The Good Business
Avant son passage au Mandali Retreat Center, en Italie, The Good Life a rencontré Peter Matthies, chantre du Conscious Business.
La dernière décennie a été le théâtre de grands bouleversements dans le monde de l’entreprise moderne. Il y a eu les GAFA et leurs bureaux ouverts, avec hamacs et barres chocolatées à volonté, les start-ups et les babyfoots au milieu de l’open-space et, depuis quelques années, de nouvelles tendances qui visent toujours à flouter la frontière travail/vie privée. Le coworking, les chief happiness officers, ainsi que la fin de la réunionite, des horaires fixes et des bureaux cloisonnés pour les supérieurs hiérarchiques. Entre autres.
En 2015, Pierre Moniz-Barreto allait plus loin avec son livre Slow business ralentir au travail et en finir avec le temps toxique. Les affaires au ralenti ? Pas du tout, comme l’auteur l’expliquait alors à L’Express : « Il est plutôt question de réinventer la notion de la gestion du temps au travail, et de mettre en place un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle. […] Il s’agit d’un système où les employés sont autorisés à prendre pleinement le contrôle de leur temps professionnel, […] ils ne sont plus évalués au temps de présence, mais uniquement au résultat. »
Une philosophie importée des Etats-Unis que l’économiste américano-argentin Fred Kofman avait théorisé deux ans plus tôt dans Conscious Business: How to Build Value Through Values.
Conscious Business, c’est aussi le mantra de Peter Matthies depuis 2005. Il a intégré le terme au nom de son institut. Selon lui, ce dernier englobe tous les principes cités plus haut. Et il fait le tour du monde pour délivrer son message aux businessmen qui veulent bien l’écouter. The Good Life l’a rencontré avant son passage, du 22 au 24 septembre, au Mandali Retreat Center (Italie). L’homme d’affaires/gourou allemand y donnera une conférence dans le cadre des Conscious Leadership Series.
5 questions à Peter Matthies, fondateur du Conscious Business Institute :
The Good Life : Quel est le parcours de l’ancien Peter Matthies ?
Peter Matthies : J’étais ingénieur, puis je suis entré dans une grande boîte de consulting, avant de monter ma propre entreprise spécialisée dans la création de logiciels. Je suis ensuite devenu associé dans une société d’investissement. J’ai toujours eu beaucoup de succès dans mes affaires, mais sous la surface je me demandais toujours comment je pouvais mieux travailler ? Mieux vivre ? En 2003, j’ai tout plaqué pour monter le Conscious Business Institute deux ans plus tard. Nous avons créé de nouvelles manières d’aborder le management et les affaires, que nous apprenons aujourd’hui à de grandes entreprises comme BMW Group, Intel, Starbucks ou Siemens.
The Good Life : Comment définissez-vous le business conscient ?
Peter Matthies : La principale différence avec le business traditionnel tient dans le fait que les gens, souvent les décisionnaires, sont conscients et responsables de leurs idées, leurs comportements, leurs actions et de leur impact sur leurs collègues ou clients. Un patron qui n’en tient pas compte crée plus facilement du conflit, de la résistance, une rupture avec ses collaborateurs. Et le plus souvent, quand l’entreprise connaît une belle croissance, ces problèmes sont dans son angle mort, la situation se détériore sans qu’il ne s’en aperçoive.
TGL : Ce sont les conseils que vous donnez aux participants des Conscious Leadership Series ?
P.M. : Nous ne les conseillons pas. A la place, nous leur offrons un lieu où ils peuvent explorer un niveau de conscience tout à fait différent. Nous les aidons à répondre aux questions les plus profondes, à propos de leurs vrais objectifs, ceux de créer un environnement pleinement épanouissant, dans le travail et dans la vie personnelle.
Des millennials concernés
TGL : Voyez-vous une tendance se dessiner autour de votre concept ?
P.M. : De nombreux businessmen et businesswomen n’en sont pas encore là. Je viens de parler avec les employés d’une entreprise du secteur de la finance qui pensent être heureux, simplement en courant après l’argent. Malgré tout, je vois de plus en plus de travailleurs qui aspirent à changer de mode de vie. Aussi, 80 % des millennials souhaitent travailler pour une entreprise qui a des objectifs plus importants que simplement la croissance, et ils représentent l’avenir du business…
TGL : Justement, comment voyez-vous l’avenir du management ?
P.M. : Les grandes entreprises cherchent de plus en plus de leaders avec des mindsets différents. Je crois que nous verrons bientôt de grands changements dans la façon de diriger une équipe ou une société. Malheureusement, les directions parlent souvent d’agilité, de flexibilité, de leadership-service… Mais elles oublient que ce ne sont pas des choses que l’on fait, mais bien des choses que l’on est. On ne doit pas « faire » de management agile, on doit être agile. Le leader du futur doit proposer des objectifs qui vont plus loin que lui-même ou son entreprise. Être vraiment intéressé par ses collaborateurs. Rester authentique pour gagner leur confiance. Et avoir le courage de rester « conscient » même dans les situations les plus périlleuses.
En France
Si, pour le moment, la France n’a pas prévu d’accueillir une étape des Conscious Leadership Series, certains ambassadeurs du Conscious Business Institute vivent et travaillent dans l’hexagone. En outre, Peter Matthies et ses équipes lanceront, le 24 septembre prochain, un programme d’entraînement en ligne et en « réel », avec lesdits ambassadeurs. → www.cbi.training
Good Spot : Mandali Retreat Center
Le Mandali Retreat Center a ouvert ses portes en 2017, offrant à ses visiteurs l’opportunité de prendre une grande respiration et de se relaxer. L’objectif est la transformation personnelle via la méditation, le yoga, le silence et de bonnes assiettes. L’hôtel est équipé de 35 chambres et d’un spa, tout près du Lago d’Orta et du village de Quarna Sopra dans le Piémont. Les retraites sont personnalisées, et attirent de plus en plus de businessmen dont les têtes sont pleines de questions, qui viennent trouver la paix… et des réponses, bien entendu. → www.mandali.org
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