The Good Business
Dirigée par les cinquième et sixième générations de la famille Gros, Montagut entame un nouveau chapitre de son histoire. Entre tradition et technologie, la mutation de la marque de maille de luxe n’a qu’un seul objectif : défendre l’excellence et le chic à la française.
C’est en 1880, au coeur de l’Ardèche, dans la petite ville de Saint-Sauveur-de-Montagut – qui donnera tout naturellement son nom à la marque –, que tout commence. Désireux de mettre en avant le savoir-faire de sa région, la sériciculture, Adolphe Tinland crée une usine de bas de soie.
A la fin de la Première Guerre mondiale, il est à la tête d’une entreprise qui fabrique des bas et de la lingerie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour pallier la raréfaction des matières premières, les héritiers se tournent vers les matières synthétiques et introduisent le Nylon et la rayonne dans leurs produits. Mais la famille, et plus particulièrement Georges Tinland, petit-fils d’Adolphe, voit plus grand et plus luxueux.
Dès les années 50, les machines sont converties afin qu’elles tricotent non plus des bas, mais des pulls. Très vite, la griffe se démarque par son savoir-faire haut de gamme, et ses tricots en mérinos et en cachemire. En 1963, Léo Gros, le gendre de Georges Tinland, introduit le Fil Lumière, un fil artificiel unique au monde imitant la soie à la perfection. Le succès est au rendez-vous, notamment sur les marchés asiatiques. Grâce à ses polos, Montagut devient un symbole de réussite et rayonne à l’international… plus qu’en France.
Le renouveau de la marque
En 2017, une nouvelle génération fait son entrée en scène : Nicolas Gros, 34 ans, et sa sœur, Marine Lozet-Gros, 32 ans, sixième du nom. Marine, qui a étudié le stylisme et la communication visuelle, a travaillé dans la publicité. Elle prend le poste de directrice adjointe, de responsable de l’image et de la communication. Son frère, diplômé de l’IEP de Grenoble et de l’Edhec Lille, devient directeur général de la marque.
Nourris du patrimoine familial, ils ont pour projet de s’atteler au renouveau du style et de l’image. Leur marque de fabrique ? La maille émotion. Tous les deux ont la nostalgie du pull fétiche, de ce vêtement coup de cœur qu’on se transmet de père en fils.
Dans cette dynamique de changement, un nouveau directeur artistique, Laurent Le Mariel, a également intégré l’équipe. Ensemble, ils entretiennent les valeurs de Montagut auxquelles ils insufflent un vent de nouveauté, indispensable pour rester dans l’air du temps. « Ici la modernité se fait dans le détail, affirme Marine Lozet-Gros. On a voulu rajeunir la marque, lui faire suivre les tendances tout en lui donnant sa propre signature. » Les usines opèrent un contrôle qualité très exigeant, et un atelier de coloration imagine, chaque saison, une gamme de coloris uniques. « Notre rouge change chaque année », assure Marine Lozet-Gros.
Montagut à la reconquête du marché français
Très attachés à leur pays, les deux jeunes gens partent à la reconquête du marché français quelque peu délaissé par les ambitions internationales affichées jusqu’alors. C’est ainsi qu’ils ouvrent de nombreuses boutiques en France : trois à Paris, dont une au-dessus du studio de création, place de l’Odéon, ainsi que dans de grandes villes – Marseille, Lyon, Bordeaux et Dinard.
Toujours dans cet esprit de renouveau et de continuité, le frère et la sœur Gros ont décidé que Montagut allait devenir Maison Montagut, mettant ainsi en avant un certain savoir-faire, une proximité chaleureuse, un esprit familial, une connotation française chers à la marque, et une unité renforcée par le retour de toutes leurs lignes sous un seul et unique nom.
Avec sa collection printemps-été 2019, l’enseigne nous emmène dans le Sud. Direction les méandres de la Cité radieuse et la beauté sauvage de la Camargue, avec des mailles color block. L’hiver prochain sera, quant à lui, inspiré des archives de la maison. Au programme : grosses mailles, pulls chinés et l’introduction d’une toute nouvelle matière rare et luxueuse, le Yak, mélange ultraqualitatif de laine et d’alpaga.
A ces collections permanentes viennent s’ajouter, chaque saison, des collections capsule imaginées par des invités, dont Cuisse de Grenouille cet été. Histoire d’insuffler davantage de sang neuf dans une maison plus que centenaire.