Horlogerie
Le renouveau du design français s'écrit aujourd’hui souvent au féminin. Des designers qui abordent la couleur comme un matériau en soi, et non comme une « cosmétisation » des objets. Autre changement de paradigme : après les années VIA, c’est la Design Parade qui révèle les nouveaux talents.
5 figures de la relève du design français au féminin
Julie Richoz. Après l’ECAL, Julie Richoz a assisté Pierre Charpin pendant trois ans. Elle partage assurément avec ce designer plasticien une grande sensibilité à la couleur et explore avec conviction l’interaction de celle‑ci avec les formes et les volumes, comme en attestent ses vases Oreilles, développés avec le Cirva à l’issue de son Grand Prix du jury Design Parade 2012. Elle a, en toute discrétion, collaboré avec Louis Vuitton pour des accessoires et est autant à l’aise dans l’édition limitée (galerie Kreo, Libby Sellers) que dans la série industrielle – la démocratisation du design étant très importante à ses yeux : suspension Cité (Louis Poulsen), chaise Cicala (Tectona), tapis pour Hay, plats en céramique Giro et tapis Noise ou Stéréo pour la nouvelle petite maison d’édition Trame Paris.
Ionna Vautrin. Designer passée par les studios de Georges Sowden et des Bouroullec, Ionna Vautrin n’est pas du genre à se laisser enfermer dans des cases. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’elle a décidé, à l’issue du premier confinement, de s’installer en pleine campagne normande, afin, notamment, de consacrer plus de temps à la pratique de la céramique à laquelle elle se forme. Très identifiable par sa clarté graphique et son côté souvent espiègle et coloré, son travail a séduit aussi bien Foscarini (lampe Binic, photo) que Serralunga (banc Luba), JCDecaux, Monoprix (collection capsule Nest) ou la SNCF. Pour cette dernière, elle a conçu une lampe destinée aux nouvelles rames du TGV Atlantique, dorénavant éditée par Moustache. Cette aisance indéniable pour le design industriel ne l’a pas empêchée de signer les délicieuses illustrations d’un Kamasutra pour Flammarion, comme de créer récemment des figurines réalisées à partir de chutes de bois pour l’Atelier Emmaüs.
Justesse des proportions et juxtapositions raffinées
Charlotte Juillard. Charlotte Juillard a ouvert son studio d’architecture intérieure, scénographie et design à Paris en 2014, après avoir étudié à Camondo et être passée par la case Fabrica (centre de recherche et de communication du groupe Benetton), époque Sam Baron. Elle est connue pour sa justesse des proportions, ainsi que pour ses juxtapositions raffinées de matériaux, formes et couleurs : pierre de lave et velours (méridienne Lavastone), verre soufflé et borosilicate sablé (vases Apesanteur, Serax) ; cylindre et cube (vase Artifex, Ligne Roset). Sensible aux enjeux environnementaux elle a signé, pour NOMA, la chauffeuse Laime (42 % de matériaux recyclés), à la silhouette simple et instantanément accueillante.
Pauline Deltour. Diplômée de l’ENSAD, puis formée auprès de Konstantin Grcic, à Munich – « la vraie école », dit-elle –, cette finaliste du festival Design Parade 2011, qui a dessiné du mobilier pour Tolix et un vélo électrique connecté pour Yellow Innovation (le laboratoire numérique de La Poste), traite la couleur comme un matériau. Une approche particulièrement lisible dans ses tables Bloc (Established & Sons) ou son tapis Rope (Hem). Elle aime également travailler sur de petites échelles : corbeilles à fruits/papier A Tempo (Alessi), diffuseur de fragrances La Promeneuse (Cire Trudon), collection d’objets Argent de poche (Puiforcat). Avec Gwenaëlle Girard, avec laquelle elle a fondé le studio d’architecture intérieure En bande organisée, elle a récemment signé l’aménagement, à Paris, de la boutique Moustache ou de la bijouterie White Bird.
Emmanuelle Simon. Formée à Camondo, puis auprès de Jean‑Marie Massaud et Pierre Yovanonitch, Emmanuelle Simon a fondé son agence en 2017, juste avant de remporter le Prix spécial du public du festival Design Parade Toulon. Sa palette signature de neutres à peine colorés et sa sensibilité à la lumière et aux matériaux traversent aussi bien ses aménagements d’espaces (spa Evidens de Beauté) que le mobilier qu’elle dessine. Si son bar Raku-Yaki (extérieur en tuiles de céramique raku et intérieur en laiton poli miroir), à la croisée de l’Art déco et de la philosophie wabi‑sabi, ou sa chaise néomédaillon Baba sont autoéditées, elle a signé, pour Théorème Éditions – avec qui elle partage le goût de l’épure douce, des beaux matériaux et des finitions parfaites –, la lampe et le miroir Jellyfish.
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