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Vins et spiritueux
Si la Belgique n’a pas de champagne, ses bulles sont mondialement reconnues grâce à la renommée de ses bières. De Paris à Tokyo, en passant par Bruxelles, bien sûr, le succès des brasseries belges ne se dément pas.
Du 6 au 8 septembre dernier, ça ne sentait pas le soufre, mais la levure sur la Grand-Place de Bruxelles. Le temps d’un week-end, les lieux ont pris des allures de bar XXL pour l’incontournable Belgian Beer Weekend (BBW). Elles étaient toutes là. La blanche estivale, la gueuze, la bière d’abbaye authentique, la brune complexe élevée en barrique…
Pas moins de 70 000 visiteurs sont venus découvrir un large échantillon de plus de 500 bières, connues ou insolites, dans des verres de dégustation de 15 ou 20 cl. Eh oui, en Belgique, servir la petite mousse dans des verres en plastique, comme un vulgaire jus, relève du sacrilège ! La descendante de la cervoise mérite un contenant spécifique pour en apprécier toutes les qualités organoleptiques.
Les bières pèsent 1% du PIB
Avec plus de 700 bières recensées, la Belgique demeure « le pays de la bière », ce que nul n’ose contester. Mieux, le marché brassicole belge est très dynamique. Selon le rapport annuel des Brasseurs belges (association professionnelle à laquelle sont affiliées presque toutes les brasseries du pays), le nombre de brasseries est passé de 261, en 2017, à 304, en 2018.
Certes, depuis quelques années en Europe, la bière a le vent en poupe, ce qui profite naturellement à la bière belge. Mais si en France une brasserie artisanale voit le jour chaque semaine, le secteur ne pèse pas encore de manière significative au sein de l’économie nationale.
Or, chez nos voisins d’outre-Quiévrain, ce n’est pas le cas. L’industrie de la bière joue un rôle essentiel sur le plan économique : « Notre secteur emploie, directement et indirectement, plus de 55 000 personnes. Les prélèvements obligatoires représentaient, en 2018, presque 800 millions d’euros. Selon le Bureau fédéral du Plan, notre contribution est estimée à 4 milliards d’euros, ce qui représente quand même 1 % de notre PIB », assure Jean-Louis Van de Perre, le président des Brasseurs belges.
La bière belge est également très populaire à l’étranger. Selon Jean-Louis Van de Perre, elle contribue également largement au rayonnement culturel de la Belgique, avec notamment un Belgian Beer Weekend exporté au Japon. En neuf ans, entre 2010 et 2018, la barre du million de visiteurs a été franchie. En 2019, la dixième édition, répartie en 47 week-ends de la bière, s’est tenue à Nagoya, Yokohama, Tokyo, Hibiya, Sapporo, Osaka et Kobe.
Premier exportateur européen de bière
Les 304 brasseries belges affichent ainsi une production annuelle de plus de 20 millions d’hectolitres de bière par an. 30 % pour le marché domestique et 70 % destinés à l’exportation. En 2017, la Belgique a même détrôné l’Allemagne en tant que premier exportateur européen de bière. The Brewers of Europe a estimé qu’en 2017 les brasseurs belges ont exporté quelque 15,8 millions d’hectolitres. La France constitue un marché très important à l’exportation pour les bières belges, le premier en Europe. La marque Mort Subite en est un exemple.
« La France est notre principal débouché à l’export, loin devant les Pays-Bas et la Russie. Elle absorbe la moitié de notre production, soit près de 50 000 hectolitres. Elle y a même davantage de succès qu’en Belgique », assure Paolo Bouquin, qui s’occupe du marché des bières de brasseurs indépendants chez Heineken. Si cette bière belge est aussi appréciée, c’est parce qu’elle bénéficie d’une excellente image, à l’instar des bières d’abbaye, Affligem ou Grimbergen, pour ne citer que les plus connues.
Des bières au style unique
Ces deux segments, lambic et abbaye, résistent admirablement à la montée des bières dites « artisanales ». Elles peuvent revendiquer un style unique qui n’a que peu évolué au fil des ans, même si certains produits (bières aromatisées, sans alcool) sont venus enrichir leurs gammes avec succès. « Ça m’a bien goûté », disent les Belges pour « ça m’a bien plu ». Cette expression pourrait bien faire le tour du monde, mais attention à consommer cette boisson avec modération, sous peine de « se prendre une bonne doufe » : une bonne cuite, en patois wallon dans le texte !
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