The Good Business
La jeune marque française fait appel à sa communauté lors de la création de ses nouveaux modèles, supprime les intermédiaires et fabrique à la commande. Dans l’air du temps, Depancel milite pour la survie de l’artisanat français et la démocratisation des montres mécaniques.
Ingénieur en mécanique et physique dans un laboratoire de Genève, Clément Meynier pense alors avoir trouvé le job de ses rêves. C’est tout le contraire ! Il s’ennuie, et prend des cours du soir en mécanique horlogère. Le déclic. Passionné, il souhaite partager ses découvertes et créer une entreprise qui mettrait à l’honneur le savoir-faire artisanal et industriel français, notamment en Franche-Comté, sa région d’origine. Comme un symbole, il décide d’appeler sa marque Depancel, contraction de Delage, Panhard et Facel Vega. Trois prestigieux représentants de l’industrie automobile hexagonale, aujourd’hui disparus.
On est en 2018, et Depancel s’apprête à lancer sa première campagne sur Kickstarter. L’objectif des 65 000 € est atteint en 19 minutes. Depuis, la start-up basée à Annecy a vendu plus de 3000 montres dans 30 pays. Un succès que la marque doit à un processus de création surprenant, en trois étapes.
« D’abord, avant le lancement d’une nouvelle montre, on soumet des idées au cœur de notre communauté. Nous nous adressons à ceux qui ont déjà acheté au moins deux de nos montres, pour connaître leurs envies, imaginer le modèle qu’ils auraient envie de s’offrir, explique Clément Meynier. Ensuite, on discute du design avec une communauté plus élargie, ceux qui ont déjà répondu à nos questionnaires, avant d’envoyer le brief obtenu à l’un de nos designers partenaires. Enfin, on peaufine la technique avec tous les abonnés de notre newsletter, du choix du verre à l’étanchéité. »
Pédagogie et prix juste
Une communauté impliquée, composée de 40 000 abonnés à la newsletter, dont 10 000 ont déjà participé à la création d’une montre, et 1200 sont déjà propriétaires d’au moins deux Depancel. Cette audience permet à la marque d’activer le premier levier vers la démocratisation des montres mécaniques : la pédagogie. En effet, elle communique régulièrement à ses abonnés à propos des détails techniques de la mécanique horlogère, et permet de la rendre accessible aux non-initiés.
Second levier d’accessibilité à l’horlogerie mécanique, souvent trop chère pour la majorité des profanes curieux, le prix. La solution de Depancel est simple : supprimer les intermédiaires. « Les pièces viennent de Suisse, de France et de Chine, explique Clément Meynier, nos montres sont composées à 75 % d’éléments industriels mais nous travaillons avec deux artisans de Franche-Comté pour assembler, calibrer et décorer les mouvements Miyota, et un autre pour réaliser les bracelets en cuir. » Ensuite, les montres sont assemblées en France à la demande et vendues directement sur le site de la start-up. De quoi proposer des montres mécaniques garanties à vie pour moins de 600 €.
Depancel, ADN automobile
Ce n’est pas un secret, pour créer et fidéliser une communauté, il est important de revendiquer une identité forte. Celle de Depancel mêle, comme son nom-valise le laisse deviner, l’univers de l’horlogerie à celui de l’automobile.
Du premier modèle, l’Auto, dont le cadran rappelle les tableaux de bord vintage, au dernier garde-temps Depancel, l’Auto RS, rouge et bleue en hommage aux courses automobiles d’antan et à l’univers du rallye, en passant par la [Re]naissance qui reprend les lignes de la Delage D8, la mécanique automobile rejoint la mécanique horlogère dans toutes les créations de la marque.
Trois modèles qui préfigurent de la future structure du catalogue Depancel, selon son fondateur : « Des montres classiques, intemporelles, l’Auto et la [Re]naissance et des tool watches sportives comme l’Auto RS. » Et ce n’est pas tout, le jeune patron souhaite ajouter une troisième catégorie, des montres « concepts » réalisées sans la communauté pour « exprimer la créativité de l’équipe ».
Une team composée de cinq collaborateurs qui prépare déjà l’avenir, alors que l’Auto RS vient d’être dévoilée et sera disponible à la précommande le 16 juin. « L’objectif est de structurer notre modèle, affirme cet amateur des montres Philippe Dufour, et créer un nouveau segment, plus haut-de-gamme et plus artisanal, intégrer plus de swiss made. » Une idée soufflée… par la communauté Depancel, forcément !
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