The Good Business
Investisseur à succès, de la mode à la restauration en passant par l’hôtellerie, The Good Life a rencontré Javad Marandi.
Le point commun entre les franchises McDonald’s en Azerbaïdjan, un Sofitel de Bruxelles et l’Hôtel Chais Monnet, 5 étoiles, à Cognac ? Javad Marandi. Britannique d’origine iranienne, il s’est constitué, depuis 20 ans, un portefeuille d’investissements impressionnant, regroupé au sein de l’entreprise Alitas.
Marandi opère dans la mode, avec Wed2B (le « Zara » du mariage), Anya Hindmarch et Emilia Wickstead. Dans la logistique aussi. C’est en effet l’une de ses sociétés qui distribue les produits British American Tobacco, Imperial Tobacco et Japan Tobacco dans le Caucase et en Asie Centrale. Le bâtiment également, Alitas étant majoritaire au capital de Roth Gerüste, fabricant suisse d’échafaudages et matériaux de construction.
S’il investit dans la fast fashion, il investit également dans la fast food. Javad Marandi est ainsi le principal franchiseur de McDonald’s en Azerbaïdjan.
Mode, logistique et… hôtellerie/restauration !
Mais c’est dans l’hôtellerie qu’il mène ses plus belles batailles d’investisseur. Quelques beaux hôtels en Belgique (Sofitel Bruxelles), en Angleterre (la très rentable Soho Farmhouse et ses 98 % d’occupation) et en France, avec, depuis 2018, le seul five stars de Cognac : l’Hôtel Chais Monnet.
Installé dans les Chais Monnet, construits en 1838 et classés au Patrimoine Industriel de France, il abrite 92 chambres et suites, un spa et le restaurant gastronomique Les Foudres, du chef Marc-Antoine Lepage.
La décoration, contemporaine, qui fait écho au passé industriel du bâtiment (béton et acier) et au Cognac (une palette ambre, brun, caramel…), est le fruit de l’imagination de Didier Poignant qui a travaillé, entre autres, pour le Royal Monceau et The Hoxton Paris.
Il aura fallu deux ans de travaux et un investissement de 60 millions d’euros à Javad Marandi pour inaugurer son projet fou d’hôtel de luxe à Cognac. De passage à Paris, il reçoit The Good Life dans son restaurant de la place de l’Alma, le Shirvan. Autour d’un morceau d’agneau et d’un verre de Saint-Emilion, celui qui vient d’être décoré OBE par la Couronne britannique, parle Cognac, France et avenir.
5 questions à Javad Marandi :
The Good Life : En quoi l’Hôtel Chais Monnet est-il différent de vos précédents investissements ?
Javad Marandi : Au Sofitel Bruxelles, ou en Angleterre pour la Soho Farmhouse, j’investis avec des marques, je construis un produit d’après leurs demandes. Le risque est mesuré, je sais comment ils vont opérer. A Cognac, on a créé et on opère nous-mêmes. Ainsi, on apprend, on échoue et on gagne avec nos propres moyens. Pas de garanties, ni de structure. C’est un projet sur le long-terme.
TGL : Et pourquoi avez-vous choisi les Chais Monnet ?
J.M. : On ne construit plus comme ça. Aujourd’hui on fabrique des « boites » avec le maximum de chambres, sans caractère. C’est magnifique de saisir une opportunité comme celle-ci et transformer un tel bâtiment.
TGL : Mais le marché de l’hôtellerie à Cognac n’est pas aussi développé qu’à Londres ou Paris…
J.M. : Cognac est l’une des marques les plus connues du monde. Le Cognac vit une renaissance et a créé de l’excitation autour de lui. La ville et sa région sont très belles et attirent de nombreux touristes mais le manque de chambres les empêche de rester plus d’une journée. C’est sûr, aujourd’hui ont doit se dire que je suis fou, mais dans 20 ans on me verra peut-être un visionnaire ! C’est un projet sur le long terme, pas de la spéculation. Un acte pionnier. Quelque chose sur lequel on construit son nom. Si je vous dis que j’ai un Sofitel à Bruxelles, il n’y a rien d’excitant, c’est juste un investissement. Le Chais Monnet, c’est de la création. Cela permet de créer une marque.
« Si on réussit à en France, on peut réussir partout »
TGL : Investir en France dans l’hôtellerie, qu’est-ce que ça a de spécial ?
J.M. : La France possède une grande tradition d’hospitalité. Si on veut créer un nom et une marque, c’est en France qu’il faut le faire. Selon moi, si on réussit à Paris et en France, on peut réussir partout. C’est plus difficile car il y a plus de concurrence, mais on peut internationaliser sa marque plus aisément. Mon but, depuis l’inauguration de l’Hôtel Chais Monnet, est de créer un produit international. Le concept de ce restaurant (le Shirvan, NDLR), par exemple, que l’on a ouvert à Paris sur un marché ultra-compétitif, intéresse aujourd’hui des investisseurs en Arabie Saoudite, au Qatar, à Londres et à Genève. Si on fait quelque chose de bien en France, tout le monde le saura, c’est le showcase du Monde.
TGL : Quels sont les prochaines étapes dans le développement d’Alitas ?
J.M. : L’objectif est de reproduire les succès des modèles qu’on a lancé, comme Shivan et l’Hôtel Chais Monnet. Aussi, nous préparons la construction d’une Soho Farmhouse à New york. Les travaux devraient débuter au printemps 2020 pour une ouverture en 2022. Enfin, nous venons d’apprendre que la prochaine cérémonie de remise des étoiles Michelin se tiendra à Cognac le 18 janvier 2021. Une belle opportunité de faire parler de la destination, et de notre hôtel qui fera le plein pendant les festivités.
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