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Rencontre avec Bertrand Piccard, le chevalier du ciel
Rencontre avec Bertrand Piccard, le chevalier du ciel
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The Good Business

Rencontre avec Bertrand Piccard, le chevalier du ciel

The Good Business

Après avoir repoussé les limites de l’impossible en faisant voler le premier avion sans carburant à l’autonomie quasi infinie, le Suisse s’attaque à un combat encore plus ambitieux : sauver la planète. The Good Life l’a rencontré à Bâle… Passionnant.

Chez les Piccard, on explore les fonds abyssaux et la stratosphère de père en fils, depuis trois générations. Auguste, le grand-père à la dégaine d’inventeur allumé, a même inspiré Hergé pour son professeur Tournesol. Ça vous pose une lignée. Psychiatre de formation, Bertrand a d’abord gagné ses galons de tête brûlée en tant que pionner du vol libre et champion de la voltige en Deltaplane.

En réalisant le premier tour du monde en ballon à bord de Breitling Orbiter 3 en seulement vingt jours, en 1999, il est passé dans la catégorie des intouchables. Le grand public, lui, a découvert ce Suisse au tempérament bien trempé à la force d’un exploit encore plus hors norme : entre 2015 et 2016, avec l’ingénieur André Borschberg, l’explorateur a accompli le premier tour du monde à bord d’un avion uniquement propulsé à l’énergie solaire, sans carburant.

Bertrand Piccard a accompli le premier tour du monde à bord de Solar Impulse, un avion uniquement propulsé à l’énergie solaire
Bertrand Piccard a accompli le premier tour du monde à bord de Solar Impulse, un avion uniquement propulsé à l’énergie solaire Marion Gambin

Fruit de quinze ans d’un travail acharné, Solar Impulse a érigé Bertrand Piccard en héraut de l’impossible et chantre des énergies renouvelables. Fort de cette aura et d’un carnet d’adresses digne d’un chef d’Etat, l’Helvète capitalise désormais sur sa notoriété et son style direct pour faire entendre son nouveau combat : labelliser mille innovations écologiques et rentables, dans le cadre de sa fondation Solar Impulse.

A Bâle, en Suisse, nous avons rencontré un homme déterminé, qui fréquente les puissants, parle leur langage, comprend leurs intérêts et défend des positions fortes, avec un objectif en ligne de mire : endiguer la catastrophe climatique en la transformant en opportunité industrielle du siècle.

Bertrand Piccard a reçu The Good Life à l’hôtel Les Trois Rois, à Bâle, pendant le salon Baselworld, où était présent son partenaire Breitling.
Bertrand Piccard a reçu The Good Life à l’hôtel Les Trois Rois, à Bâle, pendant le salon Baselworld, où était présent son partenaire Breitling. Marion Gambin

3 questions à Bertrand Piccard

The Good Life : Votre grand-père, Auguste, a bouleversé l’exploration aérienne et maritime. A-t-il influencé la personne que vous êtes et le combat que vous menez ?
Bertrand Piccard :
Oui, autant mon grand-père que mon père, Jacques, après sa descente dans la fosse des Mariannes [fosse sous-marine la plus profonde actuellement connue, NDLR], m’ont fait comprendre que l’exploration scientifique devait servir à améliorer la qualité de vie et à protéger l’environnement. J’ai été élevé dans l’idée de l’exploration utile, pas de l’aventure gratuite.

Chez les Piccard, on explore les fonds abyssaux et la stratosphère de père en fils, depuis trois générations.
Chez les Piccard, on explore les fonds abyssaux et la stratosphère de père en fils, depuis trois générations. Marion Gambin

TGL : Solar Impulse vous a permis de démontrer qu’on pouvait accomplir des choses réputées impossibles avec les énergies renouvelables.
B. P. :
Personne n’y croyait. Les constructeurs aéronautiques riaient et refusaient de construire l’avion solaire. Désormais, ils travaillent tous sur des programmes d’avions électriques. C’est le lot des pionniers. Ils sont d’abord pris pour des fous, puis, quand ils réussissent, tout le monde dit que c’était évident et se met à faire pareil.

Solar Impulse est devenue une fondation qui se donne pour objectif de fédérer les acteurs des énergies renouvelables et du développement durable, et de labelliser 1 000 solutions qui concilient protection de l’environnement et rentabilité.
Solar Impulse est devenue une fondation qui se donne pour objectif de fédérer les acteurs des énergies renouvelables et du développement durable, et de labelliser 1 000 solutions qui concilient protection de l’environnement et rentabilité. Marion Gambin

TGL : Comment peut-on faire, aujourd’hui, pour appliquer les leçons de Solar Impulse à une échelle de marché ?
B. P. :
En s’inspirant de l’évolution de l’avion des frères Wright. Ce monoplace de 1903 – qui volait 200 mètres par beau temps, à 50 km/h – a permis, soixante-six ans plus tard, d’emmener deux hommes sur la Lune. Solar Impulse, c’était la démonstration de ce que l’on pouvait faire sans carburant. Mon but était d’approcher le vol perpétuel. Mais si vous voulez transporter des passagers, pas besoin de vol perpétuel : ils ont envie d’aller le plus vite possible. Bientôt, les avions commerciaux seront électriques, mais ils n’auront pas de panneaux solaires fonctionnant sur les ailes pour produire l’électricité. Les panneaux solaires seront probablement au sol pour charger des batteries qui permettront à l’avion de voler quelques heures. Je prédis que cela arrivera d’ici à sept ou huit ans. Reste une inconnue : cet avion sera-t-il construit par un constructeur aéronautique établi ? Un nouvel acteur, comme Uber, Facebook ? Voire un pionnier qui révolutionnera l’industrie, à l’instar d’Elon Musk avec Tesla ? L’innovation vient souvent de l’extérieur du système. Ce ne sont pas les fabricants de bougies qui ont inventé l’ampoule électrique…

Retrouvez la suite de l’interview dans le N°38 de The Good Life, actuellement en kiosque.

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