The Good Business
Tenantes de l’art abstrait, photographes et autres performeuses donnent le rythme de la 21e édition d’Art Paris Art Fair, du 4 au 7 avril 2019, sous la verrière du Grand Palais.
Leonor Fini chez Minsky, Aurélie Nemours chez Lahumière, Esther Ferrer chez Lara Vincy, Tania Mouraud chez Rabouan Moussion, Sophie Ristelhueber chez Jérôme Poggi… rarement on aura vu un tel déploiement d’artistes femmes aux cimaises d’une foire. « L’an dernier, pour nos 20 ans, nous avions demandé au commissaire d’exposition François Piron de porter un regard subjectif sur la scène française en opérant une sélection parmi les projets de galeries. Cette année, nous poursuivons cette démarche, en mettant un coup de projecteur sur les artistes femmes, qu’elles soient déjà reconnues ou qu’elles se soient tenues en marge de l’histoire dominante », explique Guillaume Piens, commissaire général de l’événement.
Sur le devant de la scène
La chef d’orchestre de ce programme est Camille Morineau, directrice des expositions et des collections de la Monnaie de Paris, et surtout cofondatrice d’Aware (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), une association créée en 2014 avec pour ambition de replacer les artistes femmes dans l’histoire de l’art et de les rendre visibles, par le biais de publications, de colloques, d’un site ( AwareWomenArtists.com), de visites de musées et d’un prix décerné chaque année.
« Pour Art Paris, nous avons établi une liste de 25 artistes qui représentent des courants divers – l’abstraction, l’avant-garde féministe, le renouveau des images, la sculpture et la théâtralité des corps… Cela nous a permis de remonter le cours du XXe siècle, avec des artistes nées entre 1909 et 1974. Certaines sont identifiées par le grand public, comme la peintre américaine Shirley Jaffe, exposée chez Nathalie Obadia, ou l’artiste du body art Orlan, présentée chez Ceysson & Bénétière. D’autres constitueront, je l’espère, de belles découvertes », explique Camille Morineau. Anna-Eva Bergman, chez Jérôme Poggi, fait partie des figures injustement méconnues du XXe siècle.
L’Amérique latine fait son show
Parallèlement à la thématique sur les artistes femmes du XXe siècle, Art Paris Art Fair ouvre cette année ses portes aux galeries et aux artistes d’Amérique latine, de la Colombie au Mexique, en passant par le Venezuela, le Brésil ou l’Argentine. Les deux thématiques peuvent à l’occasion se croiser, puisqu’on découvre les beaux fragments de marbres de la Franco-Argentine Marie Orensanz, chez School Gallery, le travail sur le corps de la Mexicaine Carmen Mariscal, chez Ana Mas Projects, et les broderies d’une autre Mexicaine, Mariá José de la Macorra, à la galerie Ethra. Invitée par Art Paris à présenter sa collection, Catherine Petitgas, grande spécialiste de l’art d’Amérique latine, a choisi elle aussi de mettre en lumière les femmes artistes. Un programme de vidéos et de conférences complète ce panorama.
Les toiles abstraites, réalisées à la feuille d’or et d’argent, de celle qui fut l’épouse de Hans Hartung, ont beau avoir rencontré un vif succès dans les années 70, il a fallu plusieurs décennies pour qu’elles reviennent sur le devant de la scène. C’est le cas aussi pour les œuvres de Marinette Cueco (galerie Univer Colette Colla), de Geneviève Claisse (galerie Bertrand Grimont), de Marta Pan (galerie Marion Chauvy), de Marcelle Cahn (galerie Lahumière), qui reviennent en majesté, grâce aux accrochages ainsi qu’aux textes documentés rédigés dans le catalogue de la foire.
« En nous adressant à Aware, nous voulions nous assurer de réaliser un travail de fond, et d’enrichir l’histoire de l’art, dit Guillaume Piens. Nous donnons à cette démarche une profondeur de champ en confiant aux historiennes de l’association le soin de produire une mise en perspective et des écrits sur les artistes exposées. » Outre ce programme, Art Paris Art Fair a pris, cette année, des couleurs internationales.
L’Amérique latine y fait une percée ainsi que la Corée du Sud, la Chine, le Maghreb, l’Afrique… « Art Paris cultive sa différence en accordant une place importante à la création internationale. Dans cette édition, nous présentons une très grande diversité géographique – nous accueillons pour la première fois le Cameroun, la Bulgarie, le Mexique et le Pérou. Les stands sont plus aérés, et les propositions, plus resserrées puisque la foire compte 39 shows en solo et huit shows en duo, sur les 150 galeries présentes. »
La foire de printemps capte aussi de plus en plus l’intérêt des galeries de prestige parisiennes, puisqu’elle rallie cette année des enseignes telles que Jérôme Poggi, Ceysson & Bénétière, Sage Paris, Lara Vincy, Praz- Delavallade ou encore Art Concept. « Certaines de ces galeries font la Fiac, mais choisissent aussi de nous rejoindre au printemps. Pour elles, Art Paris est un rendez-vous complémentaire où elles peuvent se redéployer autrement. »
Art Paris Art Fair, du 4 au 7 avril, Grand Palais. www.artparis.com
Lire aussi
Arts classique et art moderne : 5 expos pour ce printemps, de Paris à Malaga
Art contemporain : 5 expos pour ce printemps, de Bruxelles à New York
Archi, design, mode : 5 expos pour ce printemps, de Bordeaux à Montréal