Horlogerie
Depuis 2012, les aventures de Michel Vaillant font l’objet d’une saison 2, destinée à moderniser la série. Dans Voltage, Michel bat le record de vitesse à bord d’un véhicule électrique. Mais il perd sa licence de pilote, son fils lui cause bien des soucis et une jolie journaliste tourne toujours autour de lui…
Utah, Grand Lac Salé. Au volant d’une Vaillante-Venturi profilée comme une fusée, Michel Vaillant pulvérise le record mondial de vitesse en atteignant les 712,829 km/h. Et le plus impressionnant, c’est qu’il réalise cette performance à bord d’un véhicule… électrique. Quoi ? Michel Vaillant, légende vivante de la formule 1, conduisant une voiture qui « fait un bruit de moustique », selon l’expression de son père, le vénérable Henri Vaillant ? Et pourquoi pas Tanguy et Laverdure délaissant leur Mirage III pour un planeur ? Où allons-nous si les héros de la BD franco-belge classique jettent aux orties ce qui constitue leur identité ?
Fondateur de la marque Vaillante, Henri Vaillant n’a pourtant cessé de répéter à Michel et à Jean-Pierre, le cerveau de la famille, qu’il ne veut pas entendre parler du moteur électrique. Mais cette fois, le patriarche devra accepter la réalité : les temps sont en train de changer. Et sa société ne peut se permettre d’ignorer les évolutions technologiques en cours, surtout que la situation n’est guère brillante. Alors, autant ne pas se voiler la face : depuis l’album précédent, Au nom du fils, la petite entreprise Vaillant connaît bel et bien la crise…
Rien ne va plus chez les Vaillant !
Pour ceux qui n’auraient pas ouvert un album de la série depuis des années, un bref rappel des faits s’impose. A l’heure où Michel triomphe dans le désert de sel de Salt Lake City, voilà deux ans que la marque Vaillante est absente des circuits de formule 1. En raison du krach financier de 2008, elle n’a plus les moyens de s’y consacrer. Dépité, Henri Vaillant s’emporte pour un rien. Il refuse même de regarder les Grands Prix de F1 à la télévision, un comble !
L’entreprise a dû signer un accord de partenariat avec une multinationale pour participer au championnat WTCC, réservé aux véhicules de tourisme. Les heures glorieuses de la firme Vaillante ne sont plus qu’un lointain souvenir. Pour ne rien arranger, l’ambiance familiale est plombée par le comportement du fils de Michel et Françoise. Elève dans une école chic en Suisse, il ne s’implique pas dans sa scolarité et finit même par fuguer.
Michel se demande s’il n’a pas raté son éducation à force de passer sa vie sur les circuits. Et Françoise trouve que la charmante journaliste de TF1 qui suit son mari comme son ombre, pour les besoins d’un reportage au long cours, prend beaucoup trop de place à ses côtés. Dans Au nom du fils, Michel décide de plaquer la compétition de WTCC pour avoir une explication avec son rejeton. Mal lui en prend : au début de l’album suivant, Voltage, il apprend que sa licence de pilote lui est retirée…
Nouveau départ pour Michel Vaillant
Que les « vieux » lecteurs se rassurent, les aventures de Michel Vaillant n’ont pas été transformées en un soap opera destiné à faire pleurer dans les paddocks. Elles ont simplement fait l’objet d’un relooking bienvenu, destiné à les moderniser. Fils de Jean Graton, qui créa Michel Vaillant en 1957 dans l’hebdomadaire Tintin, Philippe Graton ne s’est pas contenté d’écrire les scénarios de plusieurs albums de la série.
Au début des années 2010, il décide de faire appel à un scénariste chevronné, Denis Lapière, et à un duo de dessinateurs, Marc Bourgne et Benjamin Benéteau, pour relancer la saga. Il souhaite l’ancrer dans son époque. En 2012 paraît Au nom du fils, premier volet d’une saison 2.
Contraintes économiques, défis technologiques, difficultés familiales, problèmes personnels, introspection du héros : rien ne sera épargné aux personnages de la tribu Vaillant. Le graphisme se veut plus réaliste, les situations aussi. Dans le troisième volet de ce nouveau cycle, Collapsus, les auteurs vont même jusqu’à pousser Jean-Pierre au suicide… Mais Michel ne perd pas son accroche-cœur caractéristique.
Il reste un « véritable ami, fort, courageux et loyal », comme l’indiquait la quatrième de couverture mythique des albums de Jean Graton. Et les « Vroooaaa » caractéristiques des moteurs sonnent toujours aussi délicieusement aux oreilles des aficionados de ses exploits…
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