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The Good Business

Valeurs montantes de l’artisanat de luxe en France 1/3 : Luc Foin, cofondateur de Deejo

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A l'occasion de la fête des pères, une rencontre avec Luc Foin, cofondateur de Baladéo, Akinod et Deejo, les couteaux légers et personnalisables.

La fête des pères approche. Une période cruciale pour Deejo et ses couteaux personnalisables, et Akinod, des couverts pour lutter contre la prolifération du plastique. Rencontre avec l’un des fondateurs, Luc Foin.

Fête des pères : 8 questions à Luc Foin, cofondateur de Deejo

The Good Life : Comment votre groupe traverse-t-il l’ouragan Covid-19 ?
Luc Foin : L’impact de la crise sanitaire a forcément redistribué les cartes, mais nous restons sur une dynamique de croissance avec un chiffre d’affaires en hausse de 40 %. Après ces mois d’électrochoc, nous avons réalisé une excellente et étonnante saison juillet-septembre, portée par des touristes français venus se substituer à notre clientèle étrangère. Dans cette crise inédite, qui a mis l’économie en coma artificiel, la reprise en « K », sa nouvelle lettre emblème, condamne les entreprises qui étaient déjà en difficulté. Mais les entreprises novatrices, comme la nôtre –celles qui se situent sur la barre du K qui monte–, repartent.

TGL : Quel est l’ADN de ces couverts Akinod lancés en pleine crise ?
L. F. : Akinod, que nous avons lancée en début d’année, prouve que la crise sanitaire peut être à la fois une menace et un tremplin. L’impact Covid-19 semble bénéficier à cette nouvelle marque, inscrite dans une logique durable que nous avions anticipée, celle de l’interdiction, depuis janvier 2020, de la vaisselle en plastique. De même, la fermeture imprévue des restaurants contribue à ce développement.

Atelier Deejo, 6 rue des Filles du Calvaire (Paris 3).
Atelier Deejo, 6 rue des Filles du Calvaire (Paris 3). DR

TGL : Votre savoir-faire n’est-il pas de savoir réinventer, de révéler le potentiel novateur d’objets considérés comme dépassés ?
L. F. : Vous avez raison, nous n’avons pas inventé, mais revisité des produits en leur offrant un registre inédit. Pour Akinod, nous avons appliqué les codes des arts de la table à des couverts conçus pour des fonctions outdoor. Nos produits proposent une légèreté fonctionnelle et visuelle, une singularité.

TGL : Akinod est-elle une marque de fabrication française ?
L. F. : Nos produits ne sont pas 100 % made in France. La création est française. En revanche, les étapes purement industrielles –découpe et trempe de l’acier– sont sous-traitées en Asie.

TGL : Les ventes à l’étranger sont-elles un élément moteur pour l’avenir ?
L. F. : L’export garde toute son importance. Nous sommes en train d’ouvrir une filiale en Allemagne, après avoir signé avec un distributeur en Corée. L’international est une conquête pleine de surprises. Prenez le Japon, pays où l’on mange avec des baguettes… et où nous vendons quand même des couverts ! Et, aux Etats-Unis, pays du burger par excellence, notre marque réalise du chiffre à New York, à Los Angeles et à San Francisco, où l’on déjeune volontiers d’une salade légère.

Un couteau Deejo pour la fête des pères ? www.deejo.fr
Un couteau Deejo pour la fête des pères ? www.deejo.fr DR

TGL : Contrairement à Laguiole, Moleskine ou Zippo, vos marques n’ont pas d’histoire. Est-ce un point faible ?
L. F. : Nos produits sont créés au XXIe siècle pour des gens du XXIe siècle. Notre registre n’est pas celui de la nostalgie, mais de la modernité. Les histoires que nous racontons sont celles d’aujourd’hui.

TGL : Levez-vous des fonds pour vous développer ?
L. F. : Avec mon associé, Stéphane Lebeau, nous sommes entièrement auto financés. On a réinvesti l’intégralité de nos bénéfices dans notre activité, et nous n’avons aucune dette. Un atout précieux dans le contexte d’aujourd’hui.

TGL : Quel concept l’artisanat français doit-il privilégier pour assurer sa sauvegarde ?
L. F. : Ne jamais copier ce qui existe déjà. Copier, c’est une activité d’opportunisme. En général, ça dure deux ou trois ans. J’ai sur ma table de nuit cette bible du spécialiste du marketing américain, Jack Trout, qui fait l’éloge de la différenciation. Son titre : Differentiate or Die.

Baladéo, Deejo et Akinod

• 42 employés, dont 25 dans l’atelier de production de Torcy (Seine-et-Marne).
• Luc Foin et Stéphane Lebeau ont fondé le groupe Coriolis en 1995. En 2014, ils ont créé Deejo et ont lancé Akinod, début 2020.
• Ambition : réenchanter des créations anciennes. Baladéo a revisité l’outdoor, Deejo – 6 000 points de vente – a réinventé le couteau de poche, et Akinod – 250 points de vente en France et 150 à l’étranger – surfe sur la vague des couverts nomades.
• Stratégie : une distribution omnicanale – web, boutiques, concept-stores… – et un autofinancement à 100 %.


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