Lifestyle
Lancée en 2016, la marque néerlandaise de shorts et de pantalons ne cesse de gagner des parts de marché. Elle a réussi son pari : devenir une référence du vestiaire masculin en faisant simple, beau et bien.
À l’été 2014, quelques jours avant de boucler sa valise pour venir se la couler douce sous le soleil de la Côte d’Azur, Steven Vrendenbarg, jeune trentenaire néerlandais chic et pointilleux, et futur co-fondateur de Mr Marvis, se met en quête d’un short à la fois confortable, élégant et passe-partout. Du genre qu’on aimerait invariablement porter au bord de la piscine, sur la serviette de plage, puis au restaurant branché et au club de jazz, façon Jude Law dans Le Talentueux Mr Ripley…
Comme chaque année, il écume, en vain, les sites et les boutiques de vêtements de ses marques préférées. Alors à la tête d’une agence spécialisée dans le conseil aux start-up, l’entrepreneur fait dès lors cet incroyable constat : le bermuda « parfait » n’existe pas ! « J’ai toujours galéré pour trouver un bon modèle, à la fois pratique, bien taillé et fabriqué dans une belle et noble matière. Quand, par bonheur, j’en trouvais un qui répondait à cette équation, la marque en changeait la coupe ou le coloris la saison suivante, enlevait ou ajoutait des petits détails… Je devais donc reprendre ma recherche de zéro. Alors, cet été-là, je me suis dit : “Bon, mon idéal est introuvable ? Ok. Eh bien autant le créer !” »
Et, quitte à se lancer, il décide de faire du short de ses rêves un classique intemporel, un indéboulonnable du dressing masculin. Un peu comme on possède un bonnet en laine Saint James, un teeshirt blanc Levi’s, un jean brut APC ou une paire de Stan Smith. « Réaliser un short iconique au même titre que le polo Lacoste », ajoute-t-il. Rien que ça.
Convaincu du bien-fondé de son graal estival, Steven Vrendenbarg détaille son idéal à ses amis Aafke Tuin, créatrice de mode, et David Sipkens, cadre en management d’entreprise, notamment passé par Philips. Qui adhèrent. À leur visée esthétique, les cofondateurs greffent un impératif à leur cahier des charges : leur produit devra être immuable, déclinable en divers coloris, certes, mais unique à jamais et écoresponsable. Si les contours de leur business-plan sont relativement simples (un modèle haut de gamme réalisé dans la veine slow fashion), encore faut-il le mettre en musique.
Après une dizaine de prototypes réalisés et une campagne de crowdfunding en 2015, le trio néerlandais lance officiellement Mr Marvis (« pour “marvelous”, car c’est l’image que nous avons de notre consommateur », disent-ils) en mai 2016.
Et ce short, donc, sobrement intitulé Original, fabriqué en petite série à Porto, au Portugal, bastion européen de l’industrie textile « green », et cochant les cases tant espérées par son instigateur : du tissu coton Stretch sergé, une ceinture en partie élastique pour s’ajuster à un maximum de tailles, une poche cachée pour y glisser petits mais précieux effets personnels (smartphone, porte-cartes, permis bateau de bon aloi…). Un accessoire cool et noble, abordable (de 79 à 109 euros), décliné en douze couleurs, dont la coupe n’a jamais varié depuis, comme promis. « Si un produit est parfait, pourquoi en changer ? » sourit malicieusement Steven Vrendenbarg.
Seulement 2 boutiques physiques pour Mr Marvis
Autre pari concomitant à cette intrusion sur un marché réputé féroce et verrouillé : son mode de commercialisation, sciemment voulu online. Mr Marvis ne compte ainsi que deux points de vente physiques : une boutique à Amsterdam, le QG de son siège social, et un pop-up store à Anvers. « Dans les deux années à venir, on envisage des ouvertures à Londres, en Allemagne et dans le sud de la France, une région cible pour nous. Mais le gros de nos ventes se fait via le Net pour être en lien direct et privilégié avec nos consommateurs. »
Volontairement muets quant à leur chiffre d’affaires et évasifs quant aux ventes réalisées – « plusieurs centaines de milliers de pièces chaque année » –, les fondateurs assurent être « confortables ». Signe de leur bonne santé : le développement de leur gamme de produits, réalisé pied à pied. Le short d’origine a désormais des petits frères, dont un piqué de coton bio, et une quarantaine de coloris et d’imprimés – le modèle Liberty Art Fabrics, de la maison londonienne éponyme, est de toute beauté.
La famille s’est aussi agrandie d’un pantalon, The Long, un chino à la coupe slim en coton extensible, à la ceinture élastique et possédant lui aussi une poche cachée zippée à l’avant, et Les Flanelles, pour affronter l’hiver. Ainsi que de shorts de sport conçus à partir de bouteilles recyclées, en 2019, et des maillots de bain unis et imprimés à séchage express. « Nous avons aujourd’hui onze sortes de shorts et de pantalons, dont deux nouveaux modèles depuis septembre dernier. »
Les raisons du succès ? « Nos shorts et nos pantalons ont le grand avantage de s’adapter à tous les styles : on peut les porter avec un tee-shirt et une paire de sneakers ou d’espadrilles, tout comme avec une chemise et des mocassins, s’enthousiasme Steven Vrendenbarg. Notre image est bonne. On dit ce qu’on fait. Et on fait ce qu’on dit. Et dans tout business, quand on est respectueux de cela, mécaniquement, on a bonne presse. Mais notre véritable atout et le vecteur de notre croissance, ce sont nos consommateurs : ils forment une vraie communauté, se reconnaissant entre eux à la plage ou dans la rue, quand bien même le nom de la marque n’est pas visible en grosses lettres. Il y a un très fort degré d’attachement à la marque, et nos shorts, notamment, sont une sorte d’objet de ralliement. Donc, pour nous, la donne est claire pour la suite : écouter et faire ce que souhaite le client, qui est et restera le point de départ de nos créations. »
Prochain objectif : étendre la présence de Mr Marvis à l’échelle mondiale – sa zone de chalandise est à l’heure actuelle européenne. Et continuer à faire simple, beau et vertueux, autant que faire se peut.
Données clés
• Siège social : Oude Looierstraat, quartier branché d’Amsterdam construit au XVIIe siècle, également appelé « Les neufs ruelles ».
• Nombre d’employés : environ 40.
• Ventes : x 2 chaque année.
• Points de vente : Amsterdam et Anvers (pop-up) et 8 sites web.
• Zone de chalandise : Pays-Bas, France, Belgique, Grande-Bretagne, Danemark, Espagne, Italie.
• Communauté Instagram : 40 300. www.instagram.com/mrmarvis
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