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Derrière certains objets se cachent des inventeurs passionnés, des designers ingénieux, des visionnaires, des petites révolutions technologiques ou industrielles. Nous avons choisi dix entreprises que nous côtoyons sans vraiment les connaître. Leurs produits sont de petits bouts de la France qui se baladent sur la planète. Coup de projecteur sur Gatti, l'un de ces ambassadeurs discrets qui font partie de notre patrimoine.
Vous vous y posez sans vraiment y prêter attention, et pourtant, la chaise Gatti est la reine des terrasses françaises. Son rotin tricoté de rilsan multicolore fait partie du paysage. Devenus objets culte, ces sièges et guéridons de bistrot essaiment désormais dans le monde comme autant de petits cailloux pimpants.
Ancien d’HEC, Alexis Dyèvre a d’abord créé avec succès une société tournée vers le développement des PME. « La France regorge de belles entreprises qui peuvent produire et exporter. » Il y a deux ans, son coup de cœur pour la maison Gatti, jeune centenaire fondée en 1920 par un émigré italien, lui fait sauter le pas. Aux côtés d’artisans passionnés, dépositaires d’une technicité exceptionnelle, Alexis Dyèvre s’est employé à remettre en route la transmission de ce savoir-faire fragile, réclamant à la fois force et adresse, et à le faire rayonner à l’étranger : « Ce mobilier possède un ADN très fort qui plaît de nouveau aux jeunes et aux designers. »
La chaise Gatti, des bistrots parisiens aux hôtels californiens
Sous sa houlette, la chaise Gatti s’est échappée des brasseries parisiennes pour entrer dans les maisons, les hôtels nouvelle vague, les restaurants chic. Avec 40 formes, 34 tissages et 40 couleurs, les sièges siglés de leurs plaques de laiton iconiques sont déclinables à l’infini. L’accessoire feel good par excellence.
Dans les ateliers, rotiniers et tisseurs font plier sans relâche le fameux palmier liane des forêts équatoriales d’Asie du Sud-Est et le marient au rilsan, une fibre polyamide souple et durable, obtenue à partir de l’huile de ricin. Aujourd’hui, 20 % de la production, labellisée Entreprise du patrimoine vivant, part en province, et 30 % s’échappe à l’étranger.
Les Allemands et les Autrichiens adorent, les Danois et les Anglais s’y mettent, les Américains sont sous le charme. Sur les 10 000 chaises façonnées à la main chaque année à Villemer, en Seine‑et‑Marne, 3 000 partent désormais se promener dans le monde. On croise la chaise Gatti au Metropolitan Museum de New York, dans des restaurants à Beverly Hills, à Tokyo ou à Sydney, et bientôt au Mama Shelter de Rome… Légères, inusables, aussi joyeuses qu’élégantes : autant de petites ambassadrices pimpantes de l’esprit parisien.
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