’innovation s’est également enrichi d’acteurs industriels de référence ainsi que de ressources métropolitaines. Ainsi, le campus GIANT s’insère dans un vaste et ambitieux projet urbain et durable qui vise la requalification du reste du quartier, et qui s’incarne dans le projet de la Presqu’île de Grenoble.
L’avenue des Martyrs, qui scindait le quartier en deux, le campus se déployant à l’ouest, devient l’artère centrale faisant alors office de trait d’union entre un volet scientifique et un volet urbain où de nouveaux lieux de vie ont été créés ex nihilo. En 2009, Grenoble répond à un appel à projets national dont l’objectif est de faire naître une nouvelle façon de concevoir, construire et gérer la ville et obtient ainsi le label ÉcoCité.
La Presqu’île de Grenoble devient ainsi un laboratoire où l’urbanité de demain est expérimentée. Le projet prévoit une réduction de la consommation énergétique de 30 % par rapport à la réglementation thermique actuelle en créant une centrale biomasse censée alimenter 20 000 logements en chauffage et en électricité, des toits- terrasses végétalisés, la récupération et l’utilisation des eaux de pluie…
Totem de cette écocité en expérimentation, le bâtiment démonstrateur Autonomous Building Citizen (ABC) a accueilli ses premiers habitants au printemps dernier, et vise une production d’énergie autosuffisante et renouvelable. L’édifice se trouve dans le quartier de Cambridge où sont concentrés logements et commerces, dans des immeubles à l’architecture unique, comme la tour Panache ou l’immeuble Le Soleil, organisés en îlots autour de petits jardins. À la pointe de la Presqu’île, dans le quartier d’Oxford, des entreprises comme Schneider Electric ou encore le Crédit agricole ont récemment élu domicile.
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