Horlogerie
Milan n’est pas seulement le poumon industriel et financier de l’Italie, ou sa capitale de la mode et du design. La ville a aussi vu naître quelques-uns des grands noms de la BD italienne et abrite le siège d’un éditeur de référence : Bonelli.
Un dessinateur : Lorenzo Mattotti. Auteur de BD italienne, illustrateur, affichiste, peintre, réalisateur de films d’animation… Lorenzo Mattotti, né à Brescia en 1954, est un artiste complet. On ne compte plus les affiches qu’il a dessinées, ni les couvertures et illustrations qu’il a réalisées pour des magazines. Son style pictural frappe le regard, avec ses aplats de couleurs et ses personnages stylisés qui donnent une dimension envoûtante et magique à son univers de formes flirtant avec l’onirisme. Parmi les nombreuses bandes dessinées qu’il a signées, contentons-nous de citer Feux, Stigmates et Le Bruit du givre, sans oublier sa belle version de Docteur Jekyll & Mister Hyde, d’après le roman de Robert Louis Stevenson.
Un personnage : Diabolik. Il faut se méfier des jeunes filles bien élevées. En 1962, Angela et Luciana Giussani, deux sœurs de la bonne société milanaise, imaginent le personnage de Diabolik. Lointain descendant de Fantômas, maître du déguisement, à l’abri de la tentation grâce à sa fortune, il s’en prend aux gens un peu trop respectables pour être honnêtes – des mafieux, des politiciens véreux ou des trafiquants de drogue. Accompagné de la belle et vénéneuse Eva Kant, Diabolik ridiculise son adversaire, le commissaire Ginko. Mais cette BD italienne séduit le lecteur, auquel il propose une forme de transgression morale : même s’il s’en prend à des crapules, il n’hésite pas à les tuer lui-même. Aux yeux de ses créatrices, il ne pouvait donc être considéré comme un justicier digne de ce nom.
Une héroïne : Valentina. Dans les années 60 et 70, l’Italie produisait quantité de bandes dessinées érotiques. Elles étaient publiées en France dans des fascicules de petit format aux noms évocateurs, comme Luciféra, Maghella, Jacula ou Isabella, qui furent victimes d’une censure acharnée. La belle Valentina, née en 1965 sous le pinceau du Milanais Guido Crepax, se veut plus raffinée que ces héroïnes de la BD italienne « populaire », en dépit de la même terminaison en « a » de son nom. Car les aventures de cette photographe à la silhouette longiligne, qui ressemble à Louise Brooks et qui vit ses fantasmes sans retenue, sont racontées par Crepax avec un sens complexe de la mise en scène. Loin de la simplicité débonnaire de ses consœurs, peut-être moins sophistiquées mais sans doute plus chaleureuses.
Milan, capitale de la BD italienne ?
Un éditeur : Sergio Bonelli. On n’en finirait pas de dresser la liste des personnages publiés par ce monstre sacré de l’édition italienne. Sergio Bonelli, né à Milan en 1932 et décédé à Monza en 2011, fut l’éditeur, entre autres, de Dylan Dog, Martin Mystère, Nathan Never, Mister No ou encore Zagor. Mais s’il ne fallait retenir qu’un nom, un seul, ce serait bien entendu celui de Tex Willer (« Tex », pour les intimes). Ce ranger texan se bat pour la justice et contre les menées de l’infâme Méphisto. Le personnage, dont les aventures font encore les beaux jours des lecteurs transalpins, fut créé en 1948 par le dessinateur Aurelio Galleppini et par Giovanni Luigi Bonelli, fondateur de la maison d’édition dont il confia les rênes à son fils Sergio, en 1957.
Un album : Erminio le Milanais. Nul besoin d’être Italien pour imaginer un instituteur milanais qui s’installe en Sicile. Béhé vient d’Alsace, Laprun est née en Champagne et Surcouf est originaire de Mayenne. Ils évoquent l’arrivée d’Erminio Peroni dans un village des montagnes siciliennes, du rejet dont il fut l’objet de la part du maire local avant de gagner la confiance des enfants de sa classe, et de son histoire d’amour interdit pour une jeune femme mariée…
Un scénariste : Max Bunker. En inventant Diabolik, les sœurs Giussani ont donné naissance au courant des fumettineri, ces BD « noires » qui font la part belle à des personnages de criminels, mêlant noirceur et érotisme. Dans la foulée sont apparus Demoniak, Kriminal, Satanik et Zakimort. Ils ont en commun, outre la lettre K de leur patronyme, une fâcheuse tendance à faire le Mal. Le scénariste Max Bunker, né à Milan, a imaginé la redoutable Satanik, ainsi que Kriminal, reconnaissable à sa combinaison évoquant un squelette. Ces deux personnages étaient dessinés par Magnus, lequel a mis en images une autre création de Max Bunker, Alan Ford, grand succès de la BD italienne.
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