Vins et spiritueux
Single ou triple, vieillis en fût de cognac ou de xérès, distillés en Bretagne ou près d’Hiroshima, tourbés, puissants ou oncteux, ces 10 whiskies reflètent tous l’esprit d’un terroir et d’un savoir-faire.
Togouchi, Saké Cask Finish. Le premier de nos 10 whiskies « spirituels » est japonais. Ces dernières années, la mode dans le monde feutré du whisky est d’effectuer des finish de quelques semaines dans des fûts de vin, notamment provenant des régions prestigieuses françaises que sont le Bordelais ou la Bourgogne. Marque de whisky relativement jeune, puisqu’elle date de 2014, Togouchi bénéficie toutefois du savoir-faire ancestral spécialisé dans le saké de la maison Chugoku Jozo dans la région d’Hiroshima. Après avoir vieilli près de trois ans dans des fûts de bourbon (c’est un classique), le distillat est affiné ensuite trois mois dans des fûts de saké. Cette originalité unique pour le moment confère à ce whisky non tourbé des notes de vanille, de pommes fraîches, des arômes délicats et boisés, et des parfums de fruits blancs avec une finale maltée. 49,90 €. S. O.
Eddu, Silver Brocéliande. La Bretagne est une terre de distillation. En 1986, la distillerie des Menhirs, dans le Finistère, travaillait la pomme. Son pommeau de Bretagne est reconnu comme une référence. Depuis 1999, le whisky est entré dans les veines de cette maison familiale avec la marque Eddu. Il est produit avec le sarrasin, une première à l’époque. Et il en est de même pour ce Silver Brocéliande. Avec un premier vieillissement en barrique de chêne français, la maturation est ensuite réalisée dans des fûts de chêne neufs de la forêt de Brocéliande. L’histoire ne dit pas si un druide s’en sert comme potion magique. Mais qui sait ? 54 €. S. O.
Bellevoye, Finition Prune. La société de spiritueux Bienheureux, lancée par Jean Moueix et Alexandre Sirech, a créé la marque Bellevoye, qui compte désormais une référence en plus : Finition Prune. Ce triple malt français non tourbé a été affiné en barriques de vieille prune durant les derniers mois d’élevage. Le mariage de l’orge maltée et du fruit donne un résultat très gourmand. La prune ne prend pas l’ascendant sur les notes de céréales, mais lui apporte un touche rafraîchissante et originale, soulignée par des saveurs de fruits confits. Une vraie bombe aromatique qui séduira les amateurs de grandes eaux-de-vie. Ce triple malt a d’ailleurs reçu une médaille d’argent au concours World Whiskies Award 2020, dans la catégorie « Best French Blended Malt ». 69 €. B. D.
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Nc’Nean, Organic Single Malt. Les whiskies bio sont encore une denrée rare même si quelques initiatives voient le jour. C’est le cas de Nc’Nean Distillery, créée par Annabel Thomas. Le virus du whisky a pris cette jeune Londonienne éprise de nature, de grands espaces et de bio. Une philosophie de vie qu’elle met en pratique sur la côte ouest de l’Ecosse avec une première référence : Organic Single Malt. Un scotch 100 % bio, issu d’orge locale. Et pour aller plus loin, la distillerie utilise des énergies renouvelables et entend produire zéro déchet. Ce premier single malt est pur et fruité avec des notes de crème au citron, de fruits jaunes bien mûrs et une touche d’épices. On attend avec impatience la suite. 74 €. B. D.
Alfred Giraud, Voyage. Depuis 1873, la famille Giraud maîtrise tous les métiers qui permettent de produire des whiskies très haut de gamme. D’abord tonneliers dans le Cognaçais, plusieurs générations de Giraud se sont succédé comme maîtres de chai chez Rémy Martin. Aujourd’hui, c’est Philippe qui écrit une nouvelle page de l’histoire familiale avec cette bouteille inspirée d’une carafe ancienne. Le dernier jus de la gamme Exploration, Voyage, nous entraîne à la découverte d’un single malt 100 % français d’un grand raffinement. Vieilli en fûts de vieux cognacs et de sauternes, il est à la fois suave et puissant (il titre 48°), sophistiqué et structuré, d’une belle complexité, sur des notes de crème anglaise, de raisin sucré et de fleurs blanches. Attention, seulement 240 bouteilles sont proposées à la vente. 145 €. B. D.
10 whiskies qui sortent du lot
The Dalmore par Elie Bleu La Cave à cigares. La distillerie The Dalmore est l’une des plus qualitatives en Ecosse. Son maître distillateur, Richard Paterson, fort de ses 50 années d’expertise, est pour beaucoup dans sa notoriété. Pour les fêtes de fin d’année, la magnifique cave à cigares signée de la maison familiale française Elie Bleu, créée en 1976, abritera l’un des flacons de la distillerie. Mais pas n’importe lequel ! L’amateur aura le choix entre un Dalmore 35 ans vieilli dans trois fûts différents (bourbon, xérès et porto) ; un Dalmore 40 ans titrant 42 % élevé d’abord en fût de bourbon, puis transféré dans des barriques de xérès Matusalem oloroso de 30 ans ; et, enfin, pour les plus fortunés, un Dalmore 45 ans, complexe, généreux avec une finale interminable. 13 500 € le coffret. S. O.
The Nikka Tailored Blended Whisky. Les consommateurs français doivent à Nikka, la marque japonaise née en 1884, la découverte des whiskies de l’empire du Soleil-Levant. Elle fut une pionnière, entraînant dans son sillage, les autres marques de ce pays. Le succès fut fulgurant. Son fondateur, Masataka Taketsuru, peut être considéré comme le père du whisky japonais. Si l’on pense alors connaître cette référence, l’un des produits iconiques de Nikka, on sera surpris, car l’assemblage se révèle plus complexe avec l’apport des distilleries Yoichi et Miyagikyo. L’ensemble reste doux, parfaitement équilibré avec une grande délicatesse. Les cerisiers en fleur ne sont pas loin tant la bouche est onctueuse. 109 €. S. O.
The Macallan, Edition No. 6. Pour réaliser un grand whisky, la qualité de l’eau est primordiale. C’est pour cette raison que les distilleries sont à proximité d’une rivière. Et en Ecosse, il n’en manque pas. Pour Macallan, il s’agit de la rivière Spey, l’une des plus réputées du pays. Un garde-chasse est même attaché à sa surveillance. Il s’appelle Robert Mitchell. Afin de rendre hommage au cours d’eau, cette sixième et dernière édition a réuni à ses côtés Hardy (la marque de matériel de pêche à la mouche) et un organisme caritatif engagé dans la sauvegarde du saumon, The Atlantic Salmon Trust. Steven Bremmer, le créateur de whisky de la maison, résume ce dernier opus de la manière suivante : « Edition No.6 puise son inspiration dans le milieu naturel qui entoure notre distillerie, notamment la Spey, une rivière animée et vigoureuse. » 145 € S. O.
Waterford Sheestown Edition 1.2. Mark Reynier a créé la distillerie Waterford avec une démarche de vigneron. Tout comme les terroirs influencent le goût du vin, il prouve que c’est le sous-sol sur lequel pousse l’orge qui fait en grande partie la spécificité d’un whisky. Et pour aller plus loin, il utilise l’orge d’une seule ferme, d’une récolte unique et d’un seul terroir pour ses single malts. Pour ce Sheestown Edition 1.2, c’est dans le comté de Kilkenny, sur les bords de la Suir, au coeur de l’Irlande, que Phil O’Brien a produit l’orge sur une terre calcaire. Le résultat ? Un whisky complexe, au nez sur des notes gourmandes de miel et de fruits, une bouche suave qui termine sur des saveurs d’agrumes et d’épices. 79 €. B. D.
Glenglassaugh, Octaves Peated Batch 2. Au bord de la mer du Nord, la distillerie Glenglassaugh est la plus maritime du nord de l’Ecosse. On retrouve cette influence iodée dans ce single malt vieilli en octaves – des fûts huit fois plus petits que les contenants traditionnels –, qui favorisent un échange plus rapide et important entre liquide et bois. Très légèrement tourbé, ce single malt est surtout terriblement gourmand, avec des notes de caramel au beurre salé, de chocolat pimenté et de bois. Les épices donnent du relief à des arômes fruités, avant une finale riche, sur la noix rôtie et les fruits cuits. Toujours avec cette salinité typique de la distillerie. 77 €. B. D.
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Retrouvez la suite de nos whiskies Spirit in a bottle dans le dossier The Good Whiskies de notre dernier numéro, actuellement en kiosque.
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